Biden en mauvaise posture après l’attaque surprise contre Israël : des défaillances considérables des services de renseignement

Si l'Iran est impliqué dans l'attaque, les experts craignent que cela ne déclenche une "conflagration régionale" d'une ampleur sans précédent

Par Emel Akan
10 octobre 2023 16:20 Mis à jour: 10 octobre 2023 16:20

WASHINGTON – Israël a connu de nombreuses guerres par le passé, mais le récent assaut du Hamas, qui a fait preuve d’un niveau inattendu de sophistication et de coordination, a choqué les Israéliens et le reste du monde.

Utilisant des motos, des camionnettes et même des parapentes et des bateaux rapides, les terroristes du Hamas ont pénétré dans les villes israéliennes proches de la bande de Gaza et ont commencé à tuer et à kidnapper des civils. Ils ont également lancé des milliers de roquettes sur les villes israéliennes à partir de 6h30 le matin du 7 octobre.

Certains ont comparé ces récentes agressions aux attaques terroristes du 11 septembre aux États-Unis et même à l’Holocauste.

« Il s’agit d’un désastre historique, d’un traumatisme national qui ne sera pas effacé avant des décennies », a déclaré Yigal Carmon, président et fondateur de l’Institut de recherche sur les médias du Moyen-Orient.

« Hier, j’ai parlé avec mes filles. Je leur ai dit : ‘Imaginez que vous êtes au milieu de l’Holocauste et que les nazis tirent’. Ce sont des scènes nazies. C’est terrible », a-t-il confié à Epoch Times.

Les responsables du renseignement israélien et américain ont été pris au dépourvu, ce qui a amené de nombreux experts à se demander pourquoi la communauté du renseignement n’a pas su anticiper l’attaque et l’éviter, alors qu’elle était peut-être méticuleusement préparée depuis des mois.

« C’est une attaque que personne n’a vu venir », a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken à Kristen Welker dans l’émission « Meet the Press » de la chaîne NBC.

Il a toutefois esquivé les questions relatives à l’existence d’une défaillance des services de renseignement.

« Les Israéliens auront tout le temps de se pencher sur la question. Nous aurons tous le temps de le faire. Il s’agit maintenant de s’assurer qu’Israël dispose de ce dont il a besoin pour faire face à cette attaque », a déclaré M. Blinken.

Toutefois, les informations concernant ce type d’attaque étaient disponibles a priori, selon Ray Takeyh, chargé d’études sur le Moyen-Orient au Council on Foreign Relations (CFR).

« La question n’est pas tant le manque d’informations sur la mobilisation du Hamas ; la question est de savoir comment ces informations ont été interprétées et pourquoi les hauts responsables politiques les ont ignorées », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse organisée par le CFR le 7 octobre.

« Parce que dans presque tous les cas d’échec du renseignement – et j’ai examiné en particulier la révolution iranienne de 1979 – de nombreuses informations sont disponibles sur les problèmes imminents. Mais d’une manière ou d’une autre, ces informations ne sont pas intégrées par les dirigeants politiques en temps voulu et de façon efficace. »

M. Carmon, colonel à la retraite des services de renseignement des forces de défense israéliennes, qui a été conseiller en matière de lutte contre le terrorisme auprès de deux premiers ministres israéliens, est d’accord avec cette évaluation.

« La catastrophe que nous vivons actuellement n’est pas imputable à un manque d’informations, mais à une perception erronée », a-t-il souligné. « Nous, à l’Institut MEMRI, avons publié un avertissement en septembre-octobre sur les signes annonciateurs d’une guerre à venir. Nous l’avons diffusé, mais personne n’y a prêté attention. Des civils ont affirmé avoir dit à l’armée qu’ils avaient vu les manœuvres, et l’armée a répondu : ‘Ce n’est rien’. »

Le cabinet de sécurité israélien a officiellement déclaré la guerre au Hamas le 8 octobre, en réponse à la pire attaque que le pays ait connue depuis des décennies. Selon les rapports, au moins 600 Israéliens ont été tués, tandis qu’un nombre indéterminé de civils ont été kidnappés.

