L’Europe doit se préparer à une guerre avec la Russie « qui pourrait durer des décennies », explique le chef de l’OTAN

Étant donné que «la Russie oriente toute son économie vers la guerre», l'Europe doit également renforcer sa sécurité

Par Naveen Athrappully
12 février 2024 16:20 Mis à jour: 12 février 2024 16:31

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré que son organisation devait se préparer à un conflit avec la Russie, car il n’y a « aucune garantie » que Moscou n’étende pas la guerre en cours en Ukraine.

« L’OTAN ne cherche pas la guerre avec la Russie. Mais nous devons nous préparer à une confrontation qui pourrait durer des décennies », a-t-il déclaré dans une interview accordée au quotidien allemand Welt am Sonntag le 10 février. « Si Poutine gagne en Ukraine, il n’y a aucune garantie que l’agression russe ne s’étendra pas à d’autres pays », a-t-il poursuivi tout en soulignant que la meilleure défense pour l’Europe à l’heure actuelle consiste à soutenir l’Ukraine et à investir dans les capacités militaires de l’OTAN. « La dissuasion ne fonctionne que si elle est crédible. Tant que nous investirons dans notre propre sécurité et que nous resterons unis, nous continuerons à dissuader toute forme d’agression. »

M. Stoltenberg estime que la production d’armes et de munitions supplémentaires est l’un des principaux défis auxquels le continent européen sera confronté dans les années à venir.

« Poutine prépare l’économie russe à une longue guerre. Il a ordonné une augmentation de 70% des dépenses militaires russes et envisage de continuer de recevoir des missiles de l’Iran et de la Corée du Nord. Comme la Russie oriente toute son économie vers la guerre, nous devons également faire plus pour notre sécurité. »

Le secrétaire général de l’Alliance atlantique a appelé à restaurer et à développer rapidement la base industrielle de l’Europe afin qu’elle puisse augmenter les livraisons d’armes à l’Ukraine et reconstituer ses stocks.

« Cela signifie qu’il faut passer d’une production lente en temps de paix à une production rapide, car cela est nécessaire en cas de conflit. Étant donné que la puissance industrielle et l’économie russes sont éclipsées par l’Occident, l’Europe a les moyens de surpasser Moscou en termes d’investissement et de production d’armes. »

Toutefois, si l’occasion actuelle n’est pas saisie, la Russie pourra tirer profit de la situation et la sécurité régionale sera menacée, a mis en garde M. Stoltenberg.

Il a salué l’appel lancé par l’Allemagne en faveur d’un soutien accru à l’Ukraine, déclarant que tous les alliés « doivent faire un pas en avant ».

L’Allemagne s’est engagée à investir 2% de sa production économique dans le secteur de la défense en 2024, ce qui est « indispensable pour la sécurité de l’Europe », a souligné M. Stoltenberg. Ce niveau de dépenses sur la défense est « essentiel pour assurer la sécurité de nos pays ».

M. Stoltenberg est le dernier responsable de l’OTAN à mettre en garde contre une guerre potentielle entre l’Europe et la Russie. S’adressant aux journalistes le mois dernier, Rob Bauer, président du Comité militaire de l’OTAN, a souligné que les citoyens devraient se préparer à un conflit qui pourrait nécessiter un changement drastique dans leur vie, selon The Telegraph.

« Nous devons nous rendre compte que la paix n’est pas acquise. C’est pourquoi nous nous préparons [les forces de l’OTAN] à un conflit avec la Russie. Mais la question est beaucoup plus large. La base industrielle et la population doivent également comprendre qu’elles y jouent un rôle. »

Rob Bauer a également salué la Suède pour avoir demandé le mois dernier à ses citoyens de se préparer à la guerre, ce qui a entraîné un afflux massif de volontaires dans les services de défense du pays.

« Cela a commencé (…) On prend conscience du fait que tout n’est pas planifiable et que tout ne sera pas rose dans les 20 prochaines années », a-t-il noté.

« Il faut mettre en place un système permettant de trouver davantage de personnes en cas de guerre, qu’elle ait lieu ou non. On parle alors de mobilisation, de réservistes ou de conscription (…) Il faut pouvoir s’appuyer sur une base industrielle capable de produire des armes et des munitions assez rapidement pour pouvoir faire face à un conflit si on y est impliqué. »

La Russie peut étendre la guerre

Alors que les dirigeants européens mettent en garde contre une guerre potentielle avec Moscou, Vladimir Poutine a laissé entendre, lors de sa récente interview avec Tucker Carlson, qu’il n’avait « absolument » aucune intention à étendre la guerre actuelle avec l’Ukraine à d’autres pays.

« Ils essaient d’intimider leur propre population avec une menace russe imaginaire. (…) C’est un fait évident. (… ) Ils essaient d’alimenter la menace russe », a-t-il soutenu, ajoutant qu’il n’enverrait des troupes en Pologne que si « la Pologne attaquait la Russie ».

« Pourquoi ferions-nous cela ? Nous n’y avons tout simplement aucun intérêt. » L’invasion au-delà de l’Ukraine est « absolument hors de question », a-t-il poursuivi.

Lors d’un récent rassemblement en Caroline du Sud dans le cadre de sa campagne à l’élection présidentielle de 2024, Donald Trump a soulevé la question de la protection par l’Amérique de ses alliés européens vis-à-vis la menace russe.

« Un des présidents d’un gros pays s’est levé et a dit : ‘Et bien, Monsieur, si on ne paye pas et qu’on est attaqué par la Russie, est-ce que vous nous protégerez ?’ J’ai répondu : ‘Vous n’avez pas payé, vous êtes en retard (…) Non, je ne vous protégerai pas.’ En fait, je les encouragerais [les Russes] à faire ce qu’ils veulent », a déclaré l’ancien président américain.

En 2018, lorsqu’il était président américain, Trump a souligné que les « États-Unis dépensent beaucoup plus pour l’OTAN que n’importe quel autre pays » ce qui, selon lui, n’est « ni juste ni acceptable ».

« Bien que ces pays aient augmenté leurs contributions depuis que j’ai pris mes fonctions, ils doivent faire beaucoup plus », a-t-il dit à l’époque.

Selon les données de l’OTAN, en avril 2023, les États-Unis et l’Allemagne ont été les principaux contributeurs de l’Alliance. Les États-Unis contribuaient 16,19% au budget de l’organisation, et l’Allemagne 16,19% également. Le Royaume-Uni arrivait en deuxième position avec plus de 11%, la France avec plus de 10% et les autres pays avec une contribution à un chiffre.

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