Kobe Bryant était une légende vivante du basket, mais jusqu’au bout, il a été un père aimant et un ami ordinaire

Par CNN
4 février 2020 17:44 Mis à jour: 4 février 2020 18:42

Dans le vaste sanctuaire de l’Église catholique Notre-Dame-Reine-des-Anges, un personnage plus grand que nature s’est mêlé à des paroissiens ordinaires dans les dernières heures de sa vie.

Des gouttes d’eau bénite ont brillé sur le front de l’un des visages les plus reconnaissables dans le domaine du sport, alors qu’il traversait la chapelle avant la messe matinale de dimanche dernier à la paroisse de Newport Beach, en Californie.

Kobe Bryant, 41 ans, 18 fois All Star, qui a remporté cinq championnats de NBA avec les Los Angeles Lakers, a serré la main du père Steve Sallot et a demandé à faire sa confirmation, un sacrement qui renforçait son engagement envers l’Église catholique.

Il aurait été difficile de ne pas remarquer l’un des plus grands joueurs de basket de tous les temps. Mais Bryant a toujours souhaité être considéré comme un fidèle parmi d’autres, assis sur un banc à l’arrière pour ne pas détourner l’attention de la priorité solennelle des messes.

Bryan a débuté cette journée particulière dans un long moment de prière et de recueillement, pour se terminer dans un horrifiant fracas de métal entremêlé de flammes incandescentes.

Bryant, Gianna, sa fille de 13 ans, et sept autres personnes ont péri dimanche 26 janvier dans les collines escarpées de Calabasas. L’impact de la nouvelle s’est répandu très vite, déclenchant une véritable vague d’émotion dans le monde entier.

Gianna considérée comme l’héritière d’un succès inégalé

Après 20 ans d’une brillante carrière en NBA, Bryant a souvent été vu en compagnie de sa fille Gianna, une jeune joueuse talentueuse, lors de matchs de basket-ball. Convaincu qu’elle aussi était vouée à la réussite, lui et son épouse Vanessa ont vu en elle, la deuxième de ses quatre filles, – avec Natalia, Bianka et Capri – l’héritière de son talent.

Dimanche dernier, Bryant devait entraîner l’équipe des Lady Mambas de Gianna contre les Lady Heat de Fresno à son Académie des sports Mamba, dans la banlieue nord de Los Angeles, à Thousand Oaks. Le tournoi de la Mamba Cup avait déjà commencé, avec des équipes de garçons et de filles du CE2 à la quatrième.

Gianna avait la fibre compétitive de son père. Aspirant à devenir joueuse de la WNBA, elle a naturellement refusé d’écouter les avis d’autrui, selon lesquels son père et sa mère avaient plutôt besoin d’un garçon pour perpétuer l’héritage des Bryant.

Elle était toujours enjouée et motivée quand il s’agissait de basket. Lors d’une apparition en 2018 sur ABC, pendant le Jimmy Kernel Live, Gianna avait déclaré : « Je suis comme ça, je ne vis que pour ça, c’est vrai. Et ça restera ainsi. Vous avez bien entendu ? Vous avez tous entendu ? »

Kobe Bryant, le n° 24 des Lakers de Los Angeles, tient sa fille, Gianna, dans ses bras après que les Lakers ont battu l’Orlando Magic 99-86 lors du cinquième match de la finale NBA 2009 à l’Amway Arena d’Orlando, en Floride, le 14 juin 2009. (Ronald Martinez / Getty Images)

La veille du match de Fresno, Brady Smigiel, un jeune de 13 ans adorateur du basket et grand fan de Kobe Bryant, avait participé à la Mamba Cup avec Beau, son frère jumeau. Le jeune homme s’était juré – au moment opportun pendant le tournoi – de faire un selfie avec son idole.

Mais l’équipe de voyage de Gianna venait de perdre son premier match du samedi, 46 – 29, et l’esprit de haine de la défaite qui caractérise Bryant était visible.

« Bryant était furieux qu’ils aient perdu », a dit Brady à sa mère.

La légende de la NBA n’a pas pris l’appareil photo de Brady. Mais au lieu de cela, il a levé un poing pour le cogner au sien, et ce fut simplement un rêve réalisé ce jour-là pour Brady.

