L’enquête sur la « Gestapo chinoise » commence par une annonce insolite

11 juillet 2016 12:02 Mis à jour: 11 juillet 2016 20:31

Avant que les apparatchiks du Parti communiste chinois (PCC) ne soient inspectés par la police disciplinaire interne du Parti, ils sont réunis pour une entrevue. Assis avec leurs chemises blanches sous une bannière rouge posée horizontalement, l’inspecteur en chef, ses adjoints et le patron de l’organisation locale du PCC déclarent officiellement l’ouverture de l’inspection. Ça n’a pas été le cas pour la « Gestapo chinoise ».

Habituellement, cette image du début d’une inspection est accompagnée d’une annonce officielle – un long texte fastidieux où l’inspecteur en chef transmet formellement les exhortations qu’il a reçu du dirigeant du Parti Xi Jinping, par rapport au renforcement de la discipline des cadres du Parti.

Toutefois, l’annonce récente d’une série d’enquêtes a attiré l’attention des médias internationaux, car quelque chose y manquait.

L’annonce de l’ouverture d’une enquête sur le « Groupe pilote pour la prévention et le traitement des questions liées aux religions hérétiques », appelé « Bureau 610 » (apparenté dans ces méthodes à équivalent de la Gestapo), publiée sur le site de la Commission centrale de l’inspection de la discipline, n’a pas été accompagnée de la photo traditionnelle de la salle de réunion. Le nom du dirigeant du Groupe n’était pas non plus mentionné – une formule de « principale personne en charge » était utilisée à la place. Les annonces de toutes les inspections des autres organes du Parti et du gouvernement contenaient ces informations.

On ne peut pas dire ce que signifie ce traitement inhabituel pour la Gestapo chinoise du Bureau 610. C’est le seul organe dont les noms des responsables n’ont pas été prononcés après quelques années mouvementées subies par sa haute direction. Avant l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, le Bureau 610 bénéficiait de la protection de Jiang Zemin qui l’avait créé pour mener sa compagnie politique préférée – celle visant à éliminer la pratique spirituelle du Falun Gong en Chine. À cette époque, la direction du Bureau 610 était resté stable.

La puissance et le prestige du Bureau 610 ont reçu un coup dur en décembre 2013 avec l’arrestation de l’ancien vice-ministre de la sécurité publique Li Dongsheng. Les médias du PCC ont parlé de Li en mentionnant son rôle de dirigeant du Bureau 610, plutôt que son poste dans le gouvernement – un fait important en tenant compte de la nature « sensible » de cet organe extrajudiciaire, de ses activités et de ses liens directs avec Jiang Zemin.

Depuis l’arrestation de Li, les patrons du Bureau 610 ont été remplacés les uns à la suite des autres et d’une manière de plus en plus discrète.

Les médias d’État ont dévoilé le nom de Liu Jinguo en tant que patron du Bureau 610 seulement plusieurs mois après sa nomination à ce poste. Fu Zhenghua, un ancien fidèle qui a tourné le dos  à Zhou Yongkang, l’ex-patron de la sécurité, a remplacé Liu en 2015, mais cette annonce a été censurée peu après sa parution. Ceux qui suivaient ces développements ont pu lire dans le journal de Hong Kong Sing Tao que Huang Ming, l’actuel vice-ministre de la Sécurité publique, avait remplacé Fu en mai dernier.

Gestapo en Chine
Huang Ming, vice-ministre de la Sécurité publique. (ThePaper.cn)

Après plusieurs vérifications, il n’y a pas eu de mises à jour ultérieures ou d’autres informations au sujet des activités de Huang dans le cadre de son nouvel emploi. On ne sait pas si l’épithète de « principale personne en charge » veut dire que la direction de Xi Jinping souhaite en fait garder la Gestapo de Jiang sans patron.

Le Bureau 610 a été créé par l’ancien dirigeant du PCC Jiang Zemin le 10 juin 1999 (ce qui explique son nom) avec pour seul mandat de superviser la persécution du Falun Gong. Le Falun Gong ou le Falun Dafa, est une discipline traditionnelle chinoise, de développement physique et spirituel, comprenant des exercices et des enseignements basés sur les principes d’Authenticité, Bienveillance et Tolérance. Les sources officielles chinoises estimaient à environ 70 millions le nombre de Chinois qui pratiquaient cette discipline en 1999.

Craignant la popularité grandissante du Falun Gong, Jiang a ordonné sa persécution le 20 juillet 1999. Les fonctionnaires des succursales de cette Gestapo dans toute la Chine orchestraient les arrestations massives de pratiquants, effectuées par la police locale. Ils faisaient également pression sur les juges pour condamner sans délai les pratiquants lors des séances des tribunaux extrajudiciaires.

Selon Minghui.org, un site d’informations sur la persécution, à ce jour plus de 4 000 pratiquants de Falun Gong sont décédés suite à la torture et aux mauvais traitements, tandis que des centaines de milliers d’autres ont été emprisonnés.

Dans un récent rapport sur les prélèvements forcés d’organes en Chine, des enquêteurs estiment que près de 1,5 million d’organes ont été transplantés au cours des 15 dernières années, dont la grande majorité proviendrait des pratiquants de Falun Gong,  tués dans ce processus. Les récentes résolutions du Parlement européen et de la Chambre des représentants des États-Unis ont condamné le régime chinois pour ces actes.
Version anglaise : Inspection of ‘Chinese Gestapo’ Begins With Unusual Announcement

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