Les six plus grandes banques chinoises annoncent une baisse de bénéfices d’un milliard de dollars

Par Alex Wu
9 mai 2025 06:49 Mis à jour: 9 mai 2025 18:40

La baisse des bénéfices du secteur bancaire chinois est le signe d’un ralentissement économique généralisé, voire d’une stagnation, selon des analystes.

Les six plus grandes banques chinoises ont publié des rapports du premier trimestre faisant état de baisses significatives de leurs revenus et bénéfices.

Selon des experts, cette situation indique une économie en stagnation. Ils estiment que la situation devrait continuer à mesure que les effets de la guerre tarifaire entre la Chine et les États-Unis se feront sentir.

La Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC), la Banque agricole de Chine, la Banque de Chine, la Banque de construction de Chine, la Banque des communications et la Banque postale d’épargne de Chine ont publié leurs résultats du premier trimestre le 29 avril. Pris ensemble, leur bénéfice net a diminué de 7,3 milliards de yuans (1 milliard d’euros) par rapport à la même période en 2024, soit une baisse d’environ 2 %.

Parmi elles, la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC), le plus grand prêteur mondial en termes d’actifs, a enregistré une baisse de 4 % de son bénéfice net en glissement annuel. Quant à la Banque de Chine, elle a affiché une diminution de 2,9 % par rapport à l’année précédente.

Les six banques ont déclaré un revenu total de 910,2 milliards de yuans (125 milliards d’euros) au premier trimestre, soit une baisse en glissement annuel de 13,9 milliards de yuans (1,9 milliard d’euros).

L’ICBC est la seule grande banque chinoise dont le revenu trimestriel dépasse 200 milliards de yuans (27,5 milliards d’euros), bien que cela représente toujours une baisse de 3,2 % par rapport à la même période en 2024.

La Banque de construction de Chine a déclaré un revenu de 190,07 milliards de yuans (26,1 milliards d’euros), en baisse de 5,4 % en glissement annuel.

Depuis janvier, la Chine et les États-Unis sont engagés dans une guerre tarifaire qui a durement frappé les exportations chinoises, aggravant l’économie du pays, qui connaissait déjà un ralentissement durable.

Les médias chinois ont cité les analyses de plusieurs agences, et ont attribué ces baisses à plusieurs raisons : un nouveau prix concentré des prêts qui a exacerbé la pression sur la marge d’intérêt, un ralentissement du rythme de l’expansion des actifs, une augmentation du taux d’imposition sur le revenu, un affaiblissement du soutien des provisions et une volatilité accrue des revenus non liés aux intérêts.

Mais selon Henry Wu, un macroéconomiste taïwanais, qui s’est entretenu avec Epoch Times le 2 mai, les entreprises de Chine continentale ne reçoivent plus de commandes d’exportation en nombres suffisant, signe direct de la guerre tarifaire entre les deux plus grosses économies. Il estime que « l’économie et la macroéconomie chinoises sont tombées en récession ».

« Dans ce cas, les activités des banques sont certainement affectées », a déclaré Henry Wu. « À l’origine, le but des prêts bancaires était de gagner des différentiels de taux d’intérêt, mais maintenant, la demande de fonds pourrait diminuer considérablement. De nombreuses entreprises n’osent plus investir et risquent de fermer ou de faire faillite. »

L’économiste taïwanais Edward Huang estime que la guerre tarifaire aura un impact encore plus important au deuxième trimestre.

« [La baisse du premier trimestre est due au fait que] l’immobilier chinois a continué de baisser, toute l’économie est en récession, ce qui a un impact plus important sur les bénéfices des banques chinoises. C’est à cause de facteurs nationaux », a-t-il indiqué.

Pedestrians walk past a sign showing the numbers of the Hang Seng Index in Hong Kong on Oct. 8, 2024. (Peter Parks/AFP via Getty Images)
Des piétons passent devant un panneau affichant les chiffres de l’indice Hang Seng à Hong Kong le 8 octobre 2024. (Peter Parks/AFP via Getty Images)

Edward Huang estime que les bénéfices et les actions des banques indiquent si l’économie d’un pays est bonne ou mauvaise, car les banques transfèrent des fonds à tous les secteurs d’un pays.

« Si les bénéfices des systèmes qui transfèrent des fonds diminuent, cela signifie que l’activité économique ralentit, et c’est un ralentissement généralisé », a-t-il déclaré.

Pendant ce temps, l’indice des directeurs d’achat (PMI) de la Chine pour son secteur manufacturier est tombé à 49 en avril, atteignant son plus bas niveau en 16 mois, alors que les nouveaux et lourds tarifs de l’administration Trump sur les produits chinois sont entrés en vigueur.

Le PMI est un indicateur de la direction générale des tendances économiques dans les secteurs manufacturier et des services. Une lecture inférieure à 50 indique une contraction économique.

Edward Huang prévoit que les exportations chinoises diminueront davantage au deuxième trimestre et que l’économie chinoise continuera de stagner.

« Quant à la gravité de la stagnation après la guerre tarifaire, nous en aurons une idée en observant les bénéfices des banques chinoises au deuxième trimestre », a-t-il déclaré.

Edward Huang pense également que le Parti communiste chinois au pouvoir pourrait rapidement prendre des mesures comme une baisse des taux d’intérêt et des coefficients de réserves obligatoires.

« Pour les gens ordinaires, ils verront une réduction de leurs intérêts bancaires, et pour les banques, la marge bénéficiaire sera réduite », a déclaré Edward Huang.

Compte tenu de la situation économique, Henry Wu affirme que « les banques pourraient ne pas oser prêter de l’argent par crainte de défaut de paiement, et le crédit des banques commencera à se contracter, ce qui refroidira et détériorera davantage la macroéconomie ».

Lorsque les banques ne prêtent pas d’argent, « de nombreuses entreprises sont incapables de rembourser leurs prêts précédents, puis elles font défaut sur leurs prêts », a-t-il déclaré.

Luo Ya a contribué à la rédaction de cet article.

Avec Reuters

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.