Quiconque effectue une recherche sur l’internet avec la question « La musique classique est-elle en train de mourir ? » trouvera des centaines d’articles et de blogs qui prennent position sur cette question.
Ce que la plupart de ces personnes veulent dire, c’est que la musique classique n’est pas populaire, relativement parlant. Par exemple, bien que le violoncelliste Yo-Yo Ma ait vendu plus de 2 millions d’albums dans le monde entier et que, selon la plupart des critères, il est l’un des plus grands noms de la musique classique d’aujourd’hui, ses ventes restent dérisoires par rapport à celles des stars de la pop du passé, telles que Michael Jackson ou Madonna.
Cependant, la popularité peut être mesurée de différentes manières. En termes absolus, les grands compositeurs sont plus nombreux que jamais à être joués et écoutés. Il existe tellement d’enregistrements de grandes œuvres classiques que même le connaisseur le plus acharné se trouve dans l’impossibilité de les répertorier tous. La brève liste suivante résume quelques-uns des morceaux les plus enregistrés de l’histoire de la musique.
Le Canon en ré majeur de Pachelbel, P 37
Pauvre Johann Pachelbel. Il a composé plus de 500 œuvres au cours de sa vie, et aujourd’hui, les gens n’en écoutent plus qu’une seule. On a suggéré qu’il avait écrit son célèbre Canon en ré majeur pour célébrer le mariage de Johann Christoph Bach, le cousin aîné de Johann Sebastian. Personne n’en est sûr, mais comme Pachelbel était ami avec la famille Bach, cette théorie est plausible. Si c’est le cas, Pachelbel serait peut-être rassuré de savoir que son œuvre est aujourd’hui utilisée pour célébrer des mariages dans le monde entier.
Le Canon, dans lequel une mélodie est imitée par deux autres voix en couches superposées, est certainement mémorable. La Gigue pour trois violons, un mouvement de danse entraînant que Pachelbel a écrit pour accompagner le Canon, est tout aussi réussie, quoique moins célèbre.
Selon Presto Music, un site web qui tient à jour une discographie exhaustive des œuvres classiques, le Canon a été enregistré plus de 200 fois. Selon les producteurs d’un enregistrement réalisé en 1983 par l’Academy of Ancient Music, on l’entend généralement « avec l’addition gratuite de parties d’alto ».
Ceux qui souhaitent l’écouter dans sa pureté originelle devraient se tourner vers les arrangements pour trois violons et basse continue.
Le Requiem en ré mineur de Mozart, K 626
Wolfgang Amadeus Mozart a vendu plus de 500 millions de disques dans le monde. Ce chiffre est à peu près comparable à celui des Beatles, si l’on considère leurs ventes tous supports confondus. Si le site web « chartmasters » incluait les compositeurs classiques morts dans son classement des artistes les plus prospères, les meilleurs d’entre eux élimineraient sans aucun doute plusieurs musiciens modernes de la liste. En 2016, un coffret complet des œuvres de Mozart publié par Decca et Deutsche Grammophon est arrivé en tête du classement Billboard de l’année, devançant même Beyonce.
De toutes les œuvres de Mozart, celle avec le plus d’adaptations est probablement son grand Requiem inachevé. Presto Music recense 281 enregistrements.
À la mort de Mozart, en 1791, seules deux sections de l’œuvre étaient achevées, même s’il avait laissé des esquisses pour les autres. Son statut d’œuvre inachevée a incité différents compositeurs à orchestrer les mouvements, en s’appuyant sur leurs propres interprétations de la manière dont Mozart lui-même aurait pu le faire.
La version la plus jouée aujourd’hui a été écrite par Franz Süssmayr, l’élève de Mozart, mais il existe en tout une quinzaine de versions différentes.
L’Ouverture 1812 de Tchaïkovski, opus 49
Pyotr Ilyich Tchaïkovski est sans doute le plus grand compositeur russe. Il a écrit les ballets les plus célèbres et les plus joués au monde, et ses merveilleuses mélodies ont été immortalisées dans d’innombrables films.
Son œuvre la plus populaire est cependant l’Ouverture 1812, qui célèbre la victoire de la Russie sur Napoléon. Avec près de 300 enregistrements, c’est l’une des œuvres les plus jouées du répertoire classique.
L’Ouverture 1812 a été arrangée à plusieurs reprises pour orchestre de concert, ce qui a permis d’accentuer le caractère martial de l’œuvre et d’en faire l’une des favorites des célébrations du 4 juillet.
La partition originale de Tchaïkovski prévoit 16 coups de canon au point culminant. La plupart des arrangements ont utilisé des tirs d’artillerie préenregistrés. Pour la version d’Antal Dorati avec l’orchestre symphonique de Minneapolis, les effets militaires ont été enregistrés séparément à West Point et ajoutés ultérieurement. Le conservateur du musée de West Point, Gerald C. Stowe, a utilisé un canon français fabriqué à Douay, en France, en 1775.
La Sonate Clair de lune de Beethoven, opus 27
Ludwig van Beethoven compte 7,6 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, ce qui fait de lui le deuxième compositeur classique sur cette plateforme.
De toutes ses œuvres, la plus populaire est sa Sonate pour piano n° 14 en do dièse mineur, opus 27 n° 2, plus connue sous le nom de Sonate Clair de lune. Il existe plus de 500 enregistrements distincts de cette sonate.
La plupart sont pour piano, mais chaque interprète semble avoir sa propre interprétation de l’expression émotionnelle, du tempo et de la technique. Glenn Gould, par exemple, a été critiqué pour avoir joué la pièce trop vite et ne pas avoir assez utilisé la pédale, ce qui a entraîné une perte de clarté. En revanche, l’approche d’Alfred Brendel est considérée comme réfléchie et retenue.
La Toccata et fugue en ré mineur de Bach, BWV 565
La recherche du nom de Jean-Sébastien Bach dans la base de données Presto Music donne plus de 15.000 titres.
De toutes ces œuvres, la « Toccata & Fugue en ré mineur » est la plus jouée. Elle devance de peu la « Sonate au Clair de lune » de Beethoven comme le morceau de musique ayant le plus d’interprétations avec environ 550 enregistrements.
Bien que les enregistrements pour orgue prédominent, la diversité des arrangements est vertigineuse. La Toccata et Fugue a été transcrite pour orchestre, guitare, violon, saxophone, luth et presque tous les autres instruments imaginables.
Bach est également le compositeur classique le plus écouté sur Spotify, avec 7,9 millions d’auditeurs mensuels. S’il vivait aujourd’hui, sa présence sur les médias sociaux lui rapporterait bien plus que son modeste salaire de musicien d’église. Pour un compositeur aussi profondément spirituel que l’était Jean-Sébastien Bach, une telle richesse matérielle n’aurait finalement eu que peu d’importance.
La popularité et l’importance sont plus étroitement liées qu’on ne le pense généralement, si l’on considère l’ensemble des époques. Comme le montre cette liste, il existe une forte corrélation entre les « plus grands » compositeurs et leur niveau d’estime publique, mesuré à la fois par le nombre d’enregistrements et d’auditeurs sur les services de streaming audio. Quel que soit le critère utilisé, la musique classique est en plein essor.
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