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plus-iconVoyage en Europe centrale

24 heures à Gdansk

À mi-chemin entre mémoire industrielle et vitalité contemporaine, Gdansk s’impose comme l’une des villes les plus fascinantes de Pologne. Une destination dense et accessible à découvrir.

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Le vieux port de Gdańsk abrite la porte de la grue, Zuraw, datant du XVe siècle et qui fut jadis la plus grande grue médiévale en activité d'Europe.

Photo: Oliver Helbig/Getty Images

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Durée de lecture: 14 Min.

Il n’y a pas si longtemps, le principal port de Pologne affichait un visage plutôt sombre et rugueux. Résolument ouvrière, la ville vivait sous l’ombre de ses grues, et les entrepôts, de plus en plus délabrés, se serraient le long des quais. Les ouvriers, boîtes à lunch à la main, rejoignaient en rangs serrés les chantiers navals qui ont fait la renommée de Gdansk. Le lieu avait sans doute ses charmes, mais il n’évoquait guère la fête.
Les temps ont pourtant changé—et de manière spectaculaire. Située à proximité de la mer Baltique, peuplée d’environ un demi-million d’habitants, Gdansk porte une histoire longue, complexe et passionnante, à l’image d’autres ports et centres urbains de cette région. La ville fut tour à tour ville libre, membre de la Hanse—cette vaste ligue marchande médiévale—et intégrée à l’Empire allemand, sous le nom de Danzig. Elle fut également le berceau de Solidarnosc, le syndicat et mouvement de masse qui ébranla les fondations du communisme dans l’ensemble du bloc de l’Est.
Toujours industrieuse, Gdansk s’est métamorphosée sous l’effet des investissements technologiques, du dynamisme de ses institutions universitaires et d’une politique active de reconversion des friches urbaines. Entrepôts et grues autrefois délaissés deviennent aujourd’hui des lieux de rencontre. Bars et restaurants s’installent dans des bâtiments encore abandonnés il y a peu. Le passé demeure, lui aussi, dans une vieille ville gracieuse pavée de pierre. De quoi remplir sans peine 24 heures. Voici notre proposition pour une journée réussie à Gdansk.

La basilique Sainte-Marie est l’une des plus grandes églises en briques au monde, et sa tour offre une vue panoramique sur la vieille ville. (Andrey Danilovich/Getty Images)

Arrivée

Baptisé en l’honneur de ce qui est sans doute le plus grand héros polonais de l’époque récente (nous y reviendrons plus tard), l’aéroport Lech-Walesa de Gdansk (GDN) est le troisième du pays après ceux de Varsovie et Cracovie. Il dessert également les deux autres villes de l’agglomération dite Tricity, Sopot et Gdynia. Ensemble, elles regroupent environ un million d’habitants.
L’aéroport constitue surtout un hub pour les compagnies low-cost, dont Ryanair et Wizz Air. Quelques compagnies nationales le desservent aussi avec des vols directs vers plusieurs villes européennes, dont Munich, Copenhague et Amsterdam.
Situé à moins de 16 km du centre, l’aéroport permet de rejoindre rapidement la ville. Bus, taxis et services de VTC sont disponibles, mais l’option la plus pratique et économique reste sans doute le Fast Urban Railway. La gare se trouve juste devant le terminal, reliée par une passerelle couverte. Avec un changement, on accède à Gdansk Glowny, la grande gare historique, en une trentaine de minutes. Le billet aller coûte environ 7 euros.

