Les États-Unis tournent le dos à Huawei, mettant fin au plan d’action 5G du PCC

Par Emel Akan
31 décembre 2020 23:23 Mis à jour: 31 décembre 2020 23:31

WASHINGTON – L’administration Trump a remporté une victoire importante contre le régime de Pékin cette année grâce à sa campagne « Clean Network », qui a évincé Huawei Technologies Co. des infrastructures de télécommunications essentielles dans de nombreux pays.

Bien qu’il n’ait pas fait l’objet d’une grande publicité, cet effort a permis d’obtenir une série d’engagements de la part des gouvernements pour exclure les fournisseurs non fiables de leurs réseaux sans fil de cinquième génération (5G). Ce mois-ci, plus de 50 nations, représentant plus des deux tiers de l’économie mondiale, et 180 entreprises de télécommunications avaient rejoint l’initiative « Clean Network » menée par le gouvernement américain.

Cette alliance regroupe 26 des 27 États membres de l’UE, ainsi que des pays technologiquement avancés comme le Japon, Israël, l’Australie, Singapour, Taïwan, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Inde.

Ce triomphe pour le gouvernement américain semblait impensable au début de cette année, car le géant chinois des télécommunications, acteur dominant sur le marché mondial de la 5G, semblait imbattable.

Pendant des années, les États-Unis avaient cherché à convaincre leurs alliés de fuir les fournisseurs chinois tels que Huawei et ZTE pour des raisons de sécurité nationale, et l’administration Trump avait mis en garde contre les risques liés à la dépendance aux technologies chinoises, qui étaient profondément ancrés dans la prochaine génération de télécommunications mondiales. Mais ces efforts n’ont pas permis de contrôler Huawei.

En février, Huawei a annoncé qu’elle avait 91 contrats commerciaux 5G en dehors de la Chine, dont 47 en Europe et 20 en Asie. En janvier, par exemple, le Royaume-Uni a déclaré qu’il autoriserait Huawei à fournir des équipements 5G, ce qui a déclenché des tensions entre Londres et Washington.

Le logo de la société chinoise Huawei visible sur l’écran d’un téléphone portable Huawei à Londres, le 14 juillet 2020 (Daniel Leal-Olivas/AFP via Getty Images)

« Les États-Unis tentent sans cesse de persuader leurs pays alliés pour qu’ils interdisent à Huawei de développer la 5G, mais la plupart d’entre eux ont nié l’avoir fait », a déclaré Huawei sur son site web en février.

Pour renverser la vapeur, le ministère des Affaires étrangères américaines a lancé en avril une campagne exigeant un « réseau propre » (Clean Nework) pour tout le trafic 5G du réseau autonome entrant et sortant des installations diplomatiques américaines, comme le prévoit la loi d’autorisation de la défense nationale de 2019. Le Clean Network a été la première de plusieurs mesures stratégiques pour un réseau propre que l’administration a déployées pour protéger les données et réseaux essentiels des États-Unis contre le Parti communiste chinois (PCC).

Le mois suivant, le ministère du Commerce a renforcé les contrôles à l’exportation pour Huawei, la qualifiant de menace pour la sécurité. Le Pentagone a ensuite mis la société sur une liste noire en raison de ses liens avec l’armée chinoise.

Dans le cadre de ce plan, Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. a annoncé en mai qu’elle allait construire en Arizona l’usine de fabrication de puces de 5 nanomètres la plus avancée au monde, une étape importante dans la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement en semi-conducteurs et un réseau 5G sûr pour les États-Unis et ses partenaires.

Le Clean Network cherche à répondre à ce que le ministère des Affaires étrangères américain décrit comme « la menace à long terme que représentent pour le monde libre la confidentialité des données, la sécurité, les droits de l’homme et la collaboration fondée sur des principes de la part d’acteurs autoritaires malveillants. »

Le ministère des Affaires étrangères a mené des actions de sensibilisation internationale pour expliquer les actions des États-Unis concernant Huawei et a exhorté d’autres pays à prendre des mesures similaires pour sécuriser leurs réseaux 5G et protéger les informations personnelles de leurs citoyens. Keith Krach, sous-secrétaire d’État à la croissance économique, à l’énergie et à l’environnement, était à l’origine de cette initiative.

Ancien homme d’affaires et vétéran de la Silicon Valley, M. Krach a inventé le terme « Clean Network » et a dirigé l’initiative visant à supprimer l’élan de Huawei en unifiant les alliés. Et en quelques mois, le réseau a recueilli un soutien international massif.

