Jura : à 94 ans, Jeanne emménage en colocation dans une résidence de sept personnes âgées

Par Nathalie Dieul
3 décembre 2020 20:20 Mis à jour: 3 décembre 2020 20:20

Au lieu de vivre dans un Ehpad ou de vivre chez elle dans la solitude, Jeanne, 94 ans, vient d’emménager dans une colocation conçue spécialement pour des personnes âgées en perte d’autonomie, à Deschaux dans le Jura.

Une colocation à échelle humaine : c’est la formule proposée par le groupe Âges et Vie. Les résidents sont répartis dans deux maisons où habitent sept d’entre eux, avec une grande cuisine et un salon reliant les deux bâtiments.

À 94 ans, Jeanne vivait dans un établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes avant de déménager dans cette colocation située près de Dole vers la mi-novembre.

“C’est plus calme ici, je pense que c’est mieux organisé que dans un Ehpad”, reconnaît Jeanne à la caméra de France 3.

Ici, chacun a sa chambre mais peut participer à la vie collective à son gré. Par exemple, tous les repas sont faits maison, les colocataires établissant les menus, et ils peuvent participer à l’élaboration des plats s’ils le désirent.

« Il faut qu’ils préservent leur autonomie, alors ils nous aident au maximum à éplucher les légumes, faire des gâteaux », précise Nathalie Barnay, responsable de la maison.

Ainsi, une colocataire de Jeanne épluche quelques carottes en expliquant : « Ça nous fait du bien, on ne reste pas sans rien faire, cela nous occupe l’esprit. »

Cette dame raconte par ailleurs son histoire : « Ça fait des années que mon mari est décédé. J’étais seule, je n’arrivais plus à m’occuper de moi, car je perds la vue. Ici, tous sont gentils, les personnes de mon âge, on est tous au même point. »

Jeanne a pu apporter ses petites affaires pour décorer sa chambre : « Ma lampe, mes poupées, ma TV, mon petit meuble, là au mur, j’ai les photos de mes petits-enfants. » Une fois les aides déduites, le loyer lui revient entre 1 600 et 1 700 euros.

Le cadre de vie à taille humaine est sécurisant en plus d’être convivial, puisque six auxiliaires de vie se relaient 24 heures sur 24. Deux de ces personnes habitent à l’étage, en alternant les gardes de nuit.

Les colocataires formant une nouvelle famille, ils ne portent pas le masque en cette période d’épidémie. Seul le personnel le porte. « Quelques mois après l’apparition du coronavirus, nous sommes convaincus que le dispositif Âges & Vie mêlant architecture bienveillante et organisation à taille humaine […] est un choix optimum pour les personnes âgées dépendantes. Une solution qui protège sans isoler », affirment les concepteurs de ces colocations sur leur page Facebook.

« Pour des gens qui sont encore relativement autonomes, l’Ehpad c’est pas le top », a reconnu Patrick Jacquot, le maire de Deschaux lors de l’inauguration de la colocation le 22 octobre dernier. « Ce concept Âges et Vie, c’est l’idéal dans nos villages ruraux. »

Le concept des colocations d’Âges et Vie permet d’héberger environ 400 personnes dans différentes maisons en Bourgogne France-Comté et dans les Vosges. Dans certaines d’entre elles, les chats des résidents sont même acceptés comme colocataires !

Selon le site Internet des domiciles partagés, on apprend que le concept est en plein développement et que le groupe prévoit de proposer 300 colocations différentes, réparties dans toute la France, d’ici 2023.

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