Le matin

Commencer la journée là où tout commence à Gdansk paraît naturel : dans cette ville de flèches élégantes et de tours de brique. Une fois arrivé à Glowny, la vieille ville se trouve à quelques minutes seulement.
Une marche vive à travers Stare Miasto permet de dissiper le décalage horaire et de dérouiller les jambes après le vol. La vieille ville, compacte, regorge de sites remarquables. Mieux vaut d’abord se restaurer, d’autant que la journée se poursuit largement à pied. (Je ne suis pas un marcheur aguerri, mais lors d’une récente visite, je terminais chaque journée entre 15.000 et 20.000 pas.)
Piekarnia, boulangerie très appréciée des habitants, se situe à quelques minutes de la gare. On peut y choisir le petit-déjeuner polonais traditionnel : un repas que votre grand-mère aurait pu vous servir un dimanche, si vous aviez grandi dans la région. De la nostalgie polonaise à l’état pur : saucisses, fromage blanc, radis, tomates et œufs à la mayonnaise.
Puis vient le temps d’arpenter les pavés pour le reste de la matinée. Stare Miasto mêle les styles flamand, baroque, renaissance et gothique. On jette une pièce dans la fontaine de Neptune—dont la statue en bronze du dieu romain des mers remonte au XVIIᵉ siècle—avant de parcourir les boutiques du Long Market.

La fontaine de Neptune en bronze, inaugurée en 1633, est l’un des monuments les plus emblématiques de Gdańsk. (Patryk Kosmider/Shutterstock)

Saucisse polonaise traditionnelle, la kielbasa, servie sur du pain avec de la salade. La kielbasa est généralement assaisonnée d’ail, de marjolaine et de poivre. (Jacek Chabraszewski/Shutterstock)

On longe l’ancien Hôtel de Ville, puis on descend Mariacka, ravissante rue piétonne où les échoppes d’ambre se succèdent (si l’envie vous prend). Un arrêt insolite : un thermomètre ancien rendant hommage à Daniel Fahrenheit, natif de Gdansk et inventeur de l’échelle éponyme.
L’église Sainte-Marie, dont les premières pierres datent de 1343, impressionne par sa monumentalité. Considérée comme la plus grande église en brique du monde, elle abrite plus de 30 chapelles et peut accueillir des dizaines de milliers de fidèles. On photographie son horloge astronomique du XVe siècle. Et, pour les courageux, on grimpe plus de 400 marches jusqu’à la tour, d’où l’on observe les toits orangés de la ville.
On achève la matinée en passant la Porte Verte pour rejoindre le Długie Pobrzeże, le « Long Quai ». L’atmosphère rappelle Nyhavn à Copenhague ou même Bryggen à Bergen. Le front de mer, le long de la Motlawa, vibre au passage des bateaux.
Parmi eux, des navettes touristiques proposent des balades étonnamment captivantes vers les chantiers navals puis, souvent, vers les plages interminables de Sopot. On peut explorer les boutiques et prendre un cappuccino dans l’un des nombreux cafés du quai.

La Porte Verte (Zielona Brama) fut construite comme résidence d’apparat pour les monarques en visite. Achevé en 1568, il constitue un exemple précoce du maniérisme hollandais. (k_samurkas/Shutterstock)

Le Centre européen de solidarité documente l’histoire du mouvement Solidarité et la transition de la Pologne hors du communisme. (Ewe100pa/Shutterstock)

L’après-midi

La matinée était dense ; l’après-midi est déjà bien engagée. Il est temps de déjeuner tardivement. Bien que la vieille ville regorge d’adresses, on marche plutôt une vingtaine de minutes pour rejoindre la Montownia Food Hall. Une promenade simple et agréable, en partie à travers des espaces verts et le long d’un canal charmant.
Montownia occupe un vaste bâtiment qui accueillait autrefois un atelier d’assemblage de sous-marins. Avec ses tuyaux apparents et ses rails qui courent encore au sol, on croirait presque que des submersibles sortaient d’ici il y a quelques années seulement.
Malgré cet aspect industriel, l’ambiance se révèle vive, lumineuse et joyeuse. Et surtout délicieuse. Sous une verrière qui illumine toute la nef, des groupes d’amis se retrouvent autour d’une bière. Une vingtaine d’échoppes, bars et comptoirs diffusent des parfums alléchants.
Polki, l’adresse la plus traditionnelle, sert les classiques polonais : rouleaux de chou, bigos, et surtout le plat national par excellence, les pierogis. Les raviolis y déclinent un éventail allant du plus classique aux variations contemporaines à base d’ingrédients locaux et saisonniers. Le food hall ne se limite pas à cela : on y trouve aussi currys indiens, poke bowls et dim sum.

