24 heures à Anchorage

La silhouette d’Anchorage se détache entre les montagnes Chugach à l’est et la chaîne de l’Alaska à l’horizon.
Photo: OneStopShots / Shutterstock
Prenez un instant. Fermez les yeux. Dites-le à voix haute : « Alaska ». Que voyez-vous dans votre esprit ? Probablement une série de scènes spectaculaires et lointaines : des sommets enneigés, des ours polaires, des glaciers bleutés et des baleines soufflant dans l’air glacé. Car le 49e État est bel et bien un territoire qui prend vie dans notre imaginaire collectif.
Anchorage est le plus grand centre urbain de l’Ultime Frontière, avec près de 300 000 habitants (ce qui représente, pour mémoire, presque 40 % de la population totale de cet immense État). En arpentant les rues numérotées du centre-ville, en longeant bars, restaurants et même un centre commercial, on pourrait croire déambuler dans une ville moyenne comme tant d’autres aux États-Unis.
Mais ne vous y trompez pas : Anchorage est bel et bien un lieu hors du commun. C’est la ville majeure la plus septentrionale du pays, et sa municipalité est gigantesque, couvrant une superficie plus vaste que celle de l’État du Rhode Island. Les habitants y vivent 22 heures de lumière par jour en été (et bénéficient, en hiver, d’un spectacle fréquent d’aurores boréales). Parfois surnommée « Anchortown », la ville se situe dans un rayon de 80 kilomètres d’environ 60 glaciers. Depuis Anchorage, on peut observer six chaînes de montagnes différentes.
La ville est le principal point d’ancrage vers les immensités sauvages de l’Alaska, et les merveilles naturelles de l’État sont à portée immédiate. La journée s’annonce chargée, mais elle sera riche en émerveillement. Voici notre guide pour profiter pleinement d’Anchorage… en seulement 24 heures.
Arrivée
L’aéroport international Ted Stevens d’Anchorage (ANC) doit son nom au sénateur ayant siégé le plus longtemps dans l’histoire de l’État : il a occupé ses fonctions de 1968 à 2009, un fait remarquable. C’est le plus grand et le plus fréquenté des aéroports d’Alaska. Construit au début des années 1950, il fut à l’origine relié à une base de l’Armée de l’air américaine.
Un fait amusant : dans les années 1980, en pleine guerre froide, ANC était surnommé le « carrefour du monde ». De nombreuses compagnies aériennes européennes, qui contournaient alors l’espace aérien restreint des pays communistes, faisaient escale à Anchorage sur la route de l’Asie.

Les contreforts de Chugach font partie de la vaste chaîne des montagnes Chugach qui borde la ville d’Anchorage. Leurs sommets restent enneigés la majeure partie de l’année. (Crédit photo : Wonderlane/Unsplash)
Il ne faut pas longtemps pour rejoindre le centre-ville. L’aéroport d’Anchorage (ANC) se trouve à seulement huit kilomètres au sud-ouest du centre. Les taxis et services de covoiturage desservent les deux terminaux, et le trajet jusqu’au centre-ville est rapide. Mais ceux qui souhaitent économiser quelques dollars peuvent opter pour le bus People Mover. Le billet ne coûte que 2 dollars, et les départs vers le centre ont lieu toutes les 15 minutes aux heures de pointe (en semaine), et toutes les 30 minutes en dehors de ces plages horaires.
Matinée
Après un long vol depuis les États-Unis, vous aurez envie de vous dégourdir les jambes et de respirer un peu d’air non recyclé. Commencez par compenser le repas approximatif de l’avion chez Kaladi Brothers Coffee, une chaîne locale très appréciée. Leurs cafés chauds ou glacés sont préparés avec des grains torréfiés à l’air, et leur établissement situé sur Tudor Road est réputé aux yeux des habitants pour ses excellents roulés à la cannelle.

Kaladi Brothers Coffee est un torréfacteur de café bien connu basé en Alaska, fondé en 1986 à Anchorage. (Jay Juno/Shutterstock)
Ensuite, marchez un peu plus d’un kilomètre, en empruntant les rues de la ville puis le sentier Chugach Foothills Trail, pour rejoindre l’Alaska Botanical Garden. Ce vaste espace vert de 45 hectares constitue une excellente introduction à la flore unique de l’Alaska.
Les sentiers serpentent à travers une forêt de sapins épinettes et de bouleaux. Optez pour une promenade au milieu des fleurs sauvages, et ne manquez surtout pas le jardin de rocaille, qui présente plus de 350 espèces de plantes alpines. À l’automne, le jardin se pare de décorations d’Halloween, et à l’approche de Noël, il scintille de lumières festives.

