Avec la montée en flèche des droits de douane entre les États-Unis et la Chine – Washington les a portés à 145 % et Pékin a riposté avec 125 % – la guerre commerciale entre les deux pays est entrée dans sa deuxième phase sans précédent. Ce bras de fer aux enjeux considérables n’est pas seulement économique, car il met à l’épreuve la résilience des deux systèmes politiques et aura d’importantes répercussions à l’échelle mondiale.
Sachant que le chef du Parti communiste chinois (PCC), Xi Jinping, prépare la Chine à un affrontement prolongé en misant sur la capacité du peuple chinois à supporter la douleur de différentes épreuves plus longtemps que les Américains, les analystes occidentaux indiquent souvent trois avantages qu’ils attribuent à l’État-parti chinois : (a) son système politique profondément enraciné et accompagné par une longue période de stabilité du régime ; (b) l’absence actuelle de luttes intestines au sein du PCC, ce qui réduit le risque d’un effondrement interne ; et (c) la surveillance high-tech omniprésente qui vise à réprimer toute dissidence, à maintenir la stabilité et à assurer que le régime poursuive son règne.
Toutefois, ces points de vue ne font qu’effleurer la situation de la société chinoise et ne tiennent pas compte de l’impact considérable qu’a la guerre commerciale en cours sur le régime.
Premièrement, contrairement à la croyance d’un régime communiste inébranlable et profondément enraciné, sa « stabilité » n’est qu’une illusion.
Certains observateurs occidentaux affirment qu’alors que Donald Trump doit tenir compte de l’inconstance de l’opinion publique américaine et des cycles électoraux d’un pays démocratique, Xi Jinping gouverne un régime forgé par Mao Zedong et façonné par des décennies de contrôle centralisé. Selon cette logique, la capacité de Pékin à endurer les guerres, la famine, le chaos politique et les chocs économiques a prouvé son endurance.
Toutefois, ce point de vue ne tient pas compte d’une vérité essentielle : le règne du PCC au cours des quelque 70 dernières années s’explique principalement par l’absence de fortes pressions extérieures plutôt que par la force interne du Parti.
Lorsque la Révolution culturelle a poussé la Chine au bord de l’effondrement économique dans les années 1970, les États-Unis sont intervenus non pas en adoptant une stratégie d’endiguement, mais en normalisant leurs relations avec Pékin. En reconnaissant la Chine communiste et en mettant à l’écart la République de Chine (nom officiel de Taïwan), Washington a effectivement accordé à Pékin une légitimité mondiale. À l’inverse, la Corée du Nord, profondément appauvrie, illustre comment l’isolement et les sanctions mondiales peuvent étouffer un État autoritaire.
À l’époque, l’Amérique et ses alliés espéraient que, grâce au développement de l’économie de marché, la Chine achèverait la transformation de son système totalitaire et deviendrait un pays libre et démocratique. Dans le même temps, ils ont essayé de détacher la Chine de l’Union soviétique et d’affaiblir ainsi la puissance du camp socialiste totalitaire.
Au cours des 50 années suivantes, surtout après avoir adhéré, avec le soutien des États-Unis, à l’Organisation mondiale du commerce en 2001, la Chine a énormément profité d’un accès généreux aux marchés ouverts, aux capitaux et aux transferts sans précédent de technologie et de savoir-faire occidentaux. Ce cadeau a permis au régime de Pékin non seulement de moderniser le pays, mais également d’accroître rapidement son influence mondiale – et ce, en recourant largement aux pratiques qui faussaient les échanges commerciaux, entraînaient la fermeture de nombreuses entreprises occidentales et la perte de millions d’emplois.
En même temps, la Chine a préservé son régime totalitaire qui, au fil du temps, a commencé à devenir de plus en plus dictatorial et qui a mis en place l’appareil de surveillance le plus sophistiqué que le monde n’ait jamais connu. De plus, le renforcement de la Chine a été suivi d’une amélioration progressive de ses relations avec la Russie – l’héritière de l’Union soviétique – qui ont finalement évolué vers leur « partenariat sans limites » proclamé en 2022.
Aujourd’hui, pour la première fois depuis « l’ouverture » de la Chine par le président américain Richard Nixon en 1972, Washington fait marche arrière. Les droits de douane et les sanctions de Donald Trump sont conçus pour miner le modèle chinois axé sur les exportations et encourager les capitaux étrangers et les chaînes d’approvisionnement à se délocaliser de la Chine. Cela remettra en cause les fondements du règne du PCC. Plus la confrontation se prolonge, plus elle érode les piliers économiques et fiscaux qui soutiennent le régime, faisant de son effondrement une menace réelle et imminente, et non une possibilité lointaine.
Deuxièmement, les dissensions internes s’aggravent derrière l’image de contrôle total de Xi Jinping.
Certains observateurs estiment que le risque de luttes intestines au sein du PCC est à son niveau le plus bas depuis les temps de « réformes et ouverture », ce qui donne un avantage à Xi Jinping dans son conflit avec Donald Trump.