Saucisse polonaise traditionnelle, la kielbasa, servie sur du pain avec de la salade. La kielbasa est généralement assaisonnée d’ail, de marjolaine et de poivre. (Jacek Chabraszewski/Shutterstock)

Ensuite, on marche moins de dix minutes pour rejoindre un musée qui ne ressemble à aucun autre au monde. Le Centre européen de la solidarité se situe derrière la porte n°2 de ce qui fut autrefois le chantier naval Lénine. C’est ici qu’en 1980, les ouvriers entrent en grève et fondent un syndicat baptisé Solidarnosc. En quelques mois, des millions de personnes y adhèrent.
Avec le soutien du pape polonais Jean-Paul II, le mouvement obtient des droits civiques et des libertés que le pays n’avait plus connus depuis son intégration au bloc de l’Est après la Seconde Guerre mondiale. Son chef, un électricien nommé Lech Walesa, devient le premier président polonais postcommuniste et reçoit le prix Nobel de la paix.
On peut honnêtement passer plusieurs jours dans ce musée sans ressentir la moindre lassitude. L’immense bâtiment retrace, avec précision et intensité, non seulement les grèves et les manifestations, mais aussi la manière dont le mouvement se diffuse à travers le pays—et les représailles officielles qui suivent, dont l’instauration de la loi martiale. Il montre également comment Solidarnosc sert d’étincelle à un brasier qui embrase peu à peu l’Europe de l’Est, jusqu’à la chute du communisme dans la région.
On ne manque surtout pas le jardin sur le toit. D’un côté, la vue s’ouvre sur les flèches et les tours de la vieille ville. De l’autre, les silhouettes des grues, symbole de Gdansk.

Le Centre européen de solidarité documente l’histoire du mouvement Solidarité et la transition de la Pologne hors du communisme. (Ewe100pa/Shutterstock)

Le Monument aux ouvriers des chantiers navals tombés au champ d’honneur commémore les travailleurs tués lors des manifestations de 1970 contre le régime communiste. (ewg3D/Getty Images)

En soirée

La tentation est de rester jusqu’à la fermeture du musée (c’est ce que j’ai fait). On préfère alors garder la suite de la journéeassez  simple. Heureusement, 100cznia se trouve à quelques minutes à pied. Situé juste à côté d’un chantier naval encore en activité, ce lieu occupe une friche industrielle autrefois abandonnée. Aujourd’hui, entrepôts et empilements de conteneurs composent une petite ville dans la ville. Oui, bars et restaurants, mais aussi galerie d’art, salon de coiffure, club social, skatepark, et même une plage improvisée.
On flâne tranquillement. On prend une bière, un dîner, ou on profite simplement de la promenade—l’observation des passants y est incomparable. Ensuite, la soirée vous appartient. On reste dans ce quartier ou on regagne la vieille ville, où bars et cafés restent ouverts tard. Le Długie Pobrzeże offre un charme particulier une fois illuminé.

Le chantier naval de Gdańsk, autrefois appelé chantier naval Lénine sous le régime communiste, est le berceau du mouvement Solidarność. Certaines parties du chantier sont encore en activité aujourd’hui, tandis que d’autres ont été transformées en sites culturels et historiques. (Patryk Kosmider/Shutterstock)

Note sur la monnaie

Bien que la Pologne fasse partie de l’Union européenne et de l’espace Schengen, le pays conserve sa propre devise. Le fait qu’ils utilisent le zloty (au lieu de l’euro) fait que la plupart des choses restent moins chères que dans les autres pays européens.Un euro équivaut à environ 4.2 zlotys, et l’on trouve facilement un bon repas autour de 24 euros.

Une excursion vers la Riviera polonaise

Bien que très proche de la mer Baltique, Gdansk n’est pas réellement située au bord de la mer. Il vaut vraiment la peine d’embarquer sur un bateau touristique au Długie Pobrzeże. La promenade mène devant les chantiers navals, les paquebots à quai, et les nouvelles tours vitrées—bureaux et appartements—qui se dressent grâce à la prospérité technologique de la ville.