Congrès au Vatican : un médecin chinois accusé de meurtre prend la parole

7 février 2017 07:45 Mis à jour: 23 avril 2017 17:31

L’Académie pontificale des sciences a lancé une controverse, en invitant au Sommet du Vatican sur le trafic d’organes et le tourisme des transplantations se tenant le 7 et 8 février, un orateur lié aux prélèvements d’organes forcés en Chine.

Le sommet est tenu dans l’espoir de régler le problème du trafic d’organes et du tourisme des transplantations, mais les enquêteurs sur les prélèvements d’organes forcés en Chine affirment que cela pourrait échouer, en faisant écho à la propagande du pire responsable des prélèvements forcés d’organes.

Le Dr. Huang, porte-parole officiel du régime chinois sur les transplantations d’organes, représentera la Chine à ce sommet. On s’attend à ce qu’il nie la pratique des prélèvements d’organes forcés en Chine et promeuve des déclarations d’une réforme médicale en Chine.

Ces déclarations, avec les preuves s’accumulant sur les prélèvements d’organes forcés, ont incité les enquêteurs sur les prélèvements d’organes à demander à l’Académie pontificale des sciences de présenter un équilibre des preuves sur la situation pendant le sommet.

David Kilgour (à gauche) avec David Matas (au centre) et Ethan Gutmann (à droite), auteurs de Bloody Harvest/The Slaughter : An Update. (Simon Gross/Epoch Times)

Le Dr. Huang Jiefu est le président du comité national de don et de transplantation d’organes chinois. Il compte parmi les chirurgiens de transplantation du foie les plus demandés de Chine. Sa démonstration largement médiatisée d’une transplantation de foie compliquée dans la province du nord-ouest du Xinjiang en 2005 a attiré l’attention sur la capacité des hôpitaux chinois de se procurer des organes à la demande.

Comme réserve pour l’opération, il a téléphoné à des hôpitaux à Chongqing et à Guanzhou pour avoir des foies correspondants supplémentaires. Les foies ont été délivrés sous 24 heures mais jamais utilisés, selon quatre rapports de publications affiliées aux médias officiels chinois.

Le régime chinois a affirmé que les organes proviennent de prisonniers exécutés, dont les peines devaient être conduites sous sept jours, selon la loi chinoise. Le Dr. Huang n’a pu obtenir d’organes frais que s’il y avait une population captive et du groupe sanguin compatible prête à être tuée sur demande, analysent les experts. Les prisonniers de conscience, principalement des pratiquants du Falun Gong, sont la principale source de ces organes, selon la conclusion récemment publiée par la Chambre des représentants des États-Unis, aussi bien que par un certain nombre d’enquêteurs.

Pendant ce temps, dans un échange par email avec le président d’une ONG d’informations sur les prélèvements d’organes en Chine, l’évêque Marcelo Sánchez Sorondo, chancelier de l’Académie pontificale des sciences, s’est montré méprisant quant aux allégations portant sur les prélèvements d’organes en Chine et le rôle du Dr. Huang comme écran du régime sur la question.

Le sommet du Vatican est un « exercice académique et non une relance d’assertions politiques contentieuses », a-t-il écrit le 10 janvier en réponse à Wendy Rogers, professeure d’éthique médical à l’université Macquarie et présidente de l’ International Advisory Committee of the International Coalition to End Organ Pillaging in China. Selon lui, certains enquêteurs clés sur les prélèvements d’organes ont participé à des « événements politiques condamnant la Chine », telles que des prises de parole au Congrès des États-Unis et au Parlement Européen.

Rogers n’est pas d’accord sur ce point. « Dire simplement que des preuves sont des ‘assertions politiques’ masque le véritable problème, évite la vérité et donne du soutien à ceux ayant les plus fortes raisons de nier ces crimes », écrit-elle en réponse.

Trois enquêteurs – l’ancien membre du Parlement canadien David Kilgour, l’avocat des droits de l’homme canadien David Matas et le journaliste des droits de l’homme Ethan Gutmann – ont commencé à prendre connaissance des allégations de prélèvements d’organes forcés des pratiquants de Falun Gong au début des années 2000.

Le Falun Gong est une discipline spirituelle traditionnelle chinoise qui était pratiquée par 70 à 100 millions de citoyens chinois en 1999, selon des estimations officielles, avant d’être visé par la persécution du régime chinois.

Après avoir interviewé des pratiquants ayant été détenus dans des camps de travaux chinois, examiné des données officielles du gouvernement et échangé avec des médecins chinois et des gardes de prison, les enquêteurs ont conclu que le régime chinois avait mis en place une industrie de prélèvements d’organes pendant plus d’une décennie en prélevant les organes des Ouïghours, des Tibétains, des Chrétiens, et principalement d’une importante population carcérale de prisonniers de conscience du Falun Gong.

« Il est très préoccupant que des institutions hautement respectées internationalement comme le Vatican fournissent une plate-forme pour la perpétuation de déclarations sans preuve sur une réforme du don d’organes en Chine », écrit Rogers.

« Cela prête de la crédibilité à de fausses déclarations et aide à éviter de tenir responsables ceux qui ont été impliqués dans les prélèvements d’organes forcés. »

Cette décision d’inclure Huang a également décontenancé Lord David Alton, depuis longtemps avocat des droits de l’homme et un catholique proéminent. Dans une publication écrite il confie être « profondément alarmé » par les rapports continus sur les prélèvements d’organes forcés « barbares » en Chine.

« J’ai encouragé l’Académie pontificale des sciences à envisager d’inviter des enquêteurs dont les découvertes suggèrent que les prélèvements d’organes forcés continuent sur une échelle bien plus large que ce qui était précédemment considéré », écrit Alton.

« Il est juste de vouloir essayer de questionner la Chine sur ces questions, mais il est vital que nous le fassions de façon critique et avec transparence, et pas d’une manière offrant simplement une victoire à la propagande chinoise. »

Le Dr. Huang Jiefu, président du comité national de don et de transplantation d’organes chinois, à l’ambassade chinoise à Rome le 6 février 2017. (AP Photo/Andrew Medichini)

Une telle transparence se rencontre difficilement, selon Ethan Gutmann. Ce dernier a été critique envers le Dr. Francis Delmonico, l’ancien président de The Transplant Society (TTS) et l’un des principaux organisateurs du sommet, pour avoir manqué de demander à la Chine de rendre des comptes sur les prélèvements d’organes.

Le Dr. Delmonico est « véritablement dévoué » à travailler « main dans la main » avec le Dr. Huang Jiefu pour promouvoir l’idée que la Chine fasse des réformes médicales plutôt que de lui poser des questions sur ce qui a eu lieu précédemment, rapporte Gutmann.

Le Dr. Delmonico et le Dr. Huang ont « enterré l’histoire, enterré les corps de façon à ce qu’ils ne soient plus jamais vus », indique Gutmann. En poursuivant : « Ce que la Chine a fait est l’équivalent d’une entreprise ayant produit de grandes quantités de matériaux toxiques, les ayant ensuite enterrés là où personne ne les trouveraient, dans l’espoir qu’ils se diluent dans le sol et soient oubliés ».

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