Instagram nuit aux adolescents et Facebook le sait

Par Christia Spears Brown
29 septembre 2021 11:46 Mis à jour: 29 septembre 2021 11:46

En mars 2020, des responsables de Facebook disposaient de recherches en interne montrant qu’Instagram – le réseau social préféré des adolescents – est nuisible à leur image corporelle et à leur bien-être. Mais Facebook a balayé ces conclusions et poursuit ses activités sans s’y attarder, selon un rapport du Wall Street Journal du 14 septembre.

La politique de Facebook, qui consiste à réaliser des profits sans tenir compte des dommages avérés, a suscité des comparaisons avec l’industrie du tabac, qui savait dans les années 1950 que ses produits étaient cancérigènes, mais qui l’a publiquement nié jusqu’au 21e siècle. Ceux d’entre nous qui étudient l’utilisation des réseaux sociaux chez les adolescents n’ont pas attendu une étude en interne supprimée pour remarquer qu’Instagram peut nuire aux adolescents. De nombreux articles et recherches le démontrent.

Il est important de comprendre les effets des réseaux sociaux sur les adolescents, car presque tous les adolescents y vont quotidiennement. Un sondage du Pew Research Center montre que 89 % des adolescents déclarent être en ligne « presque constamment » ou « plusieurs fois par jour ».

Les adolescents sont plus susceptibles de se connecter à Instagram que tout autre réseaux social. C’est une partie omniprésente de leur vie. Pourtant, les études montrent systématiquement que plus les adolescents utilisent Instagram, plus leur bien-être général, leur estime de soi, leur satisfaction dans la vie, leur humeur et leur image corporelle se dégradent. Une étude a révélé que plus les collégiens utilisaient Instagram un jour donné, plus leur humeur et satisfaction étaient au plus bas.

Comparaisons malsaines

Mais Instagram n’est pas problématique simplement parce qu’il est populaire. Il y a deux caractéristiques clés d’Instagram qui semblent le rendre particulièrement dangereux. Premièrement, il permet aux utilisateurs de suivre des gens du même âge et des célébrités, qui présentent tous deux une image retravaillée et peu réaliste de leurs corps et qui soignent les apparences d’une vie parfaite.

Si tous les réseaux sociaux permettent aux utilisateurs d’être sélectifs dans ce qu’ils montrent aux autres, Instagram est réputé pour ses capacités de retouche et de filtrage des photos. De plus, c’est la plateforme la plus populaire auprès des célébrités, des mannequins et des influenceurs. Facebook a été relégué aux mamans et aux grands-parents pas très cools. Pour les adolescents, ces célébrités et ces versions retouchées de personnes qui leur ressemblent dans la vie réelle constituent un environnement propice à la comparaison sociale dite ascendante, qui consiste à se comparer à quelqu’un que l’on estime supérieur à soi.

En règle générale, les êtres humains se tournent vers les autres pour savoir comment s’intégrer et juger leur propre vie. Les adolescents sont particulièrement vulnérables à ces comparaisons sociales. Tout le monde se souvient avoir eu peur de ne pas être à sa place au lycée. Instagram exacerbe cette inquiétude. Il est déjà difficile de se comparer à un mannequin qui a l’air incroyable (bien que ce soit retouché) ; cela s’empire lorsqu’on se compare à une Natalie tout autant retouchée au bout du couloir.

En se comparant négativement aux autres, on en vient à leur envier une vie et un corps apparemment parfaits. Récemment, des spécialistes ont essayé de combattre cet impact en rappelant aux utilisateurs d’Instagram que ces posts ne reflètent pas la réalité.

Cela n’a pas fonctionné. Les comparaisons négatives, presque impossibles à arrêter, conduisent systématiquement à la jalousie et la baisse de l’estime de soi. Même dans les études où les participants savaient que les photos qu’on leur montrait sur Instagram étaient retouchées et remodelées, les adolescentes se sentaient toujours moins bien dans leur corps après les avoir regardées. Pour les filles qui ont tendance à faire beaucoup de comparaisons sociales, l’impact est des plus néfastes.

Objectivation et image corporelle

Instagram est également risqué pour les adolescents, car l’accent mis sur les photos du corps amène les utilisateurs à se concentrer sur l’apparence physique telle que vue par les autres. Les recherches montrent que pour les filles et de plus en plus pour les garçons – le fait de penser à leur propre corps en tant qu’objet d’une photo exacerbe les inquiétudes liées à l’apparence, ce qui les conduit à avoir honte de leur corps. Le simple fait de prendre un selfie pour le poster plus tard accentue le malaise.

Le fait d’être un objet pour les autres n’aide pas la « génération selfie » à se sentir plus forte ni plus assurée, c’est exactement le contraire. Les problèmes qui en découlent ne sont pas insignifiants, car l’insatisfaction corporelle à l’adolescence est un facteur important et constant de troubles alimentaires ultérieurs.

Facebook a reconnu en interne ce que les spécialistes étudient depuis des années : Instagram peut être dangereux pour les adolescents. Les parents peuvent y remédier en parlant à leurs adolescents de la différence entre l’apparence et la réalité, en les encourageant à côtoyer physiquement les autres instagrammeurs et à utiliser activement leur corps au lieu de se concentrer sur des selfies.

La grande question sera de savoir comment Facebook va réagir face à ces constats. L’histoire montre que les tribunaux ont été moins indulgents envers la politique de l’autruche de l’industrie du tabac.

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