Euthanasie, avortement… Quand le droit perd ses limites

Par Jean-Philippe Delsol
1 avril 2023 17:26 Mis à jour: 1 avril 2023 17:26

La volonté du président de la République d’inscrire dans la Constitution la “liberté” de recourir à l’IVG dans le cadre de sa future réforme des institutions, est d’abord démagogique.

Elle court à peu de frais après les voix de la gauche qu’elle risque au demeurant de heurter pour évoquer la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse, votée par le Sénat, plutôt que le droit des femmes à l’avortement proposé par l’Assemblée. Pour modifier la Constitution sans passer par un référendum trop dangereux dans notre temps d’incertitudes politiques, M. Macron a besoin des voix sénatoriales et proposera sans doute un texte ambigu pour que la Constitution garantisse la liberté effective de l’avortement.

Au-delà de la démagogie, une telle révision constitutionnelle contribuerait à augmenter la confusion quant à la consistance et au périmètre de l’État de droit qui régit nos libertés. Celles-ci sont garanties de manière générale par l’article 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 selon lequel « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi ». Les droits et les libertés s’imbriquaient alors comme des remparts contre l’abus des pouvoirs. Ces droits-liberté, ou « droit de » ont été peu à peu remplacés ou complétés, notamment depuis le préambule de la Constitution de 1946, par des droits-créances, ou « droits à » la santé, un emploi, un logement… octroyant à certains des droits sur les autres sans que ceux-ci y aient consenti.

Antérieurement, le seul droit-créance que la société reconnaissait peu ou prou, dans l’esprit de la philosophie grecque, du droit latin et de la pensée judéo chrétienne, était le droit à la vie. Certains sont d’avis que chacun est propriétaire de son corps, mais cela n’en justifie pas l’irrespect. Ceux qui pensent que l’homme est une créature de Dieu estiment que la vie étant le don le plus précieux que nous ayons reçu, ils ont le devoir moral de l’entretenir, la réparer, l’améliorer, mais aussi de ne pas en détruire ni modifier fondamentalement les composants constitutifs qui, d’une certaine manière, ne leur appartiennent pas. Ils craignent, à juste titre, les folies prométhéennes de ceux qui prétendent se substituer à Dieu. Pour d’autres, la raison, avec Kant, suffit à considérer que l’homme ne peut pas utiliser son corps ou celui d’autrui comme une chose voire seulement comme un moyen. Il doit le respecter en tant qu’il est lié à la fin qui lui est propre et de ce fait, il ne peut pas le transformer indument ni le supprimer de sa seule volonté. La dignité consiste ainsi à respecter l’intégrité de l’être, celle de l’autre comme celle de soi-même. Ce qui explique aussi les réticences à l’égard de l’euthanasie, du changement de genres ou de la GPA. Mais nul ne peut ignorer ni les cas particuliers ni les souffrances humaines. Il faut donc trouver la juste mesure.

Article écrit par Jean-Philippe Delsol. Publié avec l’aimable autorisation de l’IREF.

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