Faute de pouvoir écouler leurs fruits de mer, des pêcheurs anglais restent à quai

Par afp
21 décembre 2020 22:20 Mis à jour: 21 décembre 2020 22:27

Un « désastre ». Dans le nord de l’Angleterre, des pêcheurs de fruits de mer sont restés à quai lundi, empêchés d’écouler leurs prises hautement périssables après la fermeture de la frontière française en pleine pandémie, un coup dur en cette période normalement faste de Noël.

« Nous n’avions jamais été confrontés à cette situation avant, jamais. Maintenant c’est la deuxième fois à cause du Covid » cette année, se désole Matthew Barnes, 33 ans, qui pêche la coquille Saint-Jacques au large du port de Scarborough.

Au printemps déjà, « nous avions dû arrêter de pêcher pendant un mois, ce qui a été un désastre financier », explique-t-il.

Faute de pouvoir écouler les précieux mollusques aux usines de transformation qui les expédient ensuite vers le continent via la France, le pêcheur a renoncé à sortir en mer avec son bateau, qui en ramène habituellement trois tonnes quotidiennes.

« Nous avons dû arrêter de pêcher parce qu’ils ne peuvent pas expédier notre produit », déplore celui qui pêche depuis qu’il a 10 ans, une tradition familiale.

Des chaînes d’approvisionnement bousculées

Après la découverte d’une nouvelle variante du nouveau coronavirus plus contagieuse, de nombreux pays ont suspendu les arrivées en provenance du territoire britannique, bousculant ses chaînes d’approvisionnement, très dépendantes des rotations de camions.

La France a ainsi interdit le transport accompagné de marchandises pendant 48 heures, entraînant une fermeture de port de Douvres, principale porte de sortie transmanche en Angleterre, dans le sens des départs. Un problème aigu pour les exportateurs de fruits de mer, empêchés d’expédier leurs cargaisons très périssables vers le continent, où elles sont très recherchées en cette période festive.

Pour Matthew Barnes, l’impact immédiat en termes de prises est limité, car il s’agissait de toute façon de son dernier jour de pêche avant une pause hivernale et la reprise d’activité début janvier.

« Mais si cela dure plus de deux semaines, alors oui », il craint un nouveau « désastre ». Il subit déjà une baisse des prix en raison du climat d’incertitude découlant de la pandémie, auquel s’ajoutera bientôt la fin de la période de transition post-Brexit.

« Noël et le Nouvel An sont toujours de grands marchés pour le secteur britannique des fruits de mer, avec une envolée des prix et de la demande. Mais pas cette année », constate-t-il.

Ultimes négociations

Le Royaume-Uni et l’Union européenne sont engagés dans d’ultimes négociations, très ardues, pour tenter de parvenir à un accord commercial avant le 31 décembre, quand le Royaume-Uni sortira du marché unique et de l’union douanière. Mais celles-ci buttent notamment sur la pêche et le partage des eaux territoriales britanniques.

Selon Seafish, association britannique représentative du secteur, les exportations vers la France de fruits de mer pour consommation humaine avaient atteint 7.417 tonnes en décembre 2019 pour une valeur de 62,8 millions de livres sterling (68 millions d’euros).

« L’Europe est un marché important pour certains des fruits de mer britanniques à haute valeur ajoutée, dont les coquilles Saint-Jacques qui sont exportées vivantes et hautement périssables », a souligné Aoife Martin, directrice des opérations de Seafish.

« Noël est l’une des périodes les plus chargées de l’année » et « nous savons que de nombreuses entreprises de fruits de mer sont affectées, surtout en Ecosse », a-t-elle ajouté dans un communiqué transmis à l’AFP.

Une part à l’exportation importante

En Ecosse, la Scottish Seafood Association a appelé le gouvernement à compenser ses membres « qui vont perdre des millions de livres » à cause de la fermeture de la frontière française. C’est un « désastre » pour des entreprises déjà frappées de plein fouet par la première vague de la pandémie en mars, a souligné son directeur général, Jimmy Buchan, sur Twitter.

Pêcheur de crabes à Scarborough, Sam Crowe, 26 ans, a également fait une croix, à contre-coeur, sur une sortie en mer qui s’annonçait rémunératrice.

« Je n’ai pas beaucoup d’argent à la banque pour vivre. On s’attendait à une bonne sortie en mer pour Noël, qui aurait pu nous rapporter pas mal d’argent. Evidemment, tout a été arrêté », regrette-t-il. Ses prises sont principalement destinées à l’exportation: « il est impossible que la population anglaise mange (…) tout ce que l’on pêche! ».

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