Il s’agit de la première déclaration de ce type depuis la guerre du Kippour de 1973, qui a débuté par le lancement par l’Égypte et la Syrie d’attaques surprises contre Israël.

Le président américain Joe Biden a fermement condamné l’attaque le 7 octobre, affirmant que les États-Unis « ne manqueront jamais de soutenir Israël ».

Il a promis qu’une aide supplémentaire pour les forces de défense israéliennes était en route pour Israël, et que d’autres devraient arriver dans les jours à venir.

Toutefois, les républicains et les experts ont critiqué le président pour avoir débloqué 6 milliards de dollars de fonds iraniens gelés dans le cadre d’un récent accord de libération d’otages avant l’attentat.

Le Hamas fait partie des groupes terroristes soutenus par l’Iran. Selon un rapport du département d’État américain de 2020, l’Iran a fourni jusqu’à 100 millions de dollars par an en soutien total à ces groupes, dont le Hamas et le Jihad islamique palestinien.

Conflagration régionale

L’implication de l’Iran dans cette attaque du Hamas est encore inconnue, selon Martin Indyk, membre éminent du Conseil des relations étrangères pour la diplomatie entre les États-Unis et le Moyen-Orient.

« Mais si cette action est coordonnée, comme je le soupçonne, je pense que le Hezbollah pourrait s’y joindre et nous aurions alors une conflagration régionale dont nous n’avons pas encore vu l’ampleur », a-t-il indiqué lors de la réunion d’information du CFR.

M. Indyk estime que si la récente attaque a été un choc pour Israël, elle doit être un choc encore plus grand pour l’administration Biden, qui s’appuie dans une large mesure sur les services de renseignement israéliens pour suivre les activités du Hamas.

Deux semaines auparavant, le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan avait déclaré lors du festival The Atlantic que « la région du Moyen-Orient est plus calme aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été depuis deux décennies », énumérant une longue liste de développements positifs dans la région.

L’approche de l’administration Biden au Moyen-Orient, depuis le premier jour, a été de « calmer les choses ». C’est leur première priorité. Et comme nous pouvons le constater, ce n’est pas le cas », a ajouté M. Indyk.

Il a rappelé qu’il y a eu plusieurs conflits entre Israël et le Hamas au cours de la dernière décennie.

« Et à chaque fois, cela se termine par un retour au calme », a souligné M. Indyk. « À un certain moment, les États-Unis doivent dire ‘ça suffit’ ; nous devons trouver une solution plus stable et permanente. Mais c’est très difficile d’y parvenir à partir d’ici ».

Il y a trois ans, Israël a normalisé ses liens avec les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan dans le cadre de ce que l’on appelle les accords d’Abraham, signés sous le mandat du président Donald Trump.

Pour se donner un air de victoire comme son prédécesseur, le président Biden a souvent exprimé l’espoir d’une normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite. Cependant, nombreux sont ceux qui pensent que la récente attaque du Hamas constitue désormais une menace pour ses efforts, ce qui pourrait ralentir le processus ou l’interrompre.

Interrogé à ce sujet, M. Blinken a répondu que les groupes terroristes tels que le Hamas sont susceptibles de perturber les efforts de normalisation.

« Il n’est pas surprenant que ceux qui s’opposent aux pourparlers, ceux qui s’opposent à ce qu’Israël normalise ses relations avec ses voisins et avec les pays au-delà de la région, soient le Hamas, le Hezbollah et l’Iran », a-t-il poursuivi.

« Il est donc tout à fait possible que cette attaque ait été motivée, entre autres, par la volonté de faire échouer ces efforts de normalisation, ce qui est déjà très difficile. »

L’attaque surprise contre Israël a incité de nombreux républicains à critiquer le président Biden et sa politique étrangère.

« La faiblesse invite à l’agression. L’apaisement ne fonctionne jamais », a écrit le sénateur Markwayne Mullin (Parti républicain – Oklahoma) dans un message publié le 7 octobre sur X.

« La force des États-Unis est essentielle à la stabilité mondiale. L’Iran, la Chine et la Russie cherchent toutes les raisons pour mettre à profit la faiblesse de la politique étrangère américaine. »

Dor Levinter a collaboré à la rédaction de cet article.

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