Xi Jinping éjecte des responsables provinciaux

8 mai 2017 14:22 Mis à jour: 10 mai 2017 23:34

Comme le dit le proverbe chinois : « Si ceux au sommet introduisent des mesures politiques, ceux qui sont en bas introduisent des contre-mesures. » Ce proverbe illustre l’ambigüité entre le sabotage et l’intransigeance politique omniprésents au sein du gouvernement chinois, qui peu être surmontée seulement par un contrôle strict des fonctionnaires.

Le dirigeant actuel Xi Jinping effectue de nombreux remaniements des responsables dans les provinces chinoises, ce qui montre qu’il se rend compte de ce principe.

Ce chamboulement des cadres peut au moins offrir à Xi une longueur d’avance sur la faction politique rivale de Jiang Zemin, l’ancien chef du Parti communiste chinois (PCC), qui continue de s’opposer à la politique de Xi. Ces changements sont cruciaux dans la perspective d’un conclave politique décisif prévu cet automne.

Les derniers remaniements

En avril, de nouveaux secrétaires du PCC ont été nommé dans cinq provinces –  Gansu, Hainan, Heilongjiang, Shandong et Zhejiang. En plus, les gouverneurs ont été remplacés dans quatre d’entre elles.

Les secrétaires provinciaux du Parti sont les personnes les plus puissantes dans les 31 provinces, les métropoles et les régions autonomes. Les gouverneurs, quant à eux, arrivent en deuxième position. La nature autoritaire du régime chinois implique que les hauts fonctionnaires provinciaux règnent avec un pouvoir quasiment absolu.

Les dirigeants provinciaux siègent également au Comité central composé de plus de 300 membres d’élite du régime. Les chefs d’importantes régions, comme celles de Pékin et de Shanghai, peuvent même être nommés au Politburo, un organe de 25 membres qui dirige le pays.

Suite au remaniement d’avril dernier, 16 chefs provinciaux et 18 gouverneurs sont, soit loyaux à Xi Jinping, soit à son plus proche allié et chef de la lutte anti-corruption, Wang Qishan, ou sont des technocrates qui doivent leur récente promotion à Xi. Lorsque Xi Jinping est arrivé au pouvoir en mars 2013, seuls quatre chefs provinciaux et trois gouverneurs étaient dans son camp.

Renversement de la situation pour Jiang Zemin, rival politique de Xi Jinping.

En mars 2013, 25 chefs provinciaux et 24 gouverneurs étaient des alliés ou des partisans de la faction de Jiang. Le mois dernier, il ne restait que 15 chefs provinciaux et 13 gouverneurs fidèles à son camp. Plusieurs d’entre eux devraient prendre leur retraite dans les mois précédents le 19e Congrès national du Parti communiste, un conclave clé tenu tous les cinq ans.

Les dirigeants provinciaux qui sont des membres importants de la faction de Jiang pourraient être mis à l’écart avant même le 19ème Congrès. Han Zheng, le chef du Parti à Shanghai, est particulièrement vulnérable suite à une intense campagne anti-corruption menée dans la ville côtière ces derniers mois. Shanghai est le siège du tristement connu  « Gang de Shanghai » de Jiang, et est de longue date le fief de Jiang et de sa famille.

Un problème général

La reprise par Xi Jinping du poste occupé à l’époque par Jiang Zemin ne se traduit pas nécessairement par un contrôle politique total.

Jiang a été chef du Parti de 1989 à 2002. Au cours de la décennie suivante, il est devenu un puissant dirigeant en coulisses sous le règne de son successeur, Hu Jintao. La longue période de domination politique de Jiang lui a permis d’accoutumer la bureaucratie du régime chinois à la corruption, à la kleptocratie et à l’abus de pouvoir.

Xi a cherché à mettre fin à l’héritage de Jiang par le biais de la campagne anti-corruption. Une bonne partie des 200 hauts fonctionnaires et de plus d’un million d’autres cadres qui ont été soumis à la purge pour corruption, sont des alliés ou des partisans de Jiang.

Cependant, Xi Jinping a dû faire face au phénomène qui menace l’économie et la stabilité sociale en Chine.La fuite massive de capitaux en Chine au cours des dernières années peut être en partie attribuée au fait que les fonctionnaires chinois placent, à l’étranger, leur argent souvent mal acquis afin d’échapper à l’enquête. Des bulles immobilières se sont également formées dans diverses villes et régions suite à la corruption et à la spéculation des responsables locaux. Et les réformes  économiques ne sont pas appliquées parce que les autorités chinoises leur opposent une résistance passive.

« On constante l’inaction très répandue des élites et des gouvernements locaux», a déclaré, lors d’un discours prononcé en 2016 Jin Canrong, l’expert de l’Université Renmin à Pékin, ajoutant : « Personne ne s’y oppose, mais personne ne fait quoi que ce soit non plus.  »

Xi Jinping a publiquement proclamé que le régime doit agir « conformément à la loi ». Mais l’appareil sécuritaire et juridique du régime fonctionne toujours de manière répressive et illégale, ce qui était typique de l’époque de Zhou Yongkang, l’ancien chef de la sécurité et allié de Jiang, aujourd’hui mis à l’écart.

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En 2016, cinq policiers de Pékin ont illégalement arrêté et battu à mort Lei Yang, un militant écologiste appartenant à la classe moyenne. Même si Xi Jianping a ouvertement appelé à la transparence de l’enquête dans l’affaire de Lei, les policiers ont néanmoins échappé aux poursuites. Beaucoup de représentants de la classe moyenne chinoise ont été choqués par un tel verdict, en particulier parce qu’ils pensaient que la violence policière se limitait aux ouvriers ou aux groupes persécutés.

« Pas d’autre choix »

Xi Jinping a essayé de combattre les mauvais agissements induits par Jiang avec plus d’enquêtes anti-corruption.

Actuellement, il a mis hors-jeu au moins 19 hauts responsables de la Commission des affaires politiques et juridiques du régime, l’organe du Parti qui supervise les prisons, les tribunaux et l’appareil de sécurité publique.

D’après Don Tse, expert du site China Decoding,  la campagne anti-corruption ne pourra pas être  une solution permanente pour se débarrasser des cadres pourris ou de la corruption systémique profondément  implantée par Jiang.

Il explique que tant que le régime chinois sera au pouvoir, Xi Jinping sera toujours obligé de recourir à la répression pour nettoyer l’appareil du régime  et maintenir un contrôle sur les masses.

« Xi Jinping n’a pas d’autre choix que de sortir de l’ancien système », a expliqué Don Tse, en précisant : « Si Xi ne se débarrasse pas du Parti communiste chinois, il coulera avec lui. »

Version anglaise : Xi Jinping Pushes Out Factionalists in the Provinces

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