Le nombre de journalistes emprisonnés dans le monde a explosé en 2022, la Chine bat tous les records

Par Katabella Roberts
29 décembre 2022 18:22 Mis à jour: 29 décembre 2022 18:22

Le nombre de journalistes emprisonnés dans le monde a explosé l’année dernière, selon un nouveau rapport annuel établi par l’ONG Reporters sans frontières (RSF).

Selon RSF, un total de 533 journalistes sont détenus dans les prisons du monde entier, contre 488 en 2021. Cette hausse marque une augmentation de 13,4% par rapport à l’année précédente.

En outre, le nombre de journalistes tués en 2022 est passé à 57, soit une augmentation de 18,8% par rapport à 2021, augmentation que RSF attribue à la multiplication des reportages sur la guerre en Ukraine.

Le rapport indique que 65 journalistes sont actuellement retenus en otage, soit à peu près le même nombre que l’année dernière à la même époque, et que 50 journalistes ont été portés disparus au cours des 20 dernières années.

Selon RSF, le top 5 des pays qui ont emprisonné le plus de journalistes en 2022 sont : la Chine avec 110 journalistes incarcérés, le Myanmar (autrefois Birmanie) avec 63 journalistes, et l’Iran qui compte 47 reporters sous les verrous.

Le Vietnam et la Biélorussie détiennent respectivement 39 et 31 reporters, selon le rapport. La majorité des journalistes sont emprisonnés sans procès.

Clôtures autour d’un quartier en confinement dans le district de Changning à Shanghai, le 7 octobre 2022. (Hector Retamal/AFP via Getty Images)

Les régimes autoritaires remplissent les prisons « plus vite que jamais »

« Les régimes dictatoriaux et autoritaires remplissent plus vite que jamais leurs prisons en incarcérant des journalistes », a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, dans un communiqué. « Ce nouveau record du nombre de journalistes détenus confirme l’impérieuse et urgente nécessité de résister à ces gouvernements sans scrupules et d’étendre notre solidarité active à tous ceux qui incarnent l’idéal de liberté, d’indépendance et de pluralisme journalistique. »

La Chine a utilisé un certain nombre de méthodes pour intensifier la censure et la surveillance au fil des années, notamment pendant la pandémie de Covid‑19 et lors des manifestations qui ont suivi en raison des mesures draconiennes adoptées par le gouvernement pour lutter contre le virus.

Plusieurs reporters ont été brièvement détenus et agressés alors qu’ils couvraient les manifestations de novembre, notamment un reporter qui travaille pour la BBC.

Selon un rapport annuel publié par le Foreign Correspondents’ Club of China (FCCC) en mars 2021, la Chine a eu recours aux mesures strictes de prévention du Covid‑19, à l’intimidation et aux restrictions en matière de visas pour limiter les reportages étrangers en 2020, notamment en refusant aux reporters l’accès aux zones sensibles et en les menaçant d’une quarantaine forcée.

« Toutes les armes du pouvoir d’État ‑ y compris les systèmes de surveillance mis en place pour endiguer le coronavirus ‑ ont été utilisées pour harceler et intimider les journalistes, leurs collègues chinois et les personnes que la presse étrangère cherchait à interviewer », indique le rapport.

Le porte‑parole du ministère chinois des affaires étrangères, Wang Wenbin, avait alors qualifié les affirmations du rapport de « parti pris idéologique contre la Chine et de fausses nouvelles au nom de la liberté de la presse ».

Cependant, ces dernières années, la Chine a adopté un certain nombre de lois destinées à supprimer l’information, notamment la loi sur la cybersécurité de 2017, les dispositions relatives à la gouvernance de l’écosystème des contenus d’information en ligne de 2020, la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong de 2020 et la loi sur la sécurité des données de 2021.

Manifestation au Myanmar pour dénoncer les assassinats de la junte militaire, devant l’ambassade du Myanmar (Birmanie jusqu’en 1989) à Bangkok, le 26 juillet 2022. (AFP via Getty Images/Manan Vatsyayana)

Les journalistes issus de minorités sont davantage ciblés

Au Myanmar, les arrestations de journalistes se sont multipliées depuis le coup d’État militaire de 2021, alors qu’en Iran, des dizaines de journalistes auraient été arrêtés au cours de la répression exercée par le gouvernement contre les manifestations qui ont suivi la mort de Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans, placée en garde à vue.

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et de multiples autres organisations ont appelé les autorités iraniennes à libérer tous les journalistes et professionnels des médias emprisonnés dans le pays.

Un autre rapport établi par le Committee to Protect Journalists, publié en décembre, indique que 363 journalistes sont actuellement emprisonnés à travers le monde, ce qui représente également une augmentation de 20% par rapport à l’année précédente.

Selon ce rapport – qui utilise une méthode différente pour calculer le nombre de cas documentés – l’Iran, la Chine, le Myanmar, la Turquie et la Biélorussie sont les pays qui ont le plus emprisonné de personnes en 2022.

« Au cours d’une année marquée par les conflits et la répression, les dirigeants des régimes autoritaires ont redoublé d’efforts pour criminaliser les reportages indépendants, en déployant une cruauté croissante de façon à étouffer les voix dissidentes et porter atteinte à la liberté de la presse », a écrit la commission.

Ce rapport note également que les journalistes qui appartiennent à des groupes minoritaires sont davantage ciblés lorsqu’il s’agit d’emprisonnement. Un grand nombre de journalistes emprisonnés sont d’origine ouïghoure du Xinjiang (où Pékin a été accusé de crimes contre l’humanité).

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