La monnaie numérique des banques centrales canadiennes : inutile, indésirable et probablement désastreuse

Par Gleb Lisikh
27 septembre 2023 09:08 Mis à jour: 27 septembre 2023 19:43

Au milieu de l’essor des crypto-monnaies et des innovations apportées par la technologie blockchain, les gouvernements se sont montrés très intéressés par la création de leur propre empreinte monétaire numérique via ce que l’on appelle une monnaie numérique de banque centrale (CBDC : central bank digital currency).

Selon l’Atlantic Council, un groupe de réflexion aligné sur l’OTAN, le nombre de pays investiguant une CBDC a explosé, passant de 35 avant le Covid-19 à 130 aujourd’hui. La Chine, par exemple, a mis en place un programme pilote couvrant plus de 260 millions de personnes et permettant des transactions pour les transports publics, les paiements de relance et le commerce électronique. Le « rouble numérique » russe est entré en vigueur le mois dernier en tant que monnaie optionnelle.

Le Canada a également rejoint la course aux CBDC de détail en 2020, lorsque la Banque du Canada a annoncé qu’elle prévoyait de « développer la capacité d’émettre une CBDC à usage général, semblable à des espèces, si le besoin s’en faisait sentir ». Le « besoin » éventuel n’a pas été précisé.

Au début de l’année, la banque a lancé une consultation publique en ligne sur les caractéristiques que les Canadiens pourraient attendre d’un dollar numérique. Le processus s’est achevé en juin, après seulement cinq semaines, et les résultats n’ont pas encore été publiés. Il est donc difficile de savoir qui étaient ces aficionados des CBDC, capables de fournir des commentaires significatifs sur un sujet aussi complexe dans un délai aussi court.

La Banque du Canada a toutefois admis que l’enthousiasme n’était tout simplement pas au rendez-vous. Une analyse récemment publiée, intitulée « Besoins de paiement non satisfaits et une monnaie numérique de banque centrale, » a conclu à un manque flagrant de motivation des consommateurs quant à l’adoption d’une CBDC au Canada. Il convient de noter que les Canadiens ont déjà accès à une multitude de moyens d’échange numériques pratiques, simples et peu coûteux : cartes de crédit, cartes de débit, courriels, transferts électroniques et crypto-monnaies, pour n’en citer que quelques-uns. Et tous ces moyens sont facilement convertibles en espèces. Ce que nous n’avons pas, c’est une monnaie numérique centralisée, officielle et gérée par le gouvernement, qui ne soit pas convertible en espèces.

Néanmoins, la Banque du Canada affirme que le besoin existe et qu’il s’agit de combler le prétendu déficit de paiement grâce à une « nouvelle forme de monnaie [qui] serait émise par la Banque du Canada et offrirait des avantages similaires à ceux de l’argent liquide ». Pourquoi devrions-nous nous passer d’argent liquide si le besoin d’argent liquide existe toujours – juste pour créer le vide que la banque comblerait avec sa CBDC ? Le raisonnement semble absurde.

Une autre raison de créer une CBDC est de contrer la prolifération des crypto-monnaies. La banque a indiqué lors de l’annonce de la consultation publique susmentionnée que ces crypto-monnaies « pourraient compromettre le rôle d’une monnaie officielle émise par un organisme central – le dollar canadien – dans notre économie et présenter un risque pour la stabilité de notre système financier ».

Ce raisonnement semble plus plausible et plus inquiétant. Plausible à la lumière des difficultés rencontrées par le gouvernement de Justin Trudeau lorsqu’il a voulu récupérer les dons versés en crypto-monnaie au Freedom Convoy de l’année dernière.

Au total, près de 25 millions de dollars ont été collectés pour les camionneurs et autres manifestants sur diverses plateformes de financement participatif (crowdfunding) et par des moyens bancaires conventionnels. Un graphique de la Commission Rouleau montre que la quasi-totalité de ces dons a été bloquée par le gouvernement et n’est jamais parvenue aux manifestants. À l’exception d’une quantité inconnue d’argent liquide et de bitcoins. Environ 800.000 dollars sur 1,2 million de dollars de bitcoins ont été distribués à une centaine de camionneurs selon un processus conçu par l’un des organisateurs du convoi, Nicholas St. Louis, juste avant que le gouvernement ne saisisse les « portefeuilles » cryptographiques correspondants.

Une version plus longue de cet article a d’abord été publiée sur C2CJournal.ca

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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