Aujourd’hui, la grande majorité des membres de l’UE, de l’OTAN et de l’OCDE adhèrent au programme Clean Network.

« L’élan du Clean Network a changé la donne pour Huawei et le plan directeur 5G du PCC », a déclaré M. Krach à Epoch Times.

« Il a prouvé que China Inc. est battable. Et dans le processus, nous avons exposé leur plus grande faiblesse : ils sont indigne de confiance. »

Le pilier de l’État de surveillance

La plus grande faiblesse des entreprises chinoises comme Huawei « est que personne ne leur fait confiance », selon M. Krach. Et cette question de confiance est devenue un outil stratégique pour le gouvernement américain.

Depuis que la Chine a adopté la loi sur le renseignement national en juin 2017, tous les citoyens et entreprises chinois sont légalement tenus de remettre toute information ou donnée au régime communiste sur demande. Huawei est l’épine dorsale de l’État de surveillance du PCC, selon M. Krach, et depuis des années, le régime a forcé les gouvernements du monde entier à acheter ses infrastructures et ses services 5G.

Le sous-secrétaire américain aux Affaires économiques, Keith Krach, s’exprime lors d’une réunion sur le réseau Clean Network à Brasilia, au Brésil, le 11 novembre 2020. (Avec l’aimable autorisation de Keith Krach)

C’est l’éléphant de 800 livres dans la pièce, explique avec métaphore M. Krach.

« Les pays et les entreprises sont terrifiés par la doctrine d’intimidation, de représailles et de rétribution du PCC. Et cela, en gros, c’est une intimidation. Quand vous affrontez un tyran, il se rétracte. Et il recule vraiment si vous avez vos amis à vos côtés », dit-il.

La coalition croissante est une « couverture de sécurité » pour les pays et les opérateurs de télécommunications afin de se prémunir contre les représailles de Pékin.

À la suite de la campagne du gouvernement américain, les accords de Huawei en dehors de la Chine sont tombés de 91 à « probablement une douzaine », selon M. Krach.

Jusqu’à présent, 27 des 30 membres de l’OTAN et 31 des 37 membres de l’OCDE ont rejoint le Clean Network.

Dans une victoire importante pour l’administration Trump, le Royaume-Uni a annoncé en juillet son intention d’exclure Huawei de ses futurs réseaux 5G, revenant ainsi sur sa décision de janvier. Les fournisseurs de téléphonie mobile du pays ne pourront plus acheter de nouveaux équipements Huawei après le 31 décembre.

Il a fallu un certain temps, mais le vent a tourné en Allemagne, a déclaré M. Krach, alors que Berlin prépare une législation qui imposerait de nouvelles restrictions sévères aux fournisseurs d’équipements de télécommunications et rendrait pratiquement impossible l’inclusion de Huawei dans la construction des réseaux 5G du pays.

« Nous avons renversé le cours du plan directeur 5G du Parti communiste chinois », a écrit le secrétaire d’État américain Mike Pompeo sur Twitter le 23 décembre.

« Les États-Unis sont fiers de rejoindre nos partenaires et alliés de l’UE, [le sommet des Trois Mers], [l’OTAN] et [l’OCDE] dans le Réseau propre pour contrer l’influence malveillante du PCC. Les alliances fondées sur la confiance l’emporteront toujours sur les États de surveillance. »

Pékin a été furieux de la campagne Clean Network du gouvernement américain.

En septembre, le China Daily, qui est la propriété du PCC, a critiqué M. Pompeo pour avoir déclaré la victoire contre le régime chinois.

« La tentative d’étrangler Huawei montre la méthode impitoyable que l’administration américaine utilise pour s’accrocher à l’hégémonie américaine en matière de technologie », a déclaré le journal.

En août, M. Pompeo a annoncé l’extension du programme Clean Network pour y inclure des transporteurs propres (garantissant qu’aucun transporteur non fiable, comme ceux de Chine, ne soit connecté au réseau), des applications et magasins d’applications propres, des services d’informatique en nuage propres (protégeant les données des Américains) et un câble propre (garantissant que les câbles sous-marins reliant les États-Unis à l’Internet mondial soient protégés). Dans le cadre de cet effort, le président Donald Trump a signé en août deux décrets pour faire face aux menaces posées par les applications mobiles populaires chinoises TikTok et WeChat.

