Handicap: une « oasis » au vert pour des enfants déscolarisés près de Nantes

Par Epoch Times avec AFP
13 avril 2024 10:32 Mis à jour: 13 avril 2024 10:35

De petites maisons en pierre, des ânes, une rivière. Tiphaine de Saint-Vincent a voulu un cadre « paisible », au vert, pour les enfants en situation de handicap et déscolarisés que son association accueille à Couëron, près de Nantes, depuis septembre.

Malo, son fils de 8 ans, est atteint d’un trouble neurologique. Du fait d’un retard d’apprentissage, il a été déscolarisé à la dernière rentrée, après cinq ans de maternelle. Inscrit sur liste d’attente pour intégrer une classe Ulis, spécialisée dans l’accueil d’enfants handicapés, ou un institut médico-éducatif (IME), il fréquente en attendant le lieu d’accueil fondé par ses parents, l’Oasis des talents.

Une quinzaine d’enfants et d’adolescents en situation de handicap intellectuel sont inscrits deux après-midi par semaine dans ce « tiers lieu » entouré d’animaux et de verdure, où ils suivent des ateliers d’éducation spécialisée, de sport, de psychomotricité ou de ludothérapie. « Ces enfants, après la maternelle, on leur dit : ‘tu peux rentrer chez toi car ta place n’est pas ici’. Ils savent qu’ils sont exclus et surtout c’est un âge où ils ont besoin des autres. Sinon, ils régressent », affirme Tiphaine de Saint-Vincent, 36 ans.

« Offrir stimulation et sociabilisation aux enfants »

Au début de l’année, Soumaya, petite fille de 7 ans atteinte d’un autisme sévère, passait ses séances de ludothérapie assise seule, toujours dans le même coin, avec le même jouet dans les mains, raconte Delphine Maire, l’une des accompagnantes. « Aujourd’hui, elle sort de son environnement, elle explore, elle interagit avec les autres. À son échelle, elle prend des risques », explique-t-elle. Assise sur un tapis coloré, en pleine dinette, la petite fille lui sert une tasse de thé imaginaire.

En cours de sport, Hamza, 13 ans, tire des ballons entre deux plots. D’entrée, avant de se présenter, l’adolescent réclame une date de naissance : il sait, de tête, en retrouver le jour de la semaine. Atteint d’un syndrome d’Asperger sévère, Hamza est aussi sur liste d’attente pour intégrer un IME. En attendant, sa mère le dépose au collège chaque jour, pour deux heures de cours. « Pas plus, faute d’AESH (accompagnants d’élève en situation de handicap) », explique Afef Letaief, 41 ans, qui dit se consacrer à son fils « à 100% ».

Ancienne professeur d’anglais, Tiphaine de Saint Vincent aussi a arrêté de travailler pour s’occuper de son fils à plein temps. L’Oasis des talents, structure gratuite et financée exclusivement par des fonds privés, a été créé avec trois objectifs, explique-t-elle : « Offrir stimulation et sociabilisation aux enfants, et aussi du répit à leurs parents. » « Une maman a pleuré devant moi. Quand on élève à plein temps un enfant qui peut avoir besoin d’attention jour et nuit, le huis clos devient parfois difficile », affirme la jeune femme.

Des milliers d’enfants handicapés n’ont pas accès à une scolarisation adaptée

Des milliers d’enfants en situation de handicap n’ont pas accès en France à une scolarisation adaptée, déplorait en septembre l’Unapei, l’une des principales associations dans le secteur du handicap intellectuel. D’après une étude menée auprès d’un échantillon de 2103 enfants accompagnés par ses antennes locales, dans six régions en France, 23% d’entre eux n’ont « aucune heure de scolarisation » par semaine, 28% entre 0 et 6 heures, 22% entre 6 et 12 heures et 27% bénéficient de plus de 12 heures d’enseignement hebdomadaire.

D’après les chiffres du gouvernement, le nombre d’enfants handicapés accueillis à l’école était en forte hausse à la dernière rentrée par rapport aux dernières années : ils étaient plus de 430.000, soit 34% de plus qu’en 2017. Le nombre d’AESH a aussi progressé de 42% depuis 2017, selon la même source.

Tiphaine de Saint-Vincent, comme d’autres associations en France, déplore cependant des « manquements » de l’État vis-à-vis de l’accompagnement des enfants en situation de handicap. « On ne peut pas ne rien proposer, ces enfants ont besoin de repères : des ateliers, des camarades, un parc, c’est déjà ça. »

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