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Démographie

Plus de décès que de naissances : la France franchit un cap démographique inédit

La France connaît une situation démographique inédite, avec plus de décès que de naissances en métropole, sur fond de vieillissement de la population et de fortes disparités entre villes et campagnes. Les zones rurales se distinguent par une population plus âgée, une natalité insuffisante et une espérance de vie plus faible que dans les espaces urbains.

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Photo: Jeerapong Tosa-ngad/Shutterstock

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Durée de lecture: 5 Min.

Au 1er janvier 2025, la France comptait 68,6 millions d’habitants, soit 169.000 de plus qu’un an plus tôt. Cette faible progression tient surtout au solde migratoire positif. Le solde naturel reste légèrement excédentaire au niveau national (+170.000), mais seulement grâce aux départements d’Outre-mer. En France métropolitaine, on enregistre 629.000 naissances pour 630.000 décès, un solde naturel négatif « pour la première fois depuis plus d’un siècle hors périodes de guerre ».

Une tendance qui devrait se prolonger

La baisse des naissances touche l’ensemble du territoire. L’Ined indique que cette diminution concerne « tous les types de territoires » et juge « vraisemblable » qu’elle se prolonge dans les prochaines années. Cette tendance fragilise le renouvellement des générations, en particulier là où la population est déjà vieillissante.

Le vieillissement s’accentue partout, mais il se révèle « particulièrement marqué » dans les départements ruraux. En 2024, la part des 60 ans et plus atteint 31 % pour les hommes et 35 % pour les femmes dans ces territoires, contre 22 % et 26 % dans les départements urbains, et 21 % et 22 % dans ceux d’Outre-mer. Ce déséquilibre démographique renforce mécaniquement le nombre de décès par rapport aux naissances.

Une croissance poussée par les migrations

Dans les zones rurales, la population continue de croître, mais uniquement grâce aux arrivées de nouveaux habitants. La croissance démographique y atteint +0,32 % par an et repose « uniquement » sur l’arrivée de personnes de l’extérieur. En parallèle, le solde naturel y est défavorable, sous l’effet combiné du vieillissement et de la baisse des naissances.

Les espaces urbains gardent encore un solde naturel positif. Ils bénéficient à la fois d’un surplus de naissances et de l’arrivée de personnes de nationalité étrangère, pour une croissance de +0,42 %. Le nombre d’immigrés de pays tiers titulaires d’un titre de séjour d’au moins un an a toutefois reculé dans les départements urbains, passant de près de 60 % jusqu’en 2016 à 55 % en 2022. En milieu rural, leur part a augmenté de 10 % il y a vingt ans à près de 15 % aujourd’hui.

On se marie plus en zone rurale

La structure familiale diffère aussi entre villes et campagnes. La vie de couple est « nettement plus répandue » en zone rurale : en 2022, 76,6 % des femmes et 70,3 % des hommes de 20 à 64 ans y déclarent vivre en couple, contre 60 % dans les départements urbains. Cette situation pourrait s’expliquer par « une mise en couple plus précoce des jeunes hommes et femmes en milieu rural ».

Les habitants des communes rurales se marient davantage. Dans les couples de sexe différent, hommes et femmes se marient à un âge plus tardif que dans les communes urbaines. À l’inverse, pour les couples de même sexe, l’âge moyen au mariage est inférieur d’environ un an et demi. En 2024, la France compterait 247.000 mariages, un niveau élevé depuis 2022, soutenu « sans doute » par un effet de « rattrapage de mariages empêchés pendant la pandémie ».

Parallèlement, 260.000 avortements ont été pratiqués en 2024 (IMG et IVG), soit 8000 IVG de plus qu’en 2023 et 700 IMG de moins. Dans les grands centres urbains, l’offre en matière de méthodes, de lieux et de professionnels est « relativement diversifiée ». Ce n’est pas le cas de nombreuses communes, notamment rurales. L’Ined observe cependant un meilleur accès à l’IVG médicamenteuse en zone rurale, grâce à l’augmentation du nombre de sages-femmes autorisées à la pratiquer depuis la loi de 2016.

Une espérance de vie plus faible en zone rurale

L’espérance de vie progresse légèrement au niveau national. Elle atteint 80 ans pour les hommes et 85,6 ans pour les femmes. Mais ces moyennes masquent des disparités territoriales importantes, au détriment des zones rurales.

Dans les départements ruraux de la France hexagonale, l’espérance de vie se situe deux ans en dessous de celle observée dans les départements urbains, jugés plus favorisés. L’Ined évoque notamment les difficultés croissantes d’accès aux soins en milieu rural pour expliquer cet écart. Cette situation renforce le constat global : en métropole, la France compte désormais plus de morts que de naissances, dans un contexte de vieillissement accéléré et de fractures territoriales.

Avec AFP