Alsace : Stéphane Bern pousse un coup de gueule après la destruction d’une maison à colombages du XVIIe siècle

Par Paul Tourège
1 décembre 2020 11:35 Mis à jour: 1 décembre 2020 11:35

La destruction d’une maison édifiée en 1662 pour faire place à une structure périscolaire dans une commune alsacienne a provoqué la colère de Stéphane Bern et de plusieurs défenseurs du patrimoine local.

Les faits se sont déroulés à Geudertheim (Bas-Rhin), une commune d’environ 2500 habitants située à quelques kilomètres au nord de Strasbourg.

Le 30 septembre, une maison à colombages édifiée en 1662 et agrandie au XIXe siècle a été démolie par la mairie. Une initiative qui a provoqué l’ire de Stéphane Bern et des membres de l’Association de sauvegarde de la maison alsacienne (ASMA).

« C’est avec une infinie tristesse et autant de stupéfaction et de colère que j’ai appris par les habitants de votre commune et par l’Association de sauvegarde de la maison alsacienne, l’acte de vandalisme que vous avez commis, en détruisant un joyau du patrimoine alsacien, en l’occurrence la maison Greder qui avait près de 360 ans d’existence et qui était en bon état structurel », écrit Stéphane Bern dans la lettre qu’il a adressée à Pierre Gross, le maire de Geudertheim.

« Le permis de démolir a été signé le 13 mars 2020, juste avant le confinement. Nous avons constaté que sur le permis, cette maison était datée de 1900, alors que la date de 1662 figurait sur une des poutres de la maison. Nous avons donc fait intervenir Michel Knittel, l’historien de Geudertheim. Il a fait des recherches et présenté une étude de vingt-cinq pages, dans laquelle il a apporté la preuve de l’ancienneté du bâtiment », a expliqué Denis Elbel – vice-président de l’ASMA – aux journalistes de France 3.

Malgré la preuve que la bâtisse avait bien été construite au XVIIe siècle, Pierre Gross n’a toutefois pas voulu annuler le permis de démolir délivré par la mairie.

Début mai, l’ASMA a déposé un recours devant le tribunal administratif afin de contester la décision de la municipalité, soulignant notamment « l’intérêt patrimonial […] évident » de la demeure.

L’ASMA a également alerté plusieurs personnalités locales comme Frédéric Bierry, le président du Conseil départemental du Bas-Rhin, Marc Grodwohl, fondateur de l’Écomusée d’Alsace, Jean-Jacques Schwien, président de la conservation des monuments historiques d’Alsace ou encore Christian Hahn, président du Conseil culturel d’Alsace.

Le 9 juin, le tribunal administratif a rejeté le recours déposé par l’ASMA.

« Il ne pouvait pas faire autrement, car le PLU, Plan local d’urbanisme, était établi par le maire et dans ce PLU, contrairement au rapport de présentation, le chapitre qui préconisait la  protection des maisons et corps de ferme anciens a été retiré au moment du vote. Cette maison n’étant pas protégée par le PLU, le tribunal ne pouvait donc pas prendre d’autre décision », confie Denis Elbel à nos confrères de France 3.

« Il ne me connaît pas et ne sait pas exactement de quoi il parle »

Interrogé par les journalistes de la chaîne ce lundi, le maire de Geudertheim estime qu’il a pris la décision qui s’imposait, soulignant que la maison Greder a été démolie pour laisser place à une structure périscolaire destinée à accueillir les élèves de la commune.

« On voulait rester dans le centre du village, il y a déjà la mairie, l’atelier municipal, l’école en face… Tout est rassemblé, cela aurait été dommage de tout éparpiller », indique Pierre Gross.

« On a donc acheté le terrain de douze ares de cette maison alsacienne pour notre projet. Aucun de nos cabinets d’architecte consultés n’a émis le souhait de garder cette maison : pas assez de place, il fallait la surface », ajoute-t-il.

L’édile, qui regrette les critiques adressées par Stéphane Bern – « il ne me connaît pas et ne sait pas exactement de quoi il parle » –, assure avoir obtenu le soutien de ses administrés concernant son projet.

« Lui [Stéphane Bern] et d’autres gens de l’extérieur qui m’envoient ces messages ne connaissent rien à l’histoire de notre ville ou de nos enfants », ajoute M. Gross.

« J’ai assisté à la destruction de ce patrimoine… On se sent trahi »

Pour Denis Elbel, le maire aurait pu trouver un compromis afin de préserver la maison Greder tout en menant son projet à bien.

« Il pouvait enlever la partie arrière du XIXe et ne conserver que la partie la plus ancienne de la maison, donc celle de 1622. On pouvait la transformer à moindre coût en préau pour la cour de l’école, en préservant simplement la charpente et le toit », souligne le vice-président de l’ASMA.

Selon M. Elbel, l’édile aurait également pu démonter la bâtisse pour la reconstruire ailleurs. S’il affirme qu’il était prêt à envisager cette éventualité, Pierre Gross assure qu’aucune proposition concrète ne lui a été faite.

« Le maire m’avait dit être d’accord pour la faire démonter et remonter ailleurs. Après quoi, il est devenu injoignable pendant des semaines, il m’a rappelé le 30 septembre pour me dire ‘on a décidé de démolir’. J’ai assisté à la destruction de ce patrimoine… On se sent trahi », conclut Denis Elbel.

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