Le départ de l’ancienne garde déshonorée

Par Jeffrey A. Tucker
7 septembre 2022 19:08 Mis à jour: 7 septembre 2022 19:08

L’annonce est tombée lundi passé : Liz Truss, ex-ministre des Affaires étrangères, est la nouvelle Première ministre britannique. Comme d’habitude, il a fallu creuser plus profondément que la ligne médiatique dominante pour découvrir pourquoi elle a gagné contre Rishi Sunak, ancien chancelier de l’Échiquier. Ce dernier a tardivement déclaré qu’il avait tort de soutenir les confinements dans un pays où les droits du peuple doivent toujours prévaloir. Le problème est que personne ne l’a cru : il a défilé aux côtés de l’ancien Premier ministre Boris Johnson alors que le gouvernement britannique menait le pays à la ruine.

Même si, peut-être, M. Sunak était anti-confinement au fond de lui-même, qui allait s’en soucier ? Si on ne peut pas défendre les valeurs de la civilisation avec sa voix tout en prenant des risques pour sa carrière, à quoi peut-on servir lorsque la civilisation est en train de s’effondrer ?

Liz Truss, en revanche, s’est toujours opposée aux confinements, dit-elle, et lorsqu’on lui a demandé ce qu’on devait faire, elle a toujours répondu qu’il fallait en faire moins et laisser les gens jouir de leurs libertés et de leurs droits. Elle aurait probablement pu en faire plus pour défendre les traditions, les libertés et les lois britanniques. Toutefois, compte tenu des choix de Mme Truss, elle était la plus crédible candidate au poste de Premier ministre, précisément parce qu’elle a été la responsable la plus farouchement opposée aux confinements.

Certains diront qu’elle est toujours compromise, qu’elle est trop proche des gens du Forum économique mondial et qu’elle manque d’engagement moral nécessaire pour mener la révolution contre les corruptions de l’ancienne garde. C’est peut-être vrai, bien que toute révolution se déroule en trois étapes : les méchants sont chassés, un régime transitoire se met en place et, enfin, une nouvelle génération arrive au pouvoir en promettant un tout nouveau départ.

C’est la première étape. C’est pourquoi Boris Johnson est foutu. Il a soutenu les confinements et l’obligation vaccinale. Il est responsable de tout ça. Maintenant il est en disgrâce. Oui, il a beaucoup de problèmes personnels et les médias voudraient bien vous faire croire qu’ils comptent plus que sa politique. N’en croyez pas un mot.

L’élection de Liz Truss n’est que la dernière preuve du grand changement qui se passe dans le monde actuel. La vieille garde qui a applaudi les confinements ou s’est tue est en train de tomber. Cela va de même pour ceux qui l’ont suivie en silence. Une nouvelle génération qui jure de ne plus jamais laisser cela se reproduire se lève. Et ceci se produit aujourd’hui dans toutes les institutions du monde, publiques ou privées.

Il ne s’agit pas seulement de la politique, même si on le voit partout dans ce domaine. Les gouvernements conservateurs qui ont soutenu les confinements veulent que tout le monde oublie ce qu’ils ont fait en trahissant leurs principes et leur peuple. Mais les gens n’oublieront pas. Quant aux responsables et militants de la gauche qui ont soutenu les confinements et l’obligation vaccinale pendant un bon moment après leur utilité plausible, ils cherchent désespérément à changer de sujet, bien que ce soit trop tard. Ils ont révélé leurs désirs totalitaires cachés et cela ne sera pas oublié.

Les médias sont affectés de la même manière. CNN est en cours d’une grande transition – son PDG, qui a conduit la chaîne à soutenir les confinements et à devenir la voix de la gauche totalitaire, a démissionné. On voit une certaine diversité dans ses programmes. Même ses reportages sur la Chine sont redevenus regardables.

Tous les organes de presse vont passer par là. Cela pourrait même atteindre un jour le New York Times.

C’est aussi le cas dans les grandes entreprises technologiques. Nous avons tous des preuves montrant comment elles ont coopéré avec le gouvernement et le Big Pharma pour devenir des agents de l’État, écrasant la dissidence et trahissant leurs utilisateurs avec une censure brutale. Des plateformes comptant des millions de followers ont été supprimées de façon malicieuse.

Inutile de se demander pourquoi Mark Zuckerberg a dissocié le nom de son groupe Facebook avec celui de son application phare et de l’appeler à la place Meta. Le mot même de Facebook a lui aussi été déshonoré. Il n’est pas seulement démodé, il est considéré comme un outil de l’ancien régime. Le nom Meta est une tentative grotesque de sauver la face à cette lugubre réalité.