Le Jardin botanique de l’Alaska s’étend sur 45 hectares à Anchorage et présente des plantes natives de l’Alaska, des fleurs sauvages et des jardins thématiques. (Ted_USAJPN/Shutterstock)
Vous avez maintenant le choix. Si vous préférez passer le reste de la matinée en plein air, rendez-vous au Far North Bicentennial Park, situé juste à côté. Ce parc urbain est d’une ampleur presque inimaginable : il couvre près de 1 600 hectares au pied des montagnes. (À titre de comparaison, Central Park à New York ne fait « que » 340 hectares.)
Vous pouvez y faire de la randonnée ou du VTT en été, et pratiquer le ski de fond ou rouler sur des vélos à pneus larges en hiver. Gardez les yeux bien ouverts : ce parc abrite de nombreux animaux sauvages, notamment des orignaux, des ours noirs et bruns, et des lynx.

Le parc d’État de Chugach, situé en périphérie d’Anchorage, est l’un des plus grands parcs d’État des États-Unis. (HagePhoto/Getty Images)
Mais si vous préférez plonger dans la culture locale, sautez dans un taxi ou un Uber en direction de l’Anchorage Museum, à environ 20 minutes au nord-ouest. C’est le genre d’endroit où l’on pourrait facilement passer une journée entière (ou deux) tant il est vaste – plus de 3 700 m² – et inépuisablement captivant.
Consacré à l’histoire, à l’art et aux peuples de l’Alaska, le musée présente de nombreuses galeries, avec notamment des costumes traditionnels et objets rituels des peuples autochtones de l’État. Vous y trouverez aussi des témoignages de l’époque des villes minières, et de superbes peintures romantiques représentant les paysages grandioses de la région.

Vêtements traditionnels des Premières Nations de l’Alaska exposés au musée d’Anchorage. (Ian Merculieff/Travel Alaska)
Après-midi
Il est temps de déjeuner. Restez dans la décontraction en vous rendant au 49th State Brewing. À pied, le brewpub se trouve à environ un kilomètre (ou 15 minutes) du musée. En taxi, le trajet ne dure pas plus de 5 minutes.
Si le temps est clément, installez-vous sur leur terrasse sur le toit pour profiter d’une vue imprenable jusqu’aux montagnes. Recommandation du jour : le célèbre halibut and chips, réalisé avec du poisson local, enrobé d’une pâte à la bière brassée sur place. Et pour les plus affamés, commencez par un bol de chaudrée de fruits de mer.

Snow City Café est un lieu populaire pour le petit-déjeuner et le brunch dans le centre-ville d’Anchorage. Parmi les plats favoris du menu, on trouve le pain perdu farci et la saucisse de renne. (Jay Juno/Shutterstock)

Un bol de chaudrée au saumon, un plat populaire en Alaska — surtout pendant la saison de la pêche. (nevada.claire/Shutterstock)
Puis, marchez un peu pour digérer. Les murs du centre-ville d’Anchorage font office de gigantesques toiles pour des œuvres d’art urbain, et l’une des plus connues, la fresque Sleeping Lady, se trouve à un pâté de maisons au sud de la brasserie. Elle représente la véritable Sleeping Lady, surnom donné au Mont Susitna, visible depuis la ville, et dont la silhouette évoque celle d’une femme allongée.
Si cet art vous passionne, l’office du tourisme propose même un parcours autoguidé pour découvrir les fresques de la ville.
De là, une courte promenade vous mènera jusqu’aux rives du bras de mer de Knik Arm, bordées de parcs, musées et monuments. Parmi ces derniers, une sculpture d’orque et une statue du capitaine James Cook, célèbre explorateur britannique. En saison, gardez un œil sur l’eau : vous pourriez apercevoir les charmants bélugas au large.
Mais réservez un peu de temps pour quitter la ville… et reposer vos jambes – dans les airs, si possible. Retournez vers le Lake Hood Seaplane Base (à côté de l’aéroport ANC), à environ 15 minutes de voiture. Cela en vaut largement la peine.
Lake Hood est la base d’hydravions la plus fréquentée au monde, avec près de 200 vols par jour. Il y a même une tour de contrôle et une « piste » sur l’eau, formée de deux lacs reliés par un canal. Embarquez à bord d’un hydravion avec la compagnie Rust’s Flying Service.

