Logo Epoch Times

Afghanistan : l’espoir de retrouver des survivants s’amenuise après le séisme meurtrier

top-article-image

Trois jours après le séisme dévastateur qui a frappé l'est de l'Afghanistan, les chances de retrouver des survivants dans les décombres diminuent drastiquement. Le bilan s'alourdit à plus de 1.400 morts, tandis qu'une nouvelle secousse mardi soir replonge les populations dans l'angoisse.

Photo: : WAKIL KOHSAR/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 8 Min.

Trois jours après le séisme dévastateur qui a frappé l’est de l’Afghanistan, les chances de retrouver des survivants dans les décombres diminuent drastiquement. Le bilan s’alourdit à plus de 1.400 morts, tandis qu’une nouvelle secousse mardi soir replonge les populations dans l’angoisse.

Un bilan qui ne cesse de s’alourdir

Le tremblement de terre qui a touché durant la nuit de dimanche à lundi des zones reculées du pays pourrait affecter « des centaines de milliers » de personnes, selon l’ONU. Les autorités talibanes ont revu à la hausse mercredi le bilan de la catastrophe, portant le nombre de victimes à 1.411 morts et 3.124 blessés, faisant de ce séisme l’un des plus meurtriers de l’histoire récente du pays.
La quasi-totalité des victimes ont été recensées dans la province de Kounar, épicentre de la tragédie, mais les provinces voisines de Laghman et de Nangarhar ont également été sévèrement touchées. L’épicentre de ce nouveau tremblement de terre se situe à quelques kilomètres de celui qui a fait plus de 1400 morts dimanche, aggravant encore la situation des populations déjà traumatisées.
Une nouvelle secousse ravive les traumatismes
Mardi soir, un deuxième séisme, de magnitude 5,2, frappe l’Afghanistan dans les provinces frontalières du Pakistan, replongeant des milliers de familles déjà éprouvées dans l’horreur. Cette nouvelle secousse, bien que moins puissante que la précédente, a semé la panique parmi les survivants qui campaient encore à l’extérieur par crainte des répliques.
Les équipes de secours, déjà mobilisées depuis trois jours, ont dû temporairement suspendre leurs opérations de recherche dans certaines zones, le temps d’évaluer la stabilité des structures endommagées. Cette interruption coïncide tragiquement avec l’amenuisement naturel des chances de survie pour les personnes encore ensevelies sous les décombres.
Des opérations de secours entravées par le terrain
Dans le district de Nourgal, épicentre de la catastrophe, les conditions géographiques compliquent considérablement les opérations de sauvetage. Ijaz Ulhaq Yaad, haut fonctionnaire local, confirme que des habitants sont encore prisonniers sous les décombres, mais que les secours peinent à les atteindre en raison de l’accessibilité difficile du terrain montagneux.
Les glissements de terrain provoqués par le séisme initial ont coupé plusieurs voies d’accès vers les villages les plus reculés. L’ONG Save the Children illustre ces difficultés en rapportant qu’une de ses équipes a dû marcher 20 kilomètres pour « atteindre un village coupé du monde par des éboulements, transportant de l’équipement médical sur leurs dos ».
Malgré ces obstacles, le ministère de la Défense taliban a organisé un pont aérien d’envergure : en deux jours, 155 vols d’hélicoptère ont permis d’évacuer quelque 2.000 blessés et leurs proches vers des hôpitaux régionaux mieux équipés.

Des besoins humanitaires criants

À Mazar Dara, village particulièrement touché de la province de Kounar, la situation illustre l’ampleur des besoins. Une petite clinique mobile a été déployée pour apporter des soins d’urgence aux blessés, mais aucune tente n’a été montée pour abriter les rescapés, contraints de dormir à la belle étoile par crainte de nouvelles secousses.
Cette précarité révèle l’absence de plan structuré de la part des autorités talibanes pour la phase post-catastrophe. Aucune stratégie claire n’a été communiquée concernant l’aide financière aux sinistrés, les solutions de relogement d’urgence ou, à plus long terme, la reconstruction des zones sinistrées.
Hamdullah Fitrat, porte-parole adjoint du gouvernement, s’est contenté d’indiquer qu’un camp de stockage des fournitures d’urgence avait été établi dans le district de Khas Kunar, tandis que deux centres opérationnels ont été ouverts près de l’épicentre pour « gérer le transfert des blessés, l’enterrement des martyrs et les opérations de secours pour les rescapés ».

Une réponse internationale entravée par l’isolement politique

L’Afghanistan, dont les autorités talibanes ne bénéficient de reconnaissance diplomatique que de Moscou, souffre des récentes coupes dans l’aide humanitaire internationale, particulièrement américaine. Cette situation complique considérablement la mobilisation des ressources nécessaires pour faire face à une catastrophe de cette ampleur.
Face au désastre, les agences onusiennes ont néanmoins toutes lancé des campagnes d’appel aux dons et ont déjà débloqué cinq millions de dollars du fonds mondial d’intervention d’urgence de l’ONU. Cependant, cette somme reste largement insuffisante au regard des besoins identifiés.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déjà signalé mardi soir manquer de trois millions de dollars pour mettre en œuvre sa réponse d’urgence complète. Cette pénurie financière limite drastiquement la capacité d’intervention des organisations humanitaires sur le terrain.
Risques sanitaires émergents
L’OMS a par ailleurs souligné dans un communiqué le risque d’apparition d’épidémies « au sein de populations déplacées déjà vulnérables ». Les conditions d’hygiène précaires, l’accès limité à l’eau potable et la promiscuité dans les abris de fortune créent un environnement propice à la propagation de maladies infectieuses.
Cette préoccupation sanitaire s’ajoute aux défis logistiques et sécuritaires auxquels font face les équipes médicales. Les structures hospitalières locales, déjà fragilisées par des années de conflit et de sous-investissement, peinent à absorber l’afflux massif de blessés.

Un pays habitué aux catastrophes sismiques

Cette tragédie rappelle la vulnérabilité particulière de l’Afghanistan aux phénomènes sismiques. Après leur retour au pouvoir en 2021, les Talibans avaient déjà été confrontés au séisme le plus meurtrier en 25 ans : en 2023, dans la région d’Hérat, à l’extrémité occidentale du pays, plus de 1.500 personnes avaient péri et plus de 63.000 habitations avaient été détruites.
L’Afghanistan subit régulièrement des tremblements de terre, particulièrement dans la chaîne montagneuse de l’Hindou Kouch, située près de la jonction des plaques tectoniques eurasienne et indienne. Selon Brian Baptie, sismologue au British Geological Survey, le nord-est du pays a connu depuis 1900 douze séismes d’une magnitude supérieure à 7.

Perspectives sombres pour les opérations de sauvetage

Alors que la fenêtre critique de 72 heures pour retrouver des survivants dans les décombres touche à sa fin, les équipes de secours afghanes et internationales entament probablement leurs dernières heures d’espoir. Les conditions météorologiques, avec des nuits fraîches en altitude, réduisent encore les chances de survie pour les personnes potentiellement ensevelies.
Cette course contre la montre s’effectue dans un contexte de ressources limitées et d’isolement international qui handicape lourdement la réponse à cette catastrophe naturelle majeure. L’Afghanistan, déjà fragilisé par des décennies de conflit et une crise économique profonde, peine à mobiliser les moyens nécessaires pour faire face à cette nouvelle épreuve qui marque tragiquement l’histoire contemporaine du pays.