Cela se passe dans toutes les institutions. On peut se poser la question, où est-ce qu’elles étaient lorsque nous avions besoin d’une voix d’opposition à l’hystérie de masse et à l’imposition de violations inadmissibles des droits de l’homme et des libertés ? Elles sont restées silencieuses pour la plupart. On peut compter sur les doigts d’une main les voix institutionnelles qui se sont opposées aux confinements et aux obligations vaccinales dès le début de la pandémie. Et ces voix ont fait face à d’énormes pressions à l’époque.

Les partis politiques du monde entier sont profondément affectés. En Amérique, par exemple, les dirigeants des démocrates ont non seulement applaudi les confinements, mais les ont intensifiés, gardant les écoles fermées pendant deux ans. Ils le nient maintenant, mais c’est absurde. Leur parti est devenu le parti des confinements. C’est leur vision du type de société qu’ils veulent établir. Ils partiront en temps voulu. Les leaders des républicains ne s’en sortent pas beaucoup mieux, étant donné que les confinements ont été introduits lorsqu’ils contrôlaient encore la Maison-Blanche et le Sénat.

C’est vrai également pour les institutions du secteur privé, en particulier les groupes d’experts et les groupes de militants. Ici aussi, nous disposons de preuves. Nous savons avec certitude qui s’est exprimé et qui s’en est remis à l’ancienne garde disgraciée.

Certaines de mes organisations préférées du passé – celles que je soutenais par des discours et des dons – ont échoué de la manière la plus horrible qui soit. Le déshonneur est particulièrement mérité dans le cas d’organisations qui se donnaient des noms du genre de la « voix de la liberté » et qui sont très facilement devenues la voix de l’idéologie de confinement de la classe dirigeante. Elles nous disaient de rester à la maison et de laisser les ouvriers et les paysans nous livrer les produits alimentaires !

Un média qui s’imagine être une sorte de champion de la contre-culture et de défenseur de la liberté m’a critiqué personnellement pour m’être opposé au port du masque obligatoire. Les masques, a-t-il écrit, ne sont pas une tyrannie, mais « un symbole de la vie privée et de la responsabilité personnelle ». De plus, ils « sont importants pour réduire la propagation ». Si nous nous y conformons tous, nous pourrons « éviter l’imposition de haut en bas ». Un super plan : si tout le monde se plie aux plans des tyrans, aucun recours à la force ne sera nécessaire !

Le rédacteur en chef d’un autre grand média « conservateur » prônait les confinements et attaquait ceux qui défendaient leurs droits constitutionnels au point d’en faire sa cause personnelle. Il a maintenant disparu dudit média.

Les intellectuels sont confrontés au même problème. Certains de mes penseurs préférés, y compris de grands gourous qui avaient consacré leur vie à s’opposer au gouvernement et à glorifier les libertés civiles, ont fait volte-face. J’aurais pu mentionner ici quelques grands noms, mais je suis sûr que tout le monde sait qui ils sont. L’internet rend la tâche facile : nous pouvons trouver qui a dit quoi, quand et pourquoi.

Beaucoup de ces personnes se cachent aujourd’hui ou se soulèvent de leur canapé pour parler de tout et de rien, sauf de leur propre apostasie. Peu d’entre eux, voire aucun, ont tenté d’expliquer les raisons de leur conversion.

Ils ne s’en sortiront pas comme ça. La révolution est déjà en marche. Elle touchera les universités, les partis politiques, les grandes entreprises technologiques, les sociétés médiatiques, les groupes d’experts et d’autres institutions, et elle s’infiltrera profondément dans la politique locale – et ce, simplement parce que les habitants sauront avec certitude qui, parmi leurs responsables locaux, s’en sont remis aux tyrans locaux de la santé publique.

L’ancienne garde s’est discréditée dans tous ces domaines. Nous vivons un grand bouleversement où la classe dirigeante déplorable et complaisante est renversée et remplacée. Cela ne se produit pas d’un seul coup ni même en une seule étape du changement.

Comme le montre la victoire de Liz Truss, le changement est là et il est loin d’être terminé. Les confinements représentaient le triomphe néfaste d’une idée abominable qui aurait pu anéantir tous les idéaux les plus nobles de notre civilisation. Cela a été fait par les mains de certaines personnes alors que d’autres qui auraient dû s’exprimer sont restées silencieuses. Il y a un prix à payer maintenant pour ceux qui l’ont fait ou qui se sont tus alors que nous avions plus que jamais besoin de courage et de vérité.

Jeffrey Tucker est le fondateur et le président de l’Institut Brownstone. Il est l’auteur de plusieurs milliers d’articles dans la presse scientifique et populaire, ainsi que de 10 livres en cinq langues, dont Right-Wing Collectivism: The Other Threat to Liberty (Collectivisme de droite : l’autre menace pour la liberté) et Liberty or Lockdown (Liberté ou confinement).

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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