À Paris, la communauté juive veut résister à la peur pour sa fête de Hanouka

Par Epoch Times avec AFP
7 décembre 2023 11:47 Mis à jour: 7 décembre 2023 11:48

« On n’a pas le choix » : deux mois après la sanglante attaque de l’organisation terroriste Hamas contre Israël, la communauté juive de Paris refuse de céder à la peur, alors que débute jeudi la traditionnelle fête de Hanouka.

Dans le XIXe arrondissement, où vit une importante communauté juive, certains passants se montrent philosophes : « Je ne suis pas inquiet, on continue à vivre », assure Moché (nom d’emprunt), 38 ans.

Pas question de cacher le candélabre que les Juifs installent pendant une semaine à leur fenêtre pour Hanouka : « au contraire, ça rapproche de Dieu », ajoute-t-il. « On n’a pas peur, on n’a pas le choix », abonde Myriam, une commerçante, qui « ne changera rien pour Hanouka ».

La fête commémore l’une des grandes victoires de l’histoire juive quand, au IIe siècle avant notre ère, un petit groupe de Juifs reprit le Temple profané de Jérusalem. La minuscule fiole qu’ils trouvèrent alors pour rallumer le candélabre, qui devait tenir un jour, en dura en fait huit.

Pendant huit jours donc, à la tombée de la nuit, les fidèles allument une flamme sur un chandelier appelé « hanoukia », placé dans l’encadrement de la porte ou de la fenêtre. « Dans le quartier, une fenêtre sur trois est illuminée », rigole Moché.

« Une crainte d’attentat »

Le tout s’accompagne de célébrations, à grand renfort de cadeaux et de beignets frits. Car cette fête « est l’une des plus joyeuses du judaïsme », assure à l’AFP Elie Korchia, le président du Consistoire de France, tout en se désolant qu’elle se tienne cette année « dans un climat extrêmement anxiogène, avec une crainte d’attentat assez forte ». « Il faut qu’on continue à vivre normalement, sans tomber dans la psychose », assure-t-il toutefois.

Le Beth Loubavitch, mouvement orthodoxe juif, organise pour sa part des allumages publics, transportant chaque soir un candélabre géant sur diverses places parisiennes (République, Châtelet, Bastille…). Le planning posté sur son site internet prévoit que la quatrième bougie soit allumée dimanche sur le champ de Mars, au pied de la Tour Eiffel.

Hanouka est « un moment où on est visibles, donc potentiellement une cible. La question qui se pose c’est : faut-il maintenir ? est-ce que les gens viendront aux célébrations ? » s’interroge Samuel Lejoyeux, le président de l’Union des étudiants juifs de France.

« La volonté de continuer une vie normale »

Dimanche, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a demandé à tous les préfets une « extrême vigilance » pour Hanouka, en rappelant le « niveau très élevé de la menace terroriste » en France. En plus de cette sécurité publique, « on a des bénévoles, on ne laisse pas entrer n’importe qui » dans les édifices, assure à l’AFP le président du Consistoire de Paris Joël Mergui, qui affiche son volontarisme.

« J’en ai assez d’entendre dire que les juifs ont peur. La majorité de nos événements ont été assurés normalement. Certes, il y a une inquiétude, mais il y a la volonté de continuer une vie normale », ajoute-t-il. « La responsabilité est de tout faire pour ne pas offrir notre peur aux terroristes », abonde Yonathan Arfi, le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).

Plus de 1500 actes et propos antisémites ont été recensés en France entre le 7 octobre, date de l’attaque des commandos du Hamas en Israël qui a fait 1200 morts, en majorité des civils, selon les autorités israéliennes, et la mi-novembre, avec près de 600 interpellations, selon le ministère de l’Intérieur.

Dans le XIXe, Gérard Zerbibi, retraité venu acheter un livre, reconnaît que « pas mal de gens ont peur ». Mais lui non plus ne changera rien pour Hanouka. « Si quelqu’un lance une pierre à ma fenêtre, je changerai le carreau », assure-t-il, en insistant : « On a 3500 ans d’histoire, on a tout vu, et on est toujours là ». « Qu’est ce qu’il peut m’arriver, au maximum ? Me faire tuer ? On finit tous par passer à la caisse », philosophe-t-il avant de lancer en souriant : « J’ai confiance en Dieu ».

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