Bélarus: Tikhanovskaïa appelle les Européens à rejeter les résultats de la présidentielle

Par Epoch Times avec AFP
19 août 2020 13:15 Mis à jour: 19 août 2020 17:03

La figure de proue de l’opposition bélarusse, Svetlana Tikhanovskaïa, a appelé mercredi les Européens à rejeter les résultats de la présidentielle « frauduleuse » du 9 août avant un sommet de l’UE devant étendre les sanctions contre les responsables du régime d’Alexandre Loukachenko.

Déclaré vainqueur avec plus de 80% des voix, M. Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, fait face à une pression croissante tant au Bélarus, où se déroulent des manifestations quotidiennes et un mouvement de grève touchant des industries vitales à l’économie du pays, qu’à l’étranger.

 Résultat ni équitable ni transparent

S’adressant au Conseil de l’Europe depuis la Lituanie où elle est réfugiée depuis le 11 août, Svetlana Tikhanovskaïa a exhorté à rejeter un scrutin « ni équitable ni transparent » et dont les résultats « ont été falsifiés ».

« Les gens, qui sont allés défendre leur vote dans les rues de leurs villes partout au Bélarus, ont été brutalement battus, emprisonnés et torturés par le régime qui s’accroche désespérément au pouvoir », a-t-elle souligné en anglais, estimant que M. Loukachenko a « perdu toute légitimité ».

-Des partisans de l’opposition se rassemblent devant un centre de détention provisoire, où Sergei Tikhanovsky, le mari de Svetlana Tikhanovskaya serait détenu et n’a pas pu soumettre sa propre candidature présidentielle à temps. Photo par Sergei GAPON / AFP via Getty Images.

Professeure d’anglais de formation, novice en politique, Svetlana Tikhanovskaïa, 37 ans, a bouleversé la campagne présidentielle au Bélarus en rassemblant des foules inédites à ses meetings et en obtenant les soutiens d’autres opposants. Elle revendique la victoire à l’élection et dénonce des fraudes.

A remplacé son mari Sergueï

Elle avait remplacé au pied levé son mari Sergueï, vidéo-blogueur en vue arrêté en mai après avoir fait acte de candidature contre Alexandre Loukachenko. Accusé notamment de « troubles à l’ordre public », il encourt plusieurs années de prison.

La situation au Bélarus fera l’objet mercredi d’un sommet extraordinaire de l’UE, avec à la clé une extension à d’autres responsables bélarusses des sanctions déjà prises la semaine dernière après la répression des manifestations.

Les dirigeants européens ont exhorté mardi Vladimir Poutine à faire pression sur Alexandre Loukachenko, dont il est un allié essentiel, afin de favoriser un dialogue avec l’opposition. Le président français Emmanuel Macron a ainsi appelé à « favoriser l’apaisement et le dialogue », tandis que la chancelière allemande Angela Merkel a souligné que Minsk devait « renoncer à la violence ».

Le président russe a jusqu’à présent apporté un soutien prudent à son voisin, mettant en garde contre toute « tentative d’ingérence étrangère » au Bélarus. L’attitude de la Russie, plus proche partenaire politique, économique et militaire de Minsk, sera cruciale quant à l’issue de la crise.

Depuis l’élection du 9 août, manifestations régulières

L’opposition manifeste chaque jour depuis l’élection du 9 août et a organisé le weekend dernier la plus grande action de protestation de l’histoire du pays avec 100.000 participants. Elle a appelé à un mouvement de grève suivi dans plusieurs industries clés dont le producteur de potasse Belaruskali ou le fabricant de véhicules lourds MZKT, où M. Loukachenko a été chahuté lundi par des ouvriers lors de son discours.

Mercredi matin, des dizaines de manifestants se sont rassemblés pour soutenir les grévistes des mines de Soligorsk, au sud de Minsk.

La veille au soir, plusieurs milliers de protestataires s’étaient réunis dans le centre de Minsk en brandissant les drapeaux de couleurs rouge et blanche de l’opposition.

6.700 personnes arrêtées

Après l’élection du 9 août, quatre soirées de manifestations avaient été matées par la force par la police, faisant au moins deux morts et des dizaines de blessés, tandis que plus de 6.700 personnes étaient arrêtées. Les personnes interpellées ont rapporté des passages à tabac et tortues.

L’opposition a formé un « Conseil de coordination » destiné à « faciliter la transition pacifique du pouvoir par le dialogue ». Selon Mme Tikhanovskaïa, il « appellera immédiatement à de nouvelles élections présidentielles équitables et démocratiques sous supervision internationale ».

Alexandre Loukachenko a de son côté rejeté ce « conseil de coordination » créé par l’opposition, dénoncé comme une « tentative de s’emparer du pouvoir » et a menacé de « refroidir certaines têtes brûlées ».

Devant se réunir pour la première fois mercredi, il doit notamment comprendre la lauréate du prix Nobel de littérature Svetlana Alexievitch ou encore Ales Bialiatski, directeur de la principale organisation bélarusse de défense des droits humains, Viasna.

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