Algérie: « Les hommes du président entrent au gouvernement »?

17 août 2017 16:35 Mis à jour: 17 août 2017 16:31

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a légèrement remanié jeudi le gouvernement, remerciant les ministres de l’Industrie, du Commerce et de l’Habitat, 48 heures après le remplacement de son éphémère Premier ministre.

Un « sévère recadrage »

Les 24 autres ministres ont été reconduits dans l’équipe désormais dirigée par Ahmed Ouyahia, nommé mardi à la tête du gouvernement en remplacement d’Abdelmadjid Tebboune, limogé après trois mois seulement à son poste. Au portefeuille de l’Industrie, Mahdjoub Bedda est remplacé par Youcef Yousfi, ancien chef de la diplomatie (de fin 1999 à la mi-2000), puis surtout ancien ministre de l’Energie et des Mines (2010-2015), devenu, depuis son départ du gouvernement, conseiller auprès du chef de l’Etat pour les questions de l’énergie. Mohamed Benmeradi, qui fut ministre de l’Industrie (2010-2012) dans un précédent gouvernement Ouyahia et qui était jusqu’ici conseiller Economie du président Bouteflika, hérite du ministère du Commerce, au détriment d’Ahmed Saci.

« Les hommes du président entrent au gouvernement », a expliqué à l’AFP Mohamed Hennad, enseignant en Sciences politiques à l’université d’Alger, rappelant notamment qu’« Ouyahia était chef de cabinet » du président avant sa nomination mardi à la tête du gouvernement. Selon la presse, le chef de l’Etat avait adressé avant son limogeage, un « sévère recadrage » à M. Tebboune, critiquant certaines récentes mesures parmi lesquelles l’élargissement de la liste des produits soumis à des quotas d’importation. Cette mesure semble coûter sa place au ministre du Commerce, des importateurs s’étant notamment plaints que des produits commandés avant la mise en place des quotas étaient bloqués en douane.

Industrie automobile et Habitat

Ministre de l’Industrie débarqué, Mahdjoub Bedda, avait de son côté publiquement affirmé sa volonté de remise à plat de l’industrie automobile en Algérie, censée être le fleuron industriel du pays, accusant les acteurs du secteur -d’importants hommes d’affaires algériens- « d’importations déguisées » tout en empochant d’importantes subventions. Selon de nombreux observateurs, M. Tebboune a payé son intention affichée de s’attaquer aux liens entre certains riches hommes d’affaires algériens et des responsables du premier cercle du pouvoir. « Les ministres qui avaient appliqué les mesures comme la réduction des importations de toutes sortes, celles relatives au secteur de l’automobile (…) ont été remerciés », a souligné Rachid Tlemçani, enseignant en sciences politiques à Alger, interrogé par l’AFP. Leur départ avait été largement anticipée. Jeudi, le quotidien El-Watan prévoyait ainsi « la mise à l’écart des ministres ayant déclaré la guerre au pouvoir de l’argent ».

Un haut fonctionnaire, Abdelwahid Temmar, actuel wali (préfet) de Mostaganem, remplace Youssef Chorfa au ministère de l’Habitat, dont il fut un temps directeur général de l’Urbanisme. L’Habitat est un portefeuille-clé en Algérie, dont la population a plus que quadruplé depuis l’indépendance, il y a 55 ans, et fait face à une importante crise du logement. Le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la ville est en outre maître d’ouvrage du chantier controversé de la grande mosquée d’Alger, cher au président Bouteflika, sur lequel les retards se sont accumulés. La livraison prévue début 2017 de ce projet au coût jugé « faramineux » (1,2 milliard d’euros) a déjà été repoussée à la fin de l’année.

 

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