Des militants des droits de l’homme aux États-Unis: « N’oubliez pas la tyrannie cubaine »

16 juin 2016 08:42 Mis à jour: 26 novembre 2016 16:24

WASHINGTON – Il est facile d’oublier que, malgré la chute du communisme en Union soviétique en 1989 et ses états satellites en Europe de l’Est, le totalitarisme communiste règne encore en Chine, au Laos, au Vietnam, en Corée du Nord et à Cuba. Pour nous rappeler de ce fait et des plus de 100 millions de victimes du communisme, en juin de chaque année, l’ONG Victims of Communism Memorial Foundation (VOC) dépose des fleurs lors d’une cérémonie commémorative en mémoire de ces victimes.

La VOC est une organisation à but non lucratif basée à Washington ayant comme but d’éduquer et de défendre les droits de l’homme. Elle présume qu’on « ne se rend pas clairement compte de toute l’immensité de l’inhumanité du communisme ». Une de ses principales missions est d’expliquer aux gens ce qu’est le communisme et de parler de l’énorme quantité de personnes qui ont été massacrées.

Le 10 juin dernier, le Dr Lee Edwards, président de la Fondation, a présidé la cérémonie lors de laquelle le professeur Paul Goble, conseiller, chercheur, écrivain et spécialiste des questions ethniques et religieuses en Eurasie, a reçu la médaille de la liberté Truman-Reagan. Cette médaille est décernée aux personnes qui s’engage toute leur vie à lutter contre le communisme et la tyrannie.

Paul Goble, lauréat de la médaille de la liberté Truman-Reagan 2016, porte cette médaille au Mémorial des victimes du communisme à Washington, le 10 juin 2016. (Wei Wu / New Tang Dynasty)
Paul Goble, lauréat de la médaille de la liberté Truman-Reagan 2016, porte cette médaille au Mémorial des victimes du communisme à Washington, le 10 juin 2016. (Wei Wu / New Tang Dynasty)

Le Dr Lee Edwards a cité le philosophe français Andrew Gluckman qui avait dit que c’est le devoir des communicants « d’écouter attentivement les paroles des puissants et de rester vigilant envers ses paroles afin d’avertir du danger qu’elles contiennent et d’en dénoncer les conséquences désastreuses ou le mal qu’elles pourraient invoquer ». Selon le Dr Lee Edwards : « Écouter attentivement, rester vigilant afin d’avertir et de dénoncer, telle a été la mission de la vie de Paul Goble en tant que professeur travaillant en Amérique et à l’étranger. »

« Aucun système politique ou économique n’a couté autant de vies que le communisme », a déclaré le Dr Goble dans ses remarques lors de la cérémonie de décoration.

La cérémonie de la commémoration s’est déroulée à l’intersection de Massachusetts Avenue et New Jersey Avenue à  Washington, devant la réplique en bronze de la « Déesse de la démocratie », érigée en 1989 par des étudiants chinois sur la place Tiananmen à Pékin. La construction du mémorial des victimes du communisme a été autorisée en vertu d’une loi du Congrès américain signée par le président Bill Clinton.

Les revers du changement de la politique américaine envers Cuba
Cette année, la commémoration des victimes du communisme s’est concentrée sur Cuba. Un débat a été organisé à la veille de la cérémonie de commémoration au siège de la Fondation près du monument.

Le directeur exécutif de la Fondation Marion Smith n’a pas caché sa déception de la politique de l’administration Obama visant à rétablir les relations diplomatiques avec Cuba communiste. Dans son discours d’ouverture il a souligné que, contrairement aux suppositions de certains, la situation à Cuba n’a pas changé. En exprimant son point de vue dans le Washington Post, M.Smith a expliqué :

« La reconnaissance par l’Amérique du régime de Castro rend légitime le règne du Parti et rend la continuité du contrôle du Parti plus ou moins probable après la retraite ou la mort de Raul. Les victimes du régime de Castro trouvent qu’ils ont perdu leur plus fidèle allié, les États-Unis. »

Marion Smith, directeur exécutif de Victims of Communism Memorial Foundation, ouvre les débats sur le communisme cubain, le 9 juin 2016. (Gary Feuerberg / Epoch Times)
Marion Smith, directeur exécutif de Victims of Communism Memorial Foundation, ouvre les débats sur le communisme cubain, le 9 juin 2016. (Gary Feuerberg / Epoch Times)

Une victime cubaine du régime barbare
Quoi qu’on puisse penser du bien-fondé du changement dans politique des États-Unis, il y a beaucoup de faits sur le communisme cubain dont le public n’est pas au courant, en particulier concernant la violence du régime envers le peuple cubain. Ces incidents ne sont pas souvent rapportés par les médias, pourtant les rendre public correspondait aux buts de la commémoration.

Sirley Ávila León, du village de Limones dans la municipalité de la Colombie, Las Tunas, a été élue en juin 2005 à l’organe législatif officiel de Cuba, qui soi-disant dirige le pays. Mais en fait, a souligné Mme León, il est contrôlé par le Parti communiste cubain. Elle a essayé de travailler dans l’intérêt des agriculteurs pauvres qu’elle représentait, mais a découvert que le Parti était corrompu et indifférent envers le sort de ces gens.

