Histoires de sources

16 mars 2015 22:12 Mis à jour: 5 août 2015 22:20

 

Avec ses 4500 rivières et un demi-million de lacs, 10 % du territoire québécois est couvert d’eau douce. Au total, 3 % des réserves en eau douce renouvelable de la planète se trouvent au Québec : une richesse inestimable. Bien des pays n’ont pas autant d’eau, certains ont une eau tellement polluée que leurs habitants ne peuvent même pas la boire, alors que dans les campagnes québécoises, en bien des endroits, une eau pure jaillit entre deux roches. Pour célébrer la journée mondiale de l’eau, voici quelques histoires de sources des Laurentides.

Une source dans ses robinets

Lorsqu’elle a acheté sa maison à Saint-Adolphe-d’Howard il y a un an et demi, Héma-Claudia Hénault était loin de se douter qu’elle prendrait son bain dans de l’eau de source qui coulerait directement dans ses robinets.

La maison n’ayant pas été habitée pendant longtemps, l’eau avait stagné dans les tuyaux et avait un goût ferreux. La première analyse révélant une forte présence de coliformes, la nouvelle propriétaire ne buvait pas l’eau provenant de son puits de surface et l’utilisait seulement pour laver et cuisiner.

Après huit mois, Mme Hénault a trouvé que son eau avait un meilleur goût. Elle est donc allée la faire analyser dans une boutique où elle comptait acheter le nécessaire pour améliorer cette eau et la rendre potable. «Le gars m’a dit : « Avez-vous acheté une bouteille d’eau de source Madame? Je n’ai jamais vu une eau aussi belle et aussi pure que ça dans toutes les analyses qu’on a faites. »», raconte l’heureuse propriétaire qui boit désormais cette eau et peut même en remplir sa baignoire pour se laver!

Cette histoire a l’air unique et pourtant, dans les campagnes, la plupart des gens qui ne vivent pas dans les villes et villages ont leur propre puits, et bon nombre d’entre eux ont de la bonne eau.

L’hiver, les sources s’enjolivent de jolies décorations naturelles. (Nathalie Dieul)

Une source près de chez soi

Parmi ceux qui sont desservis par le réseau d’aqueduc, plusieurs se fournissent à une source pour avoir une eau qui ne goûte pas le chlore. Ainsi, Hildegard Franke, une résidente de la ville de Sainte-Agathe-des-Monts, âgée de 87 ans, se rend régulièrement à une source à quelques kilomètres de chez elle avec ses bouteilles de quatre litres.

«Je sens la différence de goût avec l’eau du robinet, même dans mon café, assure-t-elle. Je bois beaucoup d’eau et j’aime l’eau. Alors, pour moi, peu importe mon âge, aller chercher de l’eau n’est pas un effort.»

La dame se rend en voiture à cette source depuis cinq ans, depuis son déménagement dans la ville même de Sainte-Agathe, où sa maison est desservie par le réseau d’aqueduc municipal. Auparavant, dans son autre maison à quelques kilomètres de là, son puits leur fournissait, à elle et à son mari, une eau «toujours magnifique».

Lorsqu’elle a commencé à fréquenter cette source, l’eau était moins facile d’accès qu’aujourd’hui pendant l’hiver. Son mari lui avait fabriqué un crochet pour qu’elle puisse faire descendre son bidon dans le trou laissé par la glace, de manière à atteindre l’endroit où l’eau sortait d’un tuyau entre deux roches. Depuis, le trou est un peu plus gros et facile d’accès, et le décès de son mari n’a pas mis fin à ce rituel : Mme Franke continue d’aller à la source. Pourtant, l’hiver, la glace qui entoure la source rend les abords peu sécuritaires pour une dame de son âge. Peu importe, elle se fait régulièrement aider par une amie plus jeune qu’elle a rencontrée… à la source!

Il y a toujours du monde à cette source qui coule à l’année. Les gens viennent parfois de loin pour remplir leurs bouteilles, certains venant même de Montréal (une centaine de kilomètres) ou d’Ottawa (180 kilomètres). Certaines personnes disent que l’eau a été analysée, mais la grande majorité n’a pas de preuve écrite ni récente que l’eau est bonne, seulement une percerption intuitive qu’elle est bien meilleure que l’eau embouteillée ou l’eau du robinet.

Il y a quand même un risque à boire cette eau, même si, depuis cinq ans, Mme Franke n’est jamais tombée malade à cause de l’eau, elle a toujours senti que cette eau était sécuritaire.

Une source municipale sécuritaire et gratuite : un bel exemple de mise en valeur

Sur le bord de la route 323 qui traverse le village de Saint-Rémi-d’Amherst, à une vingtaine de kilomètres de Mont-Tremblant, un panneau indique une halte routière avec un point d’eau. Un petit kiosque hexagonal, ouvert d’un côté, protège une source mise en valeur de manière exceptionnelle. Ici, pas de plaques de glace qui rendent dangereuse l’opération de remplissage des bouteilles : tout est bien pensé pour qu’il soit facile et sécuritaire de les remplir.

Le petit kiosque qui protège la source de Saint-Rémi-d’Amherst. (Nathalie Dieul)

Tout comme à Sainte-Agathe-des-Monts, les voitures arrêtent les unes après les autres, sans discontinuer, et chacun discute joyeusement le temps de faire le plein. Les habitants d’Ottawa qui vont faire du ski à Mont-Tremblant ont pris l’habitude d’arrêter à la source sur le chemin du retour.

Une conversation téléphonique avec Guylain Charlebois, inspecteur en bâtiment et en environnement à la municipalité d’Amherst, nous apprend que la mise en valeur de cette source a été faite il y a une dizaine d’années.

«À un moment donné, on avait des problèmes avec notre réseau d’eau potable, c’est pour ça que nous avons mis ça à la disposition des gens pour ne pas être obligés de faire bouillir l’eau pour la consommation», a-t-il confié à Époque Times. La transformation du puits dans lequel les gens puisaient l’eau en kiosque s’est faite naturellement aussi parce que le ministère de l’Environnement a obligé à mettre un traitement UV pour que cette eau presque parfaite soit le plus sécuritaire possible.

«L’eau est pompée, elle passe dans un traitement UV et elle est distribuée. Actuellement, elle coule à 10 litres à la minute, 7 jours sur 7, 24 heures par jour. C’est mis à la disposition des gens, sans frais», précise M. Charlebois.

En plus d’offrir en abondance une eau analysée régulièrement par la municipalité, la source de Saint-Rémi-d’Amherst est très pratique. (Nathalie Dieul)

La ville analyse l’eau de la source au même titre qu’un réseau d’eau potable distribué par aqueduc. Les municipalités des alentours ont même envoyé des résolutions à Amherst pour les féliciter d’offrir ce service à tout le monde.

Il s’agit vraiment d’un exemple que bien des gens aimeraient voir se reproduire dans d’autres municipalités. Malheureusement, Guylain Charlebois rappelle : «Ce n’est pas n’importe quelle eau qu’on peut juste traiter seulement par UV. Parfois, ça peut prendre un double traitement : il faut chlorer et traiter aux UV […]»

Pour en savoir davantage : le site www.findaspring.com répertorie quelques sources dans le monde, dont 13 au Québec (mais pas celles mentionnées dans cet article). N’oubliez pas qu’il est de votre responsabilité de tester l’eau d’une source avant de prendre la décision de la consommer.

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