L’imam Mahjoub Mahjoubi, visé par une enquête pour apologie du terrorisme et des prêches radicaux, a été expulsé vers la Tunisie

Photo: Capture d'écran X
L’imam Mahjoub Mahjoubi, visé par une enquête pour apologie du terrorisme et des prêches radicaux, été expulsé jeudi soir vers la Tunisie « moins de 12 heures après son interpellation » à Bagnols (Gard), a annoncé Gérald Darmanin.
Dans un message posté sur X (anciennement Twitter), le ministre de l’Intérieur a fait valoir que la décision visant l’imam de nationalité tunisienne était « la démonstration que la loi immigration, sans laquelle une telle expulsion aussi rapide n’aurait pas été possible, rend la France plus forte ».
Un « imam radical aux propos inacceptables »
Installé en France depuis le milieu des années 1980, père de quatre enfants, Mahjoub Mahjoubi a « fait l’objet d’une visite domiciliaire et d’une interpellation », avait précisé plutôt dans la journée sur X M. Darmanin, qui avait réclamé dimanche le retrait de son titre de séjour.
Le ministre a à nouveau fustigé jeudi un « imam radical aux propos inacceptables ».
Arrêté sur la base d’un arrêté ministériel d’expulsion, en présence de ses enfants et de son épouse selon son avocat Samir Hamroun, il a été transféré vers un centre de rétention administrative (CRA) en région parisienne.
Mahjoub Mahjoubi s’était fait connaître il y a quelques jours pour une vidéo circulant sur les réseaux sociaux dans laquelle il qualifiait le « drapeau tricolore » de « drapeau satanique » qui n’aurait « aucune valeur auprès d’Allah ».
Il s’était défendu lundi en évoquant un « lapsus », expliquant qu’il dénonçait en réalité les rivalités entre supporters des pays du Maghreb lors de la récente Coupe d’Afrique des nations de football.
Les prêches analysés « recèlent bien d’autres choses que ce pseudo lapsus », avait répliqué mardi le préfet du Gard Jérôme Bonet sur franceinfo.
Si l’on en croit l’arrêté d’expulsion, les propos reprochés à l’imam tunisien couvrent un champ bien plus large que le débat autour du drapeau.
Dans des prêches des 2, 9 et 16 février « portant sur les signes annonciateurs de la Fin des Temps », Mahjoub Mahjoubi « a véhiculé une conception littérale, rétrograde, intolérante et violente de l’islam, de nature à encourager des comportements contraires aux valeurs de la République, la discrimination à l’égard des femmes, le repli identitaire, les tensions avec la communauté juive et la radicalisation jihadiste », relève l’arrêté consulté par l’AFP.
Les autorités françaises accusent aussi l’imam de « propos haineux et discriminatoires à l’égard des non-musulmans et de la société française » qu’il aurait décrite comme « belliqueuse et pourrie ».
Toujours selon l’arrêté ministériel, l’imam désignait devant ses fidèles « le peuple juif comme un ennemi ». Il appelait « à la destruction de la société occidentale jugée décadente » et faisait « l’éloge de la charia, seule loi légitime et juste à ses yeux », selon la même source.
Le 2 février, il déplorait que « les mosquées ne produisent plus de combattants comme au temps du prophète ».
En plus d’enclencher la procédure d’expulsion, M. Darmanin avait demandé au préfet de signaler ces propos à la justice. La procureure de Nîmes Cécile Gensac avait annoncé lundi avoir ouvert une enquête préliminaire pour « apologie du terrorisme ».
L’avocat de Mahjoub Mahjoubi, Samir Hamroun, a dit jeudi à l’AFP qu’il allait contester son expulsion : « pour la requête en référé, c’est le juge des libertés et de la détention du tribunal de Meaux qui est compétent ».

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