Procès de l’attentat de Nice: « Qu’on me rende les organes de ma fille », réclame la mère d’une victime

Par Epoch Times avec AFP
1 octobre 2022 16:00 Mis à jour: 2 octobre 2022 13:43

« Ma fille a été assassinée deux fois. Une fois par un fou, la seconde fois par la médecine légale »… D’une voix calme et posée Anne Gourvès, mère d’Amie, 12 ans, tuée le 14 juillet 2016, a fait entendre jeudi la voix de la colère de parents meurtris au procès de l’attentat de Nice.

Sujet tabou, la question des autopsies et des prélèvements d’organes, notamment sur des enfants, sans que les parents en soient informés, pèse sur les débats et l’audition, au début du procès, de l’ancien patron de l’Institut médico-légal (IML) de Nice est loin d’avoir apporté toutes les réponses.

Sans avocat pour la représenter, Anne Gourvès, une institutrice niçoise de 48 ans, n’hésite pas à mettre les points sur les I. Durant deux heures, sans jamais se départir de son calme mais avec une détermination farouche, elle a demandé des comptes à l’institution judiciaire.

 Des prélèvements d’organes effectués sans l’accord de la mère 

« J’entends de votre témoignage une grande souffrance à laquelle je ne peux pas répondre évidemment et j’entends beaucoup de colère aussi », a commenté le président Laurent Raviot à la fin de son témoignage salué par des applaudissements discrets de nombreuses parties civiles.

« À quelle condition pourriez-vous trouver un apaisement à cette colère ? », demande le président.

« Qu’on me rende les organes de ma fille avec une preuve formelle que ce sont bien ceux de ma fille et qu’ils puissent être inhumés dans le caveau qui a été prévu et qui attend comme un berceau qu’Amie puisse enfin reposer en paix », répond Mme Gourvès.

Sa demande d’expertise complémentaire à l’aide de test ADN a été refusée par la juge qui a instruit le dossier de l’attentat de Nice. Lors de son audition à la barre, l’ancien patron de l’IML de Nice, Gérald Quatrehomme, s’était abrité derrière « le protocole judiciaire » en vigueur pour les victimes d’attentat pour justifier les prélèvements d’organes.

Les organes d’Amie sont toujours placés sous scellés.

Percutée par le camion-bélier, Amie, 12 ans, semblait juste égratignée quand Anne l’a retrouvée étendue sur la chaussée sans blessures apparentes, le visage et les membres intacts. La fillette s’éteindra peu après son arrivée à l’hôpital. La « percussion thoracique par un véhicule à haute énergie cinétique » est la cause du décès, indiquera l’hôpital. En bref, Amie est morte percutée par un camion.

Alors pourquoi pratiquer une autopsie ? « Si je ne m’étais pas démenée, je ne l’aurais jamais su », dit Anne Gourvès. Mais la mère endeuillée n’est pas au bout de sa douleur.

Quand elle pourra enfin voir le corps de son enfant, cinq jours après l’attentat, elle découvre effarée des cicatrices sur la tête, les cuisses, les bras ou encore le thorax de sa fille qui n’existaient pas quand elle a été admise à l’hôpital. Des organes ont été prélevés sur le corps de sa fille « pour suivre le protocole judiciaire ».

« Ma fille de 12 ans a été découpée en morceaux »

Les cicatrices d’Amie sont si impressionnantes que sa petite sœur – alors âgée de 9 ans – n’a pas été autorisée à la voir pour lui dire au revoir.

La liste des organes prélevés est impressionnante : cœur, thymus, reins, poumons, pancréas, foie, utérus, ovaires, encéphale, dure-mère, surrénales, bloc cervical, tube digestif… « Pourquoi ? », continue de demander Anne.

« Ma fille de 12 ans a été découpée en morceaux », dit-elle.

« On se retrouve seul face à la dépouille de son enfant et moi je l’ai vécu comme un deuxième assassinat », poursuit-elle sans s’effondrer. « Personne ne mérite de finir comme ça », souligne-t-elle encore.

« J’ai besoin qu’on me respecte en me disant la vérité pas qu’on me protège. C’est ma fille qui avait besoin qu’on la protège le 14 juillet 2016 », trouve encore la force de dire Anne Gourvès.

« Je dénonce des procédures qui cachent des actes barbares indignes de notre époque (…) L’intégrité de nos défunts n’a pas été respectée », conclut-elle.

Dans la salle d’audience des parties civiles approuvent de la tête. Quand Anne Gourvès regagne sa place beaucoup de gens se lèvent pour venir la saluer.

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