Le « Novitchok », arme chimique russe dangereuse et mal connue

9 juillet 2018 12:42 Mis à jour: 9 juillet 2018 12:59

L’agent innervant « Novitchok », à l’origine de la mort d’une Britannique dimanche, quatre mois après l’empoisonnement d’un ex-agent russe et de sa fille, est un toxique russe mal connu et particulièrement dangereux. Sa conception par des scientifiques soviétiques remonte aux années 1970-1980, les dernières décennies de la Guerre froide Est-Ouest. Les experts occidentaux en savent peu sur ces armes chimiques redoutables.

Ces substances, qui agissent sur le système nerveux, font que les muscles ne sont plus contrôlés, aboutissant à des spasmes, puis à la paralysie et éventuellement à la mort par suffocation ou arrêt cardiaque. Dawn Sturgess, 44 ans, décédée dimanche soir, et son compagnon Charlie Rowley, deux anciens sans-abri, ont été retrouvés le 30 juin dans une habitation d’un quartier résidentiel d’Amesbury, une ville du sud-ouest de l’Angleterre. Charles Crowley reste dans un état critique à l’hôpital de Salisbury, à une douzaine de kilomètres de là.

La police a annoncé mercredi qu’ils avaient été exposées au Novitchok, substance déjà utilisée pour empoisonner l’ex-espion Sergueï Skripal et sa fille Ioulia en mars, à Salisbury. Tous deux avaient finalement été tirés d’affaire après un lourd traitement médical dans l’hôpital de cette petite ville du sud-ouest de l’Angleterre.

le professeur Andrea Sella, chimiste à l’université londonienne UCL

« Le fait qu’il s’agisse du même produit que celui qui a empoisonné les Skripal confirme beaucoup de choses qu’on subodorait sur la famille des agents innervants Novitchok« , affirme le professeur Andrea Sella, chimiste à l’université londonienne UCL, cité par le Science Media Centre.

« Ils sont faits pour persister dans l’environnement et ne pas s’évaporer ni se décomposer rapidement. Cela veut dire que si un contenant ou une surface a été contaminé, il peut rester dangereux longtemps », poursuit-il.

Une hypothèse réfutée par Vil Mirzaïanov, le chimiste russe ayant révélé l’existence de ce gaz innervant, qui explique que « le Novitchok est très vulnérable à l’humidité et se détruit dès qu’il y a de l’eau ». Il s’agirait, selon lui, d' »une nouvelle attaque, sans lien physique avec la première ».

 permettre au corps d’évacuer l’agent innervant

Le Novitchok est un agent innervant, comme d’autres poisons plus connus, le sarin et le VX. Ces substances ciblent une enzyme appelée acétylcholinestérase, dont le rôle est crucial: c’est elle qui détruit l’acétylcholine, une molécule qui agit sur la contraction des muscles. Lorsque l’agent innervant bloque cette enzyme, l’acétylcholine s’accumule, ce qui détraque le système nerveux.

Selon les experts, la procédure de soins classique dans le cas d’un empoisonnement avec un agent innervant est de stabiliser les fonctions vitales du corps (respiration, battements du cœur). Parallèlement, il faut administrer au patient de l’atropine, médicament de base utilisé pour combattre les symptômes des agents innervants.

L’atropine bloque les récepteurs de l’acétylcholine pour empêcher son accumulation dans le système nerveux. Le temps, si le traitement fonctionne, de permettre au corps d’évacuer l’agent innervant et de produire à nouveau l’enzyme qu’il ciblait.

DC avec AFP

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