Cannabis: pour payer leur passeur, des migrants étaient contraints de «jardiner» dans deux fermes du Loiret

10 mars 2020 17:56 Mis à jour: 13 mars 2020 18:53

Huit personnes ont été récemment mises en examen à Paris après le démantèlement de fermes de cannabis dans le Loiret, un dossier où se mêlent migrants vietnamiens et trafiquants de banlieue, a-t-on appris de source policière mardi.

« C’est la première fois qu’on voit apparaître ce lien », estime un responsable de l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre (Ocriest), qui a mené l’enquête.

Le recours à des migrants vietnamiens dans des plantations de cannabis en Europe, où ils sont contraints de travailler pour payer leur voyage clandestin vers la Grande-Bretagne, est un fait criminel bien documenté. Mais il est beaucoup plus rare que ces fermes dépendent d’un trafiquant issu des cités, juge cette même source.

Les policiers ont interpellé ces quatre hommes et quatre femmes la semaine dernière, dans le Loiret et la banlieue parisienne.

Trois personnes ont été écrouées, dont un trafiquant déjà connu des services. Les autres mis en cause ont été placés sous contrôle judiciaire.

Selon le récit d’une source policière, l’enquête a démarré fin 2018, après un renseignement qui a mis les policiers de l’Ocriest sur la piste d’une filière d’aide à l’entrée et au séjour de Vietnamiens désireux de rejoindre l’Angleterre depuis la France.

Pour financer leur voyage estimé entre 20 000 et 40 000 euros, trois migrants suivis par les policiers chargés de la lutte contre l’immigration clandestine ont été contraints de « jardiner » dans deux fermes de cannabis de la région de Montargis.

Les policiers estiment que de 460 à 600 mètres ont pu y être cultivés. Une évaluation nourrie par le matériel retrouvé sur place même si aucune saisie de drogue n’a été effectuée.

Tous les plants de cannabis ont en effet été enlevés par le donneur d’ordre, un trafiquant connu en région parisienne, alerté par les jardiniers vietnamiens qui pensaient avoir découvert un dispositif de surveillance en février 2019.

Furieux, cet homme a décidé de séquestrer pendant huit jours l’un des jardiniers vietnamiens lanceur d’alerte, qui sera finalement libéré, vraisemblablement après avoir été sérieusement maltraité.

Après des mois d’enquête, le trafiquant a été interpellé mardi dernier, avec l’aide du Raid, en compagnie d’un proche qui lui servait de prête-nom. Sa compagne, au train de vie dispendieux malgré des revenus officiels limités aux minima sociaux, a également été arrêtée puis placée en détention.

Ces interpellations ont été complétées par celles de la propriétaire des fermes du Loiret, née en 1953, et de son concubin présenté comme un « vieux du cru ».

Celui-ci est suspecté d’avoir été « au contact direct des ouvriers vietnamiens » et d’avoir écoulé parallèlement un peu d’herbe pour son propre profit, avec l’aide de sa fille et de son petit copain.

Eux aussi ont été interpellés. Une Vietnamienne, propriétaire d’un appartement dans le « 93 », complète le coup de filet des policiers. Le volet de l’enquête ciblant le réseau d’immigration clandestine, lui, se poursuit.

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