Les Lady Mambas ont gagné leur deuxième match ce jour-là. Ensuite, leur entraîneur s’est déplacé en dehors du terrain. Brady s’est approché. Il a affiché un large sourire, a positionné son objectif et obtenu un selfie flou avec un Bryant gigantesque en arrière-plan.

L’entraîneur, devenu une star, ne s’est pas arrêté dans sa marche, relate Brady. Mais il savait très bien ce que je voulais vraiment obtenir.

Bryant s’adressa à lui en lui disant : « On aura une meilleure photo demain. »

James et Bryant ont une dernière conversation

Quelques heures plus tard, Bryant était sur Twitter, félicitant la superstar des Lakers, LeBron James, de l’avoir relégué au troisième rang des meilleurs scores de l’histoire de la NBA avec 33 655 points. Bryant avait marqué 33 643 points au cours de sa brillante carrière professionnelle.

« [Me voilà qui] continue à faire avancer le jeu @KingJames », a-t-il tweeté. « Beaucoup de respect pour mon frère. »

C’est à Philadelphie, où Bryant est né le 23 août 1978, que James est devenu le troisième meilleur buteur du jeu.

Sur Instagram, Bryant a publié une photo avec James : « Je garde un oeil sur le n° 2. Continue à développer le jeu et à concentrer tes efforts sur le prochain. »

Mais les médias sociaux ne pouvaient pas contenir leur adoration. Ces deux hommes – piliers de leur profession, pierres de touche de la culture sportive, dont les noms sont déjà inscrits dans l’histoire – devaient parler.

« J’ai encore entendu sa voix dimanche matin avant de quitter Philadelphie pour retourner à Los Angeles », écrira LeBron James plus tard sur Instagram, en référence au message de félicitations de Bryant. « Je ne pensais pas un seul instant que ce serait la dernière conversation que nous aurions. »

LeBron James (g) et Kobe Bryant (d) partagent un moment à une conférence de presse avant les Jeux olympiques de Londres 2012 à Londres, en Angleterre, le 27 juillet 2012. (Jeff Gross / Getty Images)

Bryant s’est assuré les services d’un hélicoptère en VTC UBER

Peu de temps après être sorti de Notre-dame-Reine-des-Anges, Bryant a attendu de monter à bord d’un hélicoptère affrété à l’aéroport John Wayne dans le comté d’Orange, à 56 km au sud-est de Los Angeles. Il avait effectué le vol vers Thousand Oaks à plusieurs reprises.

Gianna était là, ainsi que deux de ses coéquipiers : Alyssa Altobelli et Payton Chester.

Les parents d’Alyssa, John et Keri, la mère de Payton, Sarah, l’assistante de l’entraîneur de basketball féminin Christina Mauser et le pilote d’hélicoptère Ara Zobayan étaient également à bord.

Les conditions météo n’étaient pas idéales pour voler dans le sud de la Californie. La visibilité était si faible que les hélicoptères de la police de Los Angeles étaient restés au sol.

Mais, dans cette ville tentaculaire et encombrée par la circulation, les célébrités utilisent la plupart du temps des hélicoptères affrétés par Uber.

Quand il jouait encore, Bryant prenait un hélicoptère privé depuis son domicile d’Orange County pour se rendre à chaque match au Staples Center de Los Angeles. Cela permettait au joueur de passer plus de temps avec ses enfants. Cela lui permettait de préserver ses genoux, son dos et ses pieds si sollicités pendant la longue saison.

Dimanche matin, sur le tarmac, l’équipage des Lady Mambas attendait un Sikorsky S-76B, un appareil très fiable et connu pour sa grande sécurité. C’était le modèle que Bryant préférait.

« C’est la Lincoln Town Car volante pour les officiels », a déclaré le spécialiste de l’aviation Miles O’Brien.

L’hélicoptère que Bryant avait prévu d’embarquer appartenait à Island Express Holding Corp de Van Nuys. En plus des vols charters, il proposait des vols vers l’île de Catalina, et des trajets compris dans des forfaits vacances de tours opérateurs.

La réglementation fédérale n’exigeait pas que l’appareil soit équipé d’un système de surveillance du terrain et d’alerte, un dispositif de sécurité qui avertit les pilotes lorsqu’ils risquent de toucher terre. Il ne devait pas non plus être équipé d’un enregistreur de voix dans le cockpit et d’un enregistreur de données de vol, qui peuvent aider considérablement les enquêteurs en cas de catastrophe.

Ce modèle particulier de Sikorsky, selon les responsables du National Transportation Safety Board, ne possédait aucune de ces trois caractéristiques.

Le pilote est monté plus haut pour éviter une masse nuageuse

L’appareil a décollé à 9 h 06, heure locale, avec tous ses passagers.

« Hélicoptère 2EX, attendez à l’extérieur de l’espace aérien de classe C de Burbank. J’ai un avion qui tourne autour », a déclaré un contrôleur aérien au pilote par radio environ 15 minutes plus tard, selon des extraits enregistrés.

L’hélicoptère a effectué un vol circulaire au-dessus de Glendale, près de la ville de Burbank.

« 2EX, en attente », a répondu Zobayan, un pilote certifié qui a obtenu sa licence de pilote professionnel en 2007.

Le pilote avait de l’expérience. Il avait 8 200 heures de vol en juillet. Sur cet appareil, il totalisait 1 250 heures.

Le pilote a demandé une autorisation SVFR, (special visual flight rules), ou autorisation spéciale de vol à vue – lui permettant de voler dans des conditions météorologiques plus mauvaises que celles autorisées pour les règles de vol à vue ordinaires.

Les pilotes demandent parfois une autorisation SVFR en cours de vol si les conditions météorologiques changent. Les personnes qui obtiennent cette autorisation gardent un contact plus étroit avec le contrôle du trafic aérien.

Le pilote a effectué des cercles jusqu’à ce que le contrôle aérien approuve l’autorisation SVFR.

Il a repris sa route vers le nord vers 9 h 33.

L’hélicoptère a pénétré dans l’espace aérien de Burbank puis de Van Nuys à 400 mètres.

« Van Nuys, l’hélicoptère 2EX avec vous pour la transition VFR spéciale », a déclaré le pilote.

À un moment donné, le pilote a demandé une assistance radar pour se diriger dans le trafic. La tour a déclaré que l’hélicoptère était trop bas pour être repéré par le radar.

Le pilote a dit aux contrôleurs qu’il montait plus haut pour éviter une couche de nuages.

Ils ont répondu, mais n’ont obtenu aucune réponse.

Les fans se voient interdits l’accès au site de la catastrophe

Le radar a indiqué que l’hélicoptère est monté de 700 mètres, puis a entamé un virage en descente vers la gauche, selon un responsable du NTSB.

Il a frôlé une montagne de 6 à 10 mètres avant de chuter de plus de 600 mètres en une minute. La communication a été perdue à ce moment-là.

Le contrôle aérien a essayé de contacter le pilote à nouveau vers 9 h 42. Toujours pas de réponse.

« 72EX, vous suivez un code 1200. Donc vous demandez un suivi de vol ? » a demandé le contrôleur.

Trois minutes plus tard, l’appareil a disparu de l’écran radar.

Le premier appel d’urgence concernant le crash a été fait à 9 h 47 – 2 heures, 13 minutes avant le début du match des Lady Mambas.

L’impact a fait voler l’hélicoptère en éclats. Les débris s’étendaient sur une distance de 150 à 180 mètres.

Sur le flanc de la montagne se trouvaient les restes de neuf âmes, dont celle de l’homme extraordinaire qui a marqué 81 points en un seul match et 60 points lors de ses adieux à la NBA.

Longtemps une vedette sur la scène mondiale, Bryant ne se soulignera plus jamais les exploits de la NBA de la génération suivante. Il n’entraînera plus les Lady Mambas. Ne priera plus en silence dans une d’église.

N’embrassera plus sa femme et ses filles.

Cette perte a eu des répercussions dans le monde entier. Les adjoints du shérif du comté de Los Angeles ont fait appliquer une ordonnance d’urgence émise alors que le choc de la mort de Bryant se répandait, interdisant l’accès à la zone du crash pour empêcher les admirateurs d’envahir le site.

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