Les trois écoles primaires dans son district ont été démolies à cause d’un projet du gouvernement prévoyant la construction d’un réservoir ; certaines personnes en ont été réduites à la misère. Les enfants devaient parcourir à pied plus de 9 kilomètres sur un chemin difficile pour se rendre à l’école la plus proche. Avec le soutien de ses électeurs et en faisant pression sur le gouvernement local, elle a réussi à reconstruire une école en 2007.

«  Le dirigeant provincial ne m’a jamais pardonné cette construction », a confié Mme León en s’exprimant en espagnol.

Sirley Ávila León, militante civile et des droits de l’homme, parle de son combat contre le Parti communiste cubain lorsqu’elle essayait de représenter les intérêts du peuple cubain dans le district où elle habitait. Elle a participé aux débats tenus le 9 juin dernier à Victims of Communism Memorial Foundation. (Gary Feuerberg / Epoch Times)
Sirley Ávila León, militante civile et des droits de l’homme, parle de son combat contre le Parti communiste cubain lorsqu’elle essayait de représenter les intérêts du peuple cubain dans le district où elle habitait. Elle a participé aux débats tenus le 9 juin dernier à Victims of Communism Memorial Foundation. (Gary Feuerberg / Epoch Times)

Lors d’une réunion avec d’autres délégués, « j’ai été accusée par son président d’être une cheffe de file », a-t-elle déclaré. « [Le président] a dit que ma conduite devrait être étudiée au siège provincial du Parti communiste cubain. »

Trois ans plus tard, le gouvernement a fermé l’école, sans tenir compte du fait que la route vers l’école la plus proche était très longue et impraticable, et des difficultés que cela faisait aux gens qui étaient pauvres. Lorsqu’elle et les parents ont porté plainte, le gouvernement a menacé de placer les enfants dans une école pour enfants handicapés s’ils refusaient de les envoyer à l’école qui leur était assignée.

Mme León a été aussi déterminée à représenter sa communauté dans d’autres affaires, mais après ses trois mandats, son district a été supprimé et elle a été contrainte d’abandonner son poste.

« Alors que le régime lançait des campagnes contre moi, la confiance du peuple en moi a grandi », a-t-elle précisé par l’intermédiaire de son interprète.

« Je n’étais pas au courant de l’absence de droits et de la dictature qui existait à Cuba, une dictature qui est capable de tout pour se maintenir au pouvoir, tandis que ses proclamations que le pouvoir provient du peuple n’est qu’un mensonge. »

Alors elle a commencé à se prononcer contre l’injustice à la radio et à collaborer avec des groupes opposés au gouvernement.

Un week-end quand elle n’était pas chez elle, sa maison a été vandalisée, son puits a été empoisonné et tous ses animaux domestiques ont été tués. Elle a reçu de nombreuses menaces de mort. Elle avait été avertie par un ami (qui a été assassiné plus tard) « que la police politique avaient offert à de très dangereux criminels des récompenses pour son futur assassinat. »

Le 24 mai 2015, elle a été attaquée avec une machette chez elle par quelqu’un qu’elle a pu identifier et qui avait été envoyé par la sécurité d’État pour la tuer. Son épaule, sa clavicule, son bras droit et ses deux genoux ont été tailladés et sa main gauche a été sectionnée. Elle doit maintenant se déplacer en fauteuil roulant et sa main gauche ne bouge plus. Elle ne pouvait obtenir aucune aide de la police ni du gouvernement cubain, qui profitait de son impunité. Elle est actuellement aux États-Unis pour un traitement médical et elle a l’intention de revenir à Cuba après son rétablissement.

Sirley Ávila León a reçu le Prix des droits de l’homme de la VOC le jour de son témoignage, et elle l’a remerciée le lendemain lors de la cérémonie commémorative.

L’émigration des Cubains monte en flèche
Mauricio Claver-Carone, le directeur exécutif de Cuba Democracy Advocates a parlé du danger de l’oubli. « Cent millions de victimes du communisme, mais on n’en entend pas parler », a-t-il annoncé.  Cela n’appartient pas à l’histoire, comme le génocide arménien, et continue à se passer aujourd’hui.

John Suarez, secrétaire de Cuban Democratic Directorate International, a déclaré que plus de 70 000 Cubains ont émigré cette année aux États-Unis, ce qui « a coïncidé avec les efforts visant à normaliser les relations avec la dictature. »

Dans un article publié dans Huffington Post, Mauricio Claver-Carone a écrit que le nombre de Cubains entrant aux États-Unis en 2015 – environ 51 000 – était presque le double du chiffre de 2014. Avec 70 000 immigrés déjà enregistrés cette année, le nombre de Cubains fuyant leur pays est en nette hausse. Certains Cubains peuvent s’inquiéter que leur statut spécial d’exilé cubain avec le droit d’asile pourrait bientôt disparaