Un mannequin amérindien préserve sa culture grâce à son travail

Elle utilise sa carrière comme plateforme pour s'élever contre l'appropriation culturelle

21 août 2018 03:51 Mis à jour: 6 septembre 2019 02:57

Daunnette Reyome a toujours aspiré à devenir mannequin. Depuis son plus jeune âge, elle portait les talons hauts de sa mère et marchait dans leur couloir comme s’il s’agissait d’un podium.

Quand elle avait 13 ans, la jeune fille amérindienne a eu sa « grande chance » dans le mannequinat, mais c’était en fait le début de quelque chose de beaucoup plus excitant – elle a pu utiliser sa voix et affermir sa confiance pour défendre sa culture et son héritage.

Daunnette est originaire de la réserve d’Omaha dans le Nebraska, dans le centre des États-Unis, et fait partie de la tribu Winnebago. Elle est fière de son héritage, mais en vieillissant, elle s’est rendu compte que peu de gens en dehors des réserves comprenaient vraiment ce qu’était la vie des Amérindiens, voire même, qu’ils existaient encore.

« Peu de gens [en dehors d’une réserve] connaissent la vérité à notre sujet, ou savent ce que nous traversons, ou notre histoire », a dit Daunnette à Humanity lors d’une entrevue téléphonique.

Ses débuts

En raison du travail de ses parents, elle a grandi dans six états américains.

Quand elle avait 11 ans, elle a fait son premier événement de mannequinat, un show de coiffure, mais ce n’est qu’à l’âge de 13 ans, quand elle a déménagé en Géorgie, qu’elle a pris vraiment au sérieux cette voie, disant à sa mère qu’elle voulait poursuivre une carrière de mannequinat.

« C’est à ce moment-là qu’elle s’est dirigée vers son statut de ‘maman manager' », a dit Daunette.

Sa mère a commencé à réserver ses défilés et ses séances de photos, et à organiser des entrevues avec des agences de mannequins. Elle a signé avec deux agences de mannequins, et bientôt elle faisait plusieurs séances de photos par semaine et des défilés les week-ends.

« J’étais épatée. J’avais l’impression d’être sur la route de quelque chose de génial », a dit Daunnette.

Mais ensuite vint le doute. Les choses n’allaient pas assez vite ; verrait-elle jamais son visage dans un magazine ? Avait-elle ce qu’il fallait pour être mannequin ?

Elle a partagé ses craintes avec sa mère, qui savait comment lui donner un coup de pouce.

« Nous en parlons ensemble et je me sens toujours beaucoup mieux dans ma peau », a dit Daunnette. « Alors je commence à me ressaisir et à penser, ok, que puis-je faire maintenant pour y arriver ? »

La grande percée

Daunnette Reyome posant lors d’une séance photo. (Jena Cumbo)

Début 2016, Teen Vogue était à la recherche d’un modèle amérindien. Ils tenaient un casting via Instagram. À l’insu de Daunnette, sa mère a soumis ses books.

Quelques semaines se sont écoulées et elle n’a rien entendu. Puis, deux jours avant le tournage, sa mère a reçu un appel – Daunnette avait été choisie pour le tournage.

Daunnette était en huitième année et au milieu d’un cours de mathématiques lorsque le message est arrivé.

« J’étais en extase », se souvient Daunnette. « Teen Vogue me veut ! »

La veille du tournage, ils ont fait leurs bagages et sont partis tôt le matin. Daunnette et ses parents ont quitté la Géorgie pour se rendre à New York. N’ayant dormi que trois heures, elle est arrivée au tournage à New York.

Elle n’avait aucune idée qu’en plus de la séance photo, elle participerait à une entrevue vidéo sur la valorisation culturelle. À ses côtés se trouvaient des modèles japonais, indiens et afro-américains, entre autres.

Au début, elle était nerveuse : « Je ne savais pas ce qu’ils allaient me demander », se souvient-elle.

Mais les questions se sont avérées faciles à répondre pour elle, donc « ce n’était pas vraiment angoissant ».

