La mairie de Nîmes avait fermé la médiathèque du quartier Pissevin: les agents municipaux étaient fouillés et menacés par des dealers avant d’y accéder

Médiathèque Marc-Bernard, installée place Claude-Debussy, dans le quartier Pissevin à Nîmes.
Photo: Capture d'écran Google Maps.
Ce lundi 22 août, un enfant de 10 ans a perdu la vie, victime d’une fusillade à Nîmes, dans le quartier populaire de Pissevin, gangréné par les trafics de stupéfiants. Dans ce contexte de fortes tensions, la mairie avait pris la décision, le 6 juin dernier, de fermer la médiathèque Marc-Bernard, les agents municipaux de l’établissement étant menacés par les dealers.
C’est lors d’une fusillade « en lien » avec la guerre pour le trafic de drogues qu’un enfant a été tué et son oncle blessé ce lundi soir à Nîmes. Pourtant, « la famille de la victime n’est absolument associée d’aucune façon, ni avant ni actuellement, dans des faits de nature pénale », mais « a eu pour seul malheur de passer au mauvais endroit au mauvais moment », a affirmé dès le lendemain la procureure de Nîmes, Cécile Gensac.
Une fermeture afin de « protéger » les agents municipaux
Le drame survenu dans ce quartier est la conséquence directe d’une situation qui ne fait qu’empirer depuis des mois. Le quartier a en effet été pris d’assaut par les trafiquants de drogue, à tel point que le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, avait pris la « terrible décision », à compter du 6 juin et jusqu’à nouvel ordre, de fermer la médiathèque Marc Bernard – l’un des derniers services publics de Pissevin, quartier aux nombreuses barres d’immeubles et de tours.
En effet, les 18 agents du centre culturel étaient victimes, depuis plusieurs mois, de menaces et d’agressions verbales « au vu et au su de tous » de la part des dealers, avait détaillé l’édile dans un communiqué.
Ces agents faisaient également « l’objet de contrôles et de palpations en pleine rue avant d’accéder à leur poste de travail », avait précisé le maire, ajoutant qu’« un nouveau palier » avait été franchi, les trafiquants ayant « pénétré dans le bâtiment, allant jusqu’à filmer et photographier le personnel, et accédant au toit pour surveiller les alentours et prévenir de l’arrivée des forces de police ».
L’élu réclamait alors « l’affectation de façon quasi-permanente d’une Unité de Force Mobile », à Pissevin.
Ce 6 juin également, le journaliste de M6, Jérôme Régali, avait été violemment agressé près d’un point de deal, alors qu’il arrivait à Pissevin.
Les points de deals perturbés par les opérations de police et les travaux
À la suite de ces deux événements, la procureure de Nîmes avait alors annoncé l’ouverture d’une « enquête préliminaire » sur les faits concernant la médiathèque et une « enquête de flagrance » pour ceux dont a été victime le journaliste de M6. Elle avait déclaré que « tout signe de recul des services publics marque un échec, même temporaire, de l’action commune de tous les acteurs. Il s’agit d’un sujet de préoccupation quotidien et prioritaire pour la justice ».
De son côté, la préfète du Gard Marie-Françoise Lecaillon avait annoncé une « intensification » de la présence de la police nationale, en lien avec la police municipale et en coordination avec la procureure, avec « une montée en puissance dans la perspective de la réouverture prochaine de la médiathèque ». Elle expliquait encore que ces violences intervenaient « dans un contexte de guerre de territoire » et se développaient « en réaction aux opérations de police et au démarrage des ambitieux travaux de renouvellement urbain » dans le quartier.
Ces travaux ont eu pour « premier effet de déstabiliser le trafic des dealers dans leurs zones d’implantation, avec un report vers d’autres lieux, dont les environs de la médiathèque municipale », avait-elle souligné.

Articles actuels de l’auteur
0
Commentaires
Pas encore de commentaires - écrivez le premier commentaire sur cet article.









