Des centaines de combattants anti État Islamique partent d’eux-mêmes au front

14 septembre 2016 09:36 Mis à jour: 14 septembre 2016 09:43

Pour certains, être envoyé au Moyen-Orient pour rejoindre les combattants anti EI sur le terrain serait leur pire cauchemar. Pour d’autres, c’est un rêve qui devient réalité. Que ce soit un sentiment d’impératif moral ou simplement la soif de se battre d’un militant, ils sont actuellement au moins 300 combattants occidentaux anti EI actifs, dont plus de 100 venus des États-Unis.

Ils sont issus principalement de près de 20 pays occidentaux, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et la Suède. Ils ont été identifiés durant une année de recherche par l’Institut pour le Dialogue Stratégique (IDS), basé à Londres.

Le groupe de pensée a aussi trouvé des combattants auto-incorporés venus des quatre coins du monde, aussi éloignés que la Corée du Sud, l’Indonésie et la Colombie. Le rapport détaillé de leurs découvertes « Tirer dans la bonne direction : des combattants anti EI en Syrie et en Irak », a été publié en août.

Nombre de combattants volontaires anti EI par nationalité. (Institut pour le Dialogue Stratégique)
Nombre de combattants volontaires anti EI par nationalité. (Institut pour le Dialogue Stratégique)

« Les gens ont été légèrement surpris de l’ampleur—que nous ayons réussi à trouver 300 de ces personnes », a déclaré Henry Tuck, co-auteur d’un rapport et directeur de politique et de recherche à l’IDS. Tuck a ajouté que « le grand nombre d’anciens combattants » est aussi surprenant. Beaucoup sont natifs de pays ayant une histoire d’implication militaire dans la région au cours de la dernière décennie.

Le niveau du dialogue ouvert en ligne sur les plans et intentions semble moins rationnel. Beaucoup vont jusqu’à discuter des routes de voyage. Les Nord-Américains tendent à entrer via l’Europe, puis se rendent en Turquie, puis en Irak. Une autre route mène de l’Europe vers le Golfe, puis l’Irak. Une fois arrivés, ils utilisent un réseau bien établi de lieux sûrs pour se déplacer.

Bien qu’en réalité, beaucoup ne voient pas d’actions militaires, des discussions sans surveillance en ligne sur le recrutement rendent assez aisé les déplacements sur les lignes de front.

« C’est un point sur lequel nous avons été surpris—le manque de secret », a déclaré Tuck. « Ils parlent très ouvertement de la route qu’ils prennent. Certains d’entre eux semblent vendre leurs biens pour payer leurs billets d’avions. »

Responsabilité morale

Les forces peshmerga kurdes et américaines qui combattent l’EI en Syrie. (Kurdishtruggle/Flickr/CC BY)

Bien que l’IDS a tracé et répertorié 300 occidentaux via les médias sociaux, ils estiment qu’il pourrait y avoir jusqu’à 1 000 combattants de ce type.

« Ce n’est pas un nombre énorme d’individus », a déclaré Tuck, parlant des militants, principalement masculins, qui expriment souvent une sorte d’obligation morale d’aider à combattre le groupe terroriste EI. Beaucoup sont des vétérans ayant servi en Irak et en Afghanistan et veulent que le travail soit fait. Tuck a déclaré qu’ils n’avaient pas de congé approuvé par le gouvernement pour s’engager dans les combats, les responsables ayant tendance à détourner le regard lorsqu’ils rentrent chez eux.

« Ils ne sont pas considérés comme un danger—ils combattent du même côté que beaucoup de gouvernements », a-t-il déclaré. « Ils ne constituent pas le même risque que les combattants de l’EI qui se retournent—c’est déjà balayé sous le tapis, en quelque sorte. »

Bien que l’IDS ait passé des mois à rechercher et répertorier les individus, beaucoup peuvent être trouvés avec une recherche de quelques minutes en ligne. Les combattants occidentaux anti EI et leurs sympathisants s’expriment sur Facebook et Twitter et de nombreux groupes et personnes expriment ouvertement leur intention de combattre.