Clean Network a également ajouté un certain nombre de leaders de l’industrie en tant qu’entreprises propres, notamment Oracle, HP, NEC, Fujitsu et Cisco.

Selon M. Krach, l’intégration d’entreprises propres dans la coalition était un aspect stratégique de l’élargissement de la proposition de valeur. Ces entreprises propres doivent pouvoir faire confiance aux réseaux 5G dans un pays afin d’investir ou d’étendre leurs activités. Si elles ne le peuvent pas, elles iront voir ailleurs.

« Annoncer que vous êtes un pays propre va envoyer un signal fort au secteur privé américain que c’est un bon endroit où investir. »

M. Krach définit l’effort autour de la 5G comme une « tête de pont » dans une bataille économique plus large contre le PCC. Il estime que l’alliance des démocraties est la « clé d’or », car elle pose les bases de nombreux autres domaines tels que la monnaie propre, les données propres et l’Internet des objets propre.

Le sous-secrétaire américain aux affaires économiques Keith Krach, la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen et le fondateur de la Taïwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) Morris Chang assistent à un banquet pour la délégation américaine à Taipei, Taïwan, le 18 septembre 2020. (Avec l’aimable autorisation de Keith Krach)

Les prochains accords en dehors de la technologie ont déjà commencé, selon M. Krach, dont les secteurs de l’infrastructure et du financement propres, ce que l’on appelle le réseau Blue Dot pour contrer l’initiative chinoise de la nouvelle route de soie, également nommée la Ceinture et la Route. D’autres initiatives se concentrent sur les minéraux propres, les chaînes d’approvisionnement propres et les pratiques de travail propres.

Alliance transatlantique

Au cours des derniers mois, M. Krach et son équipe se sont rendus en Asie, en Europe, au Moyen-Orient et en Amérique latine pour obtenir des engagements de la part des gouvernements, des opérateurs de télécommunications et des sociétés multinationales pour les inviter à se joindre à la coalition.

L’intégration d’une boîte à outils « Clean Toolbox » pour la 5G de l’Union européenne (UE) dans le cadre du réseau « Clean Network » lors de sa visite en Europe fin septembre marque un tournant pour le gouvernement américain.

En janvier 2020, la Commission européenne, en collaboration avec les États membres de l’UE, a publié une boîte à outils pour garantir le déploiement de réseaux 5G sécurisés dans toute l’Europe.

Le 30 septembre, le commissaire européen Thierry Breton et M. Krach ont publié une déclaration commune soulignant leur engagement envers des principes communs en matière de sécurité 5G. Ils ont également annoncé le rapport synergique qui a été établi entre Clean Network et la boîte à outils de l’UE. Ainsi, tout pays qui met en œuvre la boîte à outils de l’UE sera considéré comme faisant partie du réseau propre.

« La boîte à outils 5G sert de référence au conseil d’administration des opérateurs de télécommunications, qui doivent prendre la décision concernant les fournisseurs 5G », a déclaré M. Breton dans la déclaration commune.

« S’ils choisissent un fournisseur 5G à haut risque et que quelque chose se passe, les membres du conseil d’administration peuvent être tenus responsables. »

Le même jour, l’OTAN a également apporté son soutien à la campagne du gouvernement américain, en soulignant l’importance d’avoir un réseau 5G propre et sécurisé afin que l’intégrité de l’OTAN ne soit pas compromise.

Le secrétaire général adjoint Mircea Geoana a annoncé que la majorité des pays de l’OTAN se sont engagés à rejoindre le Clean Network. M. Geoana a déclaré que l’alliance ne permettait pas à certains pays d’utiliser des fournisseurs de confiance alors que d’autres utilisent des fournisseurs non fiables. Il a également souligné l’importance de disposer d’une infrastructure 5G civile sécurisée en temps de paix et de guerre.

En octobre, l’Initiative des trois mers, un forum de 12 États membres de l’UE en Europe centrale et orientale, a également annoncé son soutien au Clean Network lors de la conférence annuelle en Estonie.

En novembre, M. Krach s’est également rendu en Amérique latine pour élargir l’alliance, obtenant des engagements à rejoindre le réseau du Brésil, de l’Équateur et de la République dominicaine.

La Turquie, l’Islande et la Hongrie (également dans l’UE), membres de l’OTAN, ne font toujours pas partie du réseau Clean Network.

« Je pense que vous continuerez à voir plus de pays, plus d’entreprises et plus de compagnies de télécommunications » rejoindre cette coalition en pleine expansion, a déclaré M. Krach.

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