Le grand livre de l’histoire : « Un miroir » pour les empereurs chinois

12 juin 2015 10:00 Mis à jour: 17 octobre 2015 23:13

 

L’empereur Taizong de la dynastie Tang (618-907) a une fois demandé à son historien impérial Chu Suiliang, qui gardait les archivages minutieux des paroles et des actes de Taizong, s’il reportait même les choses que l’empereur a dites ou faites qui ne sont pas bonnes.

« Je n’aurais pas l’audace de ne pas les archiver », a répondu Chu. Le chancelier Liu Ji a ajouté : « Même si Suiliang oubliait de les archiver, quelqu’un d’autre ne manquerait pas de le faire ». « C’est vrai », a répliqué l’empereur Taizong.

Cet échange a été retranscrit dans Zizhi Tongjian, un ouvrage monumental d’histoire écrit sous la dynastie Song du Nord (960-1127) qui a eu recours à la sagesse pour gouverner un pays par le biais des leçons éthiques issues des précédentes dynasties.

Le titre du chapitre 294, qui signifie « Miroir complet pour aider à la gouvernance », parle de l’usage pratique du livre – il doit être utilisé comme un miroir pour refléter à la fois le bon et le mauvais du passé afin d’aider les futurs dirigeants à éviter la répétition des mêmes erreurs.

Archiver pour la postérité

Le peuple chinois tire une grande fierté d’avoir pu conserver 5 000 ans d’archives historiques. Les empereurs ont nommé des historiens officiels pour enregistrer les événements majeurs tels que les batailles, les catastrophes naturelles, les affaires diplomatiques et économiques. Les historiens ont également pris des notes détaillées des propos et des actes royaux des empereurs dans la conduite des affaires de l’empire.

Ce fut un travail qui a particulièrement soutenu la transcription véritable de l’histoire. En effet, la loyauté des historiens a été démontrée par leur courage à tenir des comptes honnêtes de tout ce que chaque dirigeant a dit et fait, de bon ou de mauvais.

Ainsi, depuis les temps anciens, les Chinois ont eu foi en l’histoire et ont utilisé les événements historiques pour aider à évaluer le présent et à extrapoler les principes à appliquer aux circonstances courantes.

Parmi la considérable masse d’ouvrages historiques de la Chine, Zizhi Tongjian est l’un des plus grands livres de l’histoire impériale du pays. Le compte-rendu chronologique couvre une période de 1 362 années à travers quelque seize dynasties, à partir de 403 av. J.-C. jusqu’à 959.

Le livre a été compilé par le Premier ministre et historien Sima Guang (1019 -1086), qui a entrepris de mettre en lumière des exemples historiques spécifiques et de produire des commentaires pour transmettre les principes confucéens dans l’espoir que ses propres monarques et les suivants régneraient avec bienveillance et s’abstiendraient du mal.

Les dirigeants éclairés auront d’honnêtes ministres

Un exemple est le commentaire de Sima Guang sur un point dans Zizhi Tongjian concernant le règne de l’empereur Taizong à une époque où de nombreux fonctionnaires acceptaient des pots de vin.

Troublé par cela, Taizong a secrètement ordonné que certains fonctionnaires soient testés sur leur intégrité. Quand un fonctionnaire s’est laissé corrompre avec un rouleau de soie, Taizong a voulu le faire exécuter, mais le ministre Pei Ju est intervenu.

« Votre majesté a utilisé la tromperie pour piéger cet homme », a avancé Pei. « Je crains que cela ne soit pas conforme au standard d’utilisation de la vertu pour guider le peuple et d’utilisation de l’étiquette pour promouvoir un bon comportement. »

Taizong a été satisfait de cette remontrance et a loué Pei pour son raisonnement et le courage dont il a su faire preuve pour dire la vérité.

Sima Guang, pour sa part, a analysé l’incident sous un angle différent, il l’a utilisé pour conseiller aux dirigeants de se positionner en tant qu’exemple moral pour leurs sujets. « Les anciens ont un dicton : les dirigeants éclairés auront d’honnêtes ministres », a-t-il commenté.

« Que Pei Ju ait été un flatteur sous la dynastie Sui (la dynastie précédente), mais un ministre fidèle sous la dynastie Tang ne s’expliquait pas par un changement de sa nature. C’était parce qu’un dirigeant ne voulait pas entendre ses fautes que la loyauté a été remplacée par la flatterie, tandis qu’un dirigeant satisfait d’un langage franc change la flatterie en loyauté », a-t-il expliqué. « Ainsi nous savons que le dirigeant est comme un cadran solaire et le ministre l’ombre. Lorsque le cadran solaire bouge, l’ombre suit ».

Paroles et actes vont de pair

Sima Guang préconisait « de garder un cœur juste et de cultiver la morale », il était un modèle du confucianisme qui mettait en pratique loyauté, piété filiale, justice et intégrité. Il croyait qu’une personne droite était honnête dans son cœur et il a lui-même cultivé l’honnêteté, en faisant systématiquement correspondre ses paroles et ses actes.

Il a une fois décrit son propre caractère de cette manière : « Je ne suis pas quelqu’un de spécial, tout ce que je fais est de suivre ma conscience et je n’ai rien à cacher ».

Un exemple de cette honnêteté était révélé une fois quand Sima a décidé de vendre son cheval. En donnant des informations concernant le cheval, parmi ses caractéristiques, il a également mentionné que l’animal était régulièrement malade en été.

Surpris, son majordome demanda : « Les gens tentent souvent de cacher les défauts des choses qu’ils veulent vendre. Qui révèlerait aux autres une maladie que personne ne peut voir ? »

Sima a répondu : « L’argent est largement moins important que notre réputation d’honnêteté que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre ». En entendant cela, le majordome s’est senti honteux.

L’exemple de l’intégrité de Sima Guang a incité de nombreuses personnes à vivre avec des standards éthiques élevés.

Il y a un dicton pour ceux qui ont commis de mauvaises actions : « Quelle honte ! N’avez-vous pas entendu parler de l’honorable Sima Guang ? »

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