Macer Gifford ; citoyen britannique dont le profil Twitter affiche une photo de lui combattant aux cotés des forces de défense kurdes, affirme ouvertement son affiliation. Il se décrit lui-même comme « un activiste des droits de l’homme et militant anti EI. »

Gifford poste souvent des liens vers les entretiens qu’il a fait avec les médias internationaux et les mises à jour sur les questions relatives aux combattants, qu’il appelle des « Volontaires Internationaux ». Un tweet récent déplore la récente déclaration de la Turquie aux journalistes selon laquelle les britanniques attrapés combattant aux cotés des unités de protection du peuple seraient considérés comme des « terroristes ».

Des combattants américains et australiens peshmerga en Syrie. (Kurdishtruggle/Flickr/CC BY)

« La Turquie menace les Volontaires Internationaux et nous étiquette comme des terroristes », a écrit Gifford sur Twitter. « Nous croyons en la démocratie et combattons l’EI. C’est une pure folie ! »

Gifford, comme de nombreux répertoriés dans le rapport de l’IDS, exprime une croyance dans une responsabilité morale à aller de lui-même rejoindre les combats. Le soutien du gouvernement semble inadéquat.

« Vous utilisez le terme se mêler, j’utilise internationaliste, humanitaire et solidarité », a écrit Gifford en réponse à un commentaire d’un utilisateur Twitter qui déclare que lui et d’autres comme lui devraient rester chez eux. « De mauvaises choses se produisent lorsque les bons ne font rien [sic]. »

Gifford n’a pas répondu à une demande d’entretien, bien qu’il ait suivi sur Twitter.

Retourner chez soi

La réalité du retour chez soi représente un rude contraste avec l’image romantique de lutte contre un ennemi contre lequel est uni la plupart du globe.

Tuck de l’IDS, parmi d’autres, avertit qu’il existe une possibilité de souffrir toute sa vie après une telle décision, même si les autorités souhaitent éviter ce sujet.

Michael Blais est un vétéran du Régiment Royal Canadien et président fondateur de la Défense des Vétérans Canadiens. Le groupe travaille pour les droits aux soins de santé des vétérans. Blais a affirmé avoir personnellement discuté avec de nombreux vétérans qui envisageaient de combattre contre l’EI. Il a déclaré ne pas savoir si certains ont suivi leur choix, mais il s’inquiète de l’impact à long terme.

« J’ai dû les avertir : “ Que se passera t-il si vous allez au combat et qu’un événement catastrophique vous arrive ?” » a-t-il expliqué. « Vous devez réaliser qu’il n’y aura pas hôpital de campagne canadien à porté d’hélicoptère. Il n’y aura personne pour prendre soin d’eux durant le reste de leur vie. »

Et s’il y a des blessures qui requièrent des soins continus, ce sera bien pire. Cela entraîne des risques psychologiques et émotionnels.

« Un combat est un combat, la guerre est traumatisante », a déclaré Blais. « Il y a de grandes chances de blessures physiques et mentales. » Il a ajouté que l’administration hospitalière des vétérans canadiens s’interrogerait—et refuserait probablement des soins—pour toutes blessures reçues au cours d’un combat non validé contre l’EI.

Bien que Blais ai déclaré que la question des combattants occidentaux anti EI est une préoccupation mineure du public canadien, le souvenir des combats de la dernière décennie est encore vif. Pour certains vétérans, ce souvenir est la toute première chose qui les motive à retourner en Irak ou se rendre en Syrie : Ils veulent finir le boulot.

« L’expérience canadienne en Afghanistan est vraiment horrible », a-t-il déclaré. « Nous n’avons pas subi de guerre comme celle-ci depuis la Corée. Ceux qui ont été libérés croient réellement en leur mission. »

Version anglaise : Hundreds of Western Anti-ISIS Fighters Send Themselves to the Front

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