Cette expérience a été la réalisation d’un rêve et un énorme coup de pouce pour sa confiance en elle.

« J’avais l’impression qu’ils appréciaient qui j’étais, et cela me faisait me sentir vraiment bien dans ma peau », se souvient Daunnette. « Ça m’a fait réaliser de quoi je suis capable. »

« À la fin, je me suis sentie vraiment accomplie. Je pensais que c’était ma grande chance. Je pensais que c’était ce qui allait me propulser, et ce fut le cas. »

Après avoir travaillé avec Teen Vogue, Daunnette a commencé à recevoir un certain nombre d’offres d’emploi et de demandes d’entrevue.

« Les gens voulaient entendre ce qu’une jeune fille amérindienne de 14 ans avait à dire à l’époque. »

Elle a même prononcé un discours aux Nations Unies à l’occasion de la Journée internationale de la petite fille.

Protéger la culture

L’article de Teen Vogue a fait naître en elle quelque chose de plus grand : le désir de parler de sa culture.

Elle a réalisé une série de vidéos de suivi pour Teen Vogue sur la culture amérindienne, avec des amis et des membres de sa famille qui apparaissaient dans les vidéos avec elle. Elle a également été mise en vedette dans Change Makers, un projet qui met en lumière les femmes leaders d’aujourd’hui qui s’engagent à apporter des changements.

Elle voulait dissiper certains mythes et idées fausses sur les Amérindiens.

Par exemple, en huitième année, elle avait une conversation sur les études sociales et les possibilités d’apprendre la culture amérindienne, lorsqu’un camarade de classe a mentionné qu’il avait l’impression que les Amérindiens recevaient gratuitement un logement, de la nourriture et ne payaient pas d’impôts.

« Quand il a dit cela, mon sang n’a fait qu’un tour », se souvient Daunnette. « Moi je sais que nous (les Amérindiens) ne recevons rien gratuitement. »

Les critiques

Un portrait de Daunnette Reyome lors d’une séance photo. (Jena Cumbo)

Elle n’a jamais vraiment vécu d’agressions directes, dit-elle, mais avec sa nouvelle notoriété sur Internet sont venus les inévitables commentaires négatifs.

« Peu importe les commentaires positifs que j’ai reçus de cette vidéo, il y avait toujours quelqu’un qui avait l’opinion contraire », dit-elle.

Son beau-père lui a dit de ne pas lire les commentaires, craignant qu’ils ne lui fassent du mal. Mais sa mère l’a encouragée à faire face à ses détracteurs.

« Elle pensait : ‘après avoir lu tout cela, ça te donnera la force intérieure d’aller de l’avant et de continuer à faire ce en quoi tu crois' », dit Daunnette.

Elle se souvient d’un homme adulte qui l’a ridiculisée dans un commentaire sur une vidéo, lui disant qu’elle n’avait pas d’avenir.

Mais ça ne l’a pas bouleversée.

« Ça m’a fait rire. Cela m’a fait réaliser à quel point les gens ignorants peuvent se comporter envers un adolescent », se souvient Daunnette.

Une étoile filante

Daunnette n’a que 16 ans. Elle a un grand avenir devant elle, et elle est prête à l’assumer.

« Je me vois aller très loin dans ma vie. Même si ce n’est pas avec le mannequinat, je continuerai à m’exprimer », dit-elle.

Tout en continuant à être mannequin, elle trouve aussi plus d’occasions pour parler. Elle est récemment devenue un modèle pour un nouveau réseau social destiné aux filles et aux jeunes femmes appelé Maverick.

Elle est pleine de confiance en elle et cela lui donne la force de surmonter les difficultés ou les moments de doute.

« Je pense que chaque fois que vous prenez le temps d’apprendre à vous connaître et à vous aimer, vous en retirez plus de confiance en vous », a-t-elle dit.

« Maintenant, chaque fois que j’ai des moments difficiles… Je me dis que peu importe ce qu’on traverse, on va s’en sortir. »

Son nom amérindien est Étoile Filante, et elle est à la hauteur de ce nom.

Version originale

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