Lake Hood, adjacent à l’aéroport principal d’Anchorage, est l’une des bases d’hydravions les plus fréquentées au monde. (EQRoy/Shutterstock)
Même le simple roulage et le décollage depuis Lake Hood est une expérience fascinante. Et cela semble presque irréel : quelques minutes à peine après avoir quitté les immeubles du centre-ville, il n’y a plus que la nature sauvage à perte de vue.
Le tour classique de 1h30 proposé par Rust’s Flying Service vous emmène survoler les sommets enneigés des montagnes Chugach, puis les rivières de glace qui serpentent à travers les vallées, notamment la majestueuse langue glaciaire du Triumvirate Glacier.
Soirée
Il est temps de lever le pied. Les hôtels les plus populaires se trouvent dans le centre-ville, à proximité d’Orso, une table très appréciée des locaux comme des visiteurs. Ce restaurant met à l’honneur les produits de la mer et de la terre du Grand Nord. Au menu : crabe royal, saumon, poisson-loup, flétan… mais si vous avez eu votre dose de fruits de mer, leurs steaks valent aussi le détour.

Les anchois grillés et autres amuse-bouches à base de fruits de mer sont courants. (Mehmet Doruk Tasci/Shutterstock)
Si vous avez encore un peu d’énergie, terminez la journée à la recherche d’esprits. Inscrivez-vous à une visite guidée originale d’une heure : « Arctic Abyss : Ashes to Ice Anchorage Ghost Tour ». Un guide en costume, passionné et théâtral, vous conduit en petit groupe à travers des hôtels hantés et autres lieux mystérieux, distillant des histoires glaçantes à chaque arrêt.
Le reste de la soirée vous appartient. En été, profitez du soleil de minuit pour prolonger vos découvertes. Et si vous vous y allez en automne ou en hiver, peut-être que les aurores boréales viendront illuminer la nuit de leurs lueurs dansantes.
Dans tous les cas, c’est une façon inoubliable de clore une journée à Anchorage, la plus grande ville du nord des États-Unis – un lieu où la nature extrême et l’imaginaire collectif se rencontrent, à chaque coin de rue.
Ajoutez une escapade à Denali
Si vous en avez la possibilité, prévoyez une excursion vers le parc national de Denali. C’est un lieu absolument époustouflant. Imaginez : 2,5 millions d’hectares de lacs, de rivières, de taïga (forêt boréale) et de toundra. Une faune abondante y vit en liberté, notamment des grizzlis, des coyotes, des renards et les emblématiques mouflons de Dall.
Tout cela dominé, bien sûr, par le plus haut sommet d’Amérique du Nord : le mont McKinley, ou Denali, qui culmine à 6 190 mètres. (Petit avertissement : le sommet est souvent caché derrière un voile de nuages.)
Les activités ne manquent pas : vol panoramique autour du sommet, rafting en eaux vives, excursions en bus dans l’arrière-pays, ou tout simplement moment de contemplation depuis le balcon de votre lodge, bercé par le murmure d’un ruisseau.
Denali est facilement accessible en voiture – comptez environ 4 h 30 de route si vous partez d’Anchorage. Encore mieux : embarquez à bord du Denali Star, le train panoramique qui part du centre-ville. Depuis les wagons à coupole vitrée, le trajet devient un spectacle en soi, avec des vues à couper le souffle tout au long du parcours.

Les hydravions sont utilisés pour accéder aux régions isolées du vaste État, notamment la région du parc national de Denali. (Sam Diephuis/Getty Images)
Un mot sur les aurores boréales
Honnêtement, on n’oublie jamais la première fois qu’on voit les aurores boréales. C’est une expérience qui marque à vie. Le ciel nocturne s’illumine comme venu d’un autre monde, tout tourbillonnant, scintillant et vibrant de lumière.
On a souvent l’idée fausse qu’on ne peut les observer qu’en hiver. En réalité, quand on est aussi loin au Nord, il suffit simplement que la nuit soit suffisamment profonde pour que les lumières soient visibles. (Le soleil de minuit est magnifique, mais il empêche de voir l’aurore.) À Anchorage, on peut souvent les admirer dans le ciel de la mi-août jusqu’en avril.
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