Le 30 avril, la Chine a publié une déclaration officielle affirmant que des « preuves substantielles » suggèrent que le virus SRAS-CoV-2 pourrait provenir des États-Unis. La déclaration accuse l’administration Trump d’essayer de « rejeter la faute » en soutenant que ce virus a fui du laboratoire de Wuhan.
En tant que virologue ayant suivi de près le développement du Covid-19 et les recherches connexes, je souhaite fournir une analyse scientifique et objective des questions soulevées dans la déclaration.
1. La récente déclaration du Conseil d’État chinois n’a pas pu nier l’existence de manquements à la sécurité, d’incidents ou de lacunes potentielles à l’Institut de virologie de Wuhan (IVW) et/ou dans d’autres établissements apparentés. Au lieu de cela, le Conseil d’État a choisi d’ignorer ces questions et ne les a pas du tout abordées dans sa déclaration. Il n’a pas non plus répondu aux principaux éléments de preuve présentés par la Maison-Blanche en lien avec la thèse de la fuite de l’Institut de virologie de Wuhan (IVW), à savoir : (a) les caractéristiques biologiques inhabituelles de la séquence virale ; (b) l’introduction seulement aux humains ; (c) les mesures de biosécurité inadéquates à l’IVW ; et (d) les rapports de chercheurs de l’IVW qui présentaient des symptômes semblables à ceux du Covid en automne 2019.
2. Un autre point clé de la déclaration de la Maison-Blanche soutenant la thèse de la fuite du laboratoire de l’IVW est le suivant : « Selon presque tous les critères scientifiques, s’il y avait des preuves d’une origine naturelle [du virus], elles auraient déjà fait surface. Mais ce n’est pas le cas. » Au cours des cinq dernières années, l’État-parti chinois a toujours nié la possibilité d’une fuite de laboratoire, désignant plutôt divers animaux – tels que les pangolins – comme hôtes intermédiaires potentiels. Cette nouvelle déclaration officielle du Conseil d’État du régime signale clairement un changement : le déni de la thèse de la fuite de laboratoire a cédé sa place à une démarche politique – les autorités chinoises tentent désormais d’imputer à l’Amérique l’origine de la pandémie.
3. La récente déclaration de la Chine n’a pas non plus abordé la question de la dissimulation de l’épidémie fin 2019 et janvier 2020, ni la censure et les sanctions infligées aux médecins chinois qui ont démasqué la situation à Wuhan. La déclaration n’explique pas pourquoi, bien que Wuhan faisait clairement face à l’émergence de l’épidémie, le régime a autorisé les résidents à voyager à l’étranger tout en restreignant les voyages intérieurs en Chine. Cette nouvelle déclaration indique clairement que le Parti communiste chinois (PCC) ne peut plus nier son rôle dans la propagation mondiale du virus du Covid.
4. En ce qui concerne les fuites de virus survenues aux États-Unis et mentionnées dans la déclaration de Pékin, il est important de reconnaître que les projets de recherche impliquant des agents sélectifs et des toxines comportent intrinsèquement des risques importants. Les autorités et les établissements de recherche médicaux américains n’ont jamais prétendu que leurs protocoles de sécurité étaient sans faille. Malgré les inspections de routine, il y a eu des cas de violation des protocoles et des problèmes de sécurité. Ces incidents ont été rapportés par les médias américains et le public en est conscient. Par exemple, la fermeture en 2019 du laboratoire de Fort Detrick, ciblée dans la déclaration du PCC, a été largement couverte par les médias américains. Une chaîne du réseau ABC, par exemple, a fourni des rapports détaillés sur les manquements à la sécurité observés dans ce laboratoire.
Il est donc clair que le public américain était au courant de ces incidents, même si certains détails n’ont pas été révélés pour des raisons de sécurité nationale. En revanche, le régime chinois s’est engagé dans un déni total, une dissimulation, une censure des médias et des réseaux sociaux, ainsi que dans une mise en scène d’une enquête pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En outre, aucune entité indépendante n’a eu accès aux données essentielles et aux échantillons originaux collectés à Wuhan.
5. L’État-parti insiste vigoureusement sur le fait que le Covid est originaire des États-Unis. Ce n’est pas nouveau, puisqu’il répète la même accusation par l’intermédiaire de ses médias, comme le journal Global Times, depuis le début de la pandémie. Toutefois, cette accusation manque de preuves scientifiques. Par exemple, le régime a cité un rapport des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) américains qui ont identifié des anticorps réactifs au SRAS-CoV-2 dans 7389 échantillons de sang prélevés lors de dons de sang de routine par la Croix-Rouge américaine entre décembre 2019 et janvier 2020.
Toutefois, ces échantillons ne provenaient pas de patients présentant des symptômes respiratoires. Bien que l’étude ait identifié 106 échantillons présentant une réactivité lors du test pan-Ig, aucune preuve solide n’indique la présence d’anticorps anti-SARS-CoV-2 dans ces échantillons, car certains anticorps contre des coronavirus communs pourraient avoir une réaction croisée avec les antigènes du SRAS-CoV-2. Les auteurs du rapport ont également noté que ces échantillons n’étaient pas de « vrais positifs », car aucune donnée de test moléculaire de l’antigène du SRAS-CoV-2 n’y était associée.
D’autres pays, comme l’Italie, disposent également de rapports similaires suggérant la possibilité d’une entrée précoce du Covid selon des tests sérologiques effectués sur des échantillons de sang prélevés en 2019. Cependant, il n’y a pas eu de petites épidémies du Covid ou de cas groupés aux États-Unis ni dans d’autres pays en 2019. Par conséquent, le consensus mondial est que la véritable pandémie du Covid a commencé en Chine, plus précisément à Wuhan, en 2019.
6. La récente déclaration du régime vise l’objectif ultime de ne pas être tenu responsable de l’émergence et de la propagation du Covid-19, ni de sa transformation en une pandémie mondiale qui a coûté la vie à des millions de personnes. La récente déclaration de la Maison-Blanche sur la véritable origine du Covid-19 marque un tournant, indiquant que l’Amérique prend enfin la question au sérieux et s’engage à demander des comptes au PCC plutôt que de se laisser entraîner dans des débats sur l’origine du virus. Pékin, qui craint profondément cette approche, essaye désespérément de détourner l’attention de la communauté internationale en se concentrant sur l’origine du Covid-19 et en appelant à une nouvelle phase d’enquête visant les États-Unis.
Il s’agit là d’une autre tactique de guerre cognitive à laquelle a recours le régime chinois lorsqu’il est confronté à l’isolement et à la pression au niveau mondial, notamment dans le cadre de la guerre commerciale. Connue sous le terme chinois « Jiao Hun Shui » (攪渾水), qui signifie « remuer l’eau boueuse », cette tactique vise à créer la confusion. L’Amérique et la communauté internationale ne devraient pas tenir compte des arguments de l’État-parti chinois et continuer à lui demander des comptes.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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