Manifestation des agriculteurs: qui est Jérôme Bayle, figure emblématique des agriculteurs ?

Par Sarita Modmesaïb
25 janvier 2024 19:43 Mis à jour: 25 janvier 2024 19:53

Alors que le mouvement de colère des agriculteurs s’amplifie et pourrait atteindre Paris, Jérôme Bayle s’impose depuis cette semaine, déterminé à faire entendre la voix et le ras-le-bol de la filière.

« Obélix et moi, on est fier du combat que tu mènes et on est fier de l’homme que tu es », tels étaient les mots d’Alexandra, envoyés à Jérôme Bayle la veille de la mort accidentelle de cette agricultrice, fauchée sur un barrage routier, mardi dernier, comme le rapporte 20 Minutes Toulouse.

Si l’éleveur de vaches limousines annonçait à ses collègues le décès de l’agricultrice et de sa fille, une famille décimée qu’il connaissait bien, c’est parce qu’en une semaine, cet ancien rugbyman s’est fait connaître par son franc-parler et sa détermination.

« Il parle avec le cœur »

« Forcément, je culpabilise, confie le jeune quadragénaire. Le but, ce n’était pas de laisser des gens au bord de la route, c’était justement de leur sauver la vie. »

Peut-être aurait-il voulu aussi sauver la vie de son père, un agriculteur à la retraite qui ne touchait que 690 euros par mois après une vie de dur labeur, et qui s’est finalement suicidé. Sa mère, également agricultrice, ne perçoit que 217 euros de retraite. Pourtant, elle a aussi travaillé à la ferme pendant 47 ans…

Jérôme a repris l’exploitation familiale suite à un mauvais placage sur le terrain de rugby, l’obligeant à stopper toute forme de sport sous peine de devenir tétraplégique, comme le souligne CNews.

Depuis huit ans, l’ancien rugbyman travaille donc à élever et nourrir lui-même ses vaches sur son exploitation située à Montesquieu-Volvestre, au sud de Toulouse (Haute-Garonne).

C’est à Toulouse, sur la place du Capitole que tout a commencé le 16 janvier dernier lors d’un rassemblement d’agriculteurs. « On nous avait fait des petites annonces, on était déçus, alors on l’a tous poussé du coude pour qu’il prenne le micro parce qu’on sait qu’il parle bien, qu’il parle avec le cœur », témoigne l’un d’entre eux sur 20 Minutes Toulouse.

Et c’est ce qu’a fait ce « célibataire barbu, grand amateur de chasse », sans étiquette syndicale et à l’initiative du groupe Facebook « Les Rugbyculteurs », propulsant la contestation à travers toute la France.

Sa détermination est actée quand, jeudi dernier, sur l’autoroute A64, il prévient les gendarmes qu’il préfère « qu’on [lui] tire une balle dans la tête », plutôt que de renoncer à poser ses bottes de paille sur l’A64.

« Redonner une place forte à l’agriculture »

Humble, l’éleveur de vaches se présente comme sachant « tout juste lire et écrire », mais l’homme a une idée bien précise des revendications à porter.

« Ma première mesure serait d’essayer de remettre du dialogue avec les agriculteurs, déclare-t-il sur le média Livre Noir.

« Aller voir sur le terrain, aller voir la misère… Aujourd’hui, c’est ce qu’on est en train de faire… On n’a pas peur d’amener une caméra dans nos exploitations et montrer dans quelles conditions on travaille. Après, j’essaierais de redonner une place forte à l’agriculture, au moins en Europe, avec la restriction de cette concurrence déloyale. Nous, en France, on nous empêche de produire, d’année en année… Et en contrepartie, on importe du maïs OGM, du bœuf aux hormones, du poulet qui n’a jamais vu le jour… J’essaierais de rééquilibrer, de remettre cet équilibre écologique de l’agriculture française… J’essaierais de faire une agriculture française qui soit forte et essayer d’apporter à l’Europe une agriculture qui soit forte pour essayer de redonner une agriculture européenne très forte au niveau mondial. »

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