En fait, les purges au sein du Parti communiste ne sont guère un secret pour les médias occidentaux. Depuis la répression radicale de la Force des fusées de l’armée chinoise à la fin de 2023, la chute de Miao Hua, membre de la Commission militaire centrale, l’année dernière, et l’arrestation récente de son vice-président He Weidong, les bouleversements internes ont été incessants. Pourtant, de nombreux analystes occidentaux considèrent ces purges comme faisant partie de la nouvelle campagne anticorruption de Xi Jinping visant à consolider son contrôle absolu.
Toutefois, ceux qui connaissent mieux les rouages du Parti ont un point de vue différent. Selon eux, Xi Jinping a d’abord purgé les officiers militaires jugés déloyaux à l’égard de sa vision de la « réunification de Taïwan par la force ». Cependant, vers la fin de 2024, les rôles se sont inversés. L’élimination des loyalistes de Xi Jinping lors du troisième plénum du Comité central du PCC en juillet 2024 suggère que les factions anti Xi Jinping gagnent du terrain.
Pourquoi la plupart des médias occidentaux n’ont-ils pas fait état de ces événements importants ? C’est parce qu’ils sont devenus moins sensibles à la politique chinoise et ont commencé à considérer la Chine comme un pays « normal » après la fin de la Révolution culturelle. Surtout après que le Parti a mis en place un mécanisme de transition de leadership à la suite de l’ère Deng Xiaoping, bien que Xi Jinping l’ait aboli en supprimant dans la Constitution la limite de deux mandats présidentiels et en devenant le dirigeant suprême à rester le plus longtemps au pouvoir dans l’histoire récente de la Chine. En outre, les opérations de propagande et du Front uni de Pékin ont infiltré la scène mondiale, façonnant subtilement ou directement « l’image de la Chine », ce qui a profondément influencé la perception des médias occidentaux.
Alors que Xi Jinping a démantelé le modèle oligarchique post-Deng Xiaoping en faveur d’un régime personnaliste, l’État-parti ressemble de plus en plus au régime chaotique, paranoïaque et instable de l’ère Mao. Dans un tel environnement, le régime est mal équipé pour résister à une guerre commerciale prolongée avec l’Amérique, et encore moins pour l’emporter.
Troisièmement, l’État de surveillance du Parti montre des fissures.
Certains analystes occidentaux s’émerveillent de l’omniprésence de l’État de surveillance chinois fondé sur l’intelligence artificielle (IA) et ils le considèrent comme le système de contrôle intérieur le plus avancé au monde. D’autres soutiennent même que la répression rapide des manifestations des « feuilles blanches » de 2022 – un mouvement mené par des jeunes contre les dures mesures de confinement lors du Covid-19 – est la preuve de la résilience du régime.
Toutefois, ces évaluations ne tiennent pas compte des fissures croissantes dans le système. Pendant les confinements en Chine, les gens ont été enfermés chez eux pendant de longues périodes. Leurs souffrances – y compris les pénuries alimentaires et l’accès limité aux soins de santé – ont suscité l’indignation croissante de l’opinion publique et une baisse rapide de la confiance dans le Parti.
Bien que les manifestations des « feuilles blanches » aient été rapidement réprimées, des manifestations similaires ont éclaté spontanément dans de nombreuses villes, ce qui aurait été inimaginable il y a seulement quelques années. Le brusque revirement de Xi Jinping sur la politique « zéro Covid » peu de temps après a été une concession hâtive à la pression croissante de l’opinion publique.
De plus, les immenses ressources nécessaires au maintien de l’appareil de surveillance deviennent une charge financière de plus en plus lourde. Alors que les gouvernements locaux réduisent les salaires et licencient les fonctionnaires, l’efficacité du système de contrôle social s’érode. Les récents actes de protestation – comme les banderoles anti-PCC accrochées au centre de Chengdu, la capitale de la province du Sichuan qui n’ont pas été signalées pendant des heures – indiquent non seulement le mécontentement de la population, mais aussi un sentiment croissant d’inaction et même de résistance passive au sein de l’appareil d’État lui-même.
La guerre commerciale de Trump pourrait marquer le début d’une ère nouvelle
Les analystes occidentaux exagèrent souvent la puissance de l’État-parti chinois parce qu’ils n’en ont observé que la surface.
La guerre commerciale menée par Donald Trump n’est pas seulement une bataille de tarifs douaniers, mais aussi une attaque directe contre les fondements économiques et politiques du régime chinois. Dans cette nouvelle guerre froide, la clé pour faire tomber le régime est d’exposer en permanence les faux propos propagés par Pékin et de frapper au cœur de son système autoritaire.
Le monde s’approche d’un tournant historique : il s’éloigne de l’autoritarisme du PCC et revient aux valeurs universelles. Je pense que la guerre commerciale de Donald Trump pourrait marquer le début de cette transformation cruciale.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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