Les Suisses rejettent la retraite à 66 ans mais s’accordent un 13e mois de pension

Par Vincent Solacroup
4 mars 2024 16:30 Mis à jour: 4 mars 2024 16:39

La Suisse a rejeté dimanche le relèvement de l’âge du départ à la retraite mais a voté en faveur d’un 13e mois pour les retraités.

La proposition visant à relever progressivement l’âge de départ à la retraite de 65 à 66 ans a été largement rejeté par 74,72% des voix, une mesure portée par le parti des Jeunes libéraux-radicaux avec le soutien de la droite. Cette proposition aurait permis d’économiser quelque deux milliards de francs d’ici 2030 selon les calculs de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS). Elle aurait ainsi garanti le financement des rentes jusqu’en 2033 au moins, le système de l’assurance-vieillesse et survivants (AVS) étant confronté au vieillissement de la population suisse.

Le camp du non, principalement la gauche et le centre, a mis en avant les difficultés vécues par les seniors pour retrouver un emploi.

Ce vote sur la retraite à 66 ans est intervenu moins de deux ans après que les électeurs suisses ont décidé, de justesse, de relever l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, comme pour les hommes. Un calendrier serré qui a joué en défaveur de la proposition.

Un coût de quatre milliards de francs suisses

La proposition en faveur d’un 13ème mois de retraite a recueilli 58,2% des voix dans le pays, selon les résultats définitifs, avec une participation légèrement supérieure à 58%. Ils montrent également qu’elle a remporté une majorité des suffrages dans 16 des 26 cantons suisses, soit plus de la moitié, ce qui était une condition pour être adoptée.

Le 13ème mois annuel de pension de retraite, à l’instar du 13ème mois de salaire de nombreux actifs en Suisse, était une proposition des syndicats intitulée « Mieux vivre sa retraite ». “On va faire la fête ! ». « C’est historique », a commenté auprès de l’AFP Pierre-Yves Maillard, président de la Fédération syndicale suisse (SGB) qui a milité pour le « oui ». Car, « il y a, comme partout, une crise de pouvoir d’achat en Suisse. Le niveau de vie des retraités s’érode », a-t-il souligné.

C’est la première fois que les syndicats parviennent à faire adopter une proposition par la voie de la démocratie directe. Les pensions mensuelles de la sécurité sociale suisse sont plafonnées à 2450 francs suisses (2570 euros) pour une personne seule et à 3675 francs pour un couple marié, dans un pays régulièrement classé parmi les plus chers du monde. En ville, le loyer d’un appartement de trois pièces s’élève à au moins 3000 francs (3150 euros). Un café coûte plus de cinq francs.

Cette initiative a un précédent en Europe : le Liechtenstein voisin, autre pays cher qui utilise le franc suisse, a mis en place un système similaire il y a plusieurs années. Le parti des Verts a salué aussi une « victoire significative » pour de nombreux retraités.

Jakob Hauri, un retraité cité par la campagne du « Oui », est du même avis : « Le coût de la vie monte en flèche », et la caisse de retraite, « censée garantir le minimum vital, ne suit pas ». Les partis de gauche ont soutenus l’initiative, mais elle était farouchement combattue par les partis de droite et centristes, de même que par le gouvernement et le Parlement.

Le gouvernement a affirmé que l’augmentation proposée coûterait plus de quatre milliards de francs suisses par an, avertissant qu’elle nécessiterait des augmentations d’impôts et pourrait menacer la stabilité financière du système de sécurité sociale. Il a également estimé que le changement proposé, pour tous les retraités quelle que soit leur situation financière, n’apporterait qu’un bénéfice social limité.

L’UDC, la droite radicale et premier parti du pays, avait prévenu que cette initiative « irresponsable » permettrait aux pique-assiette d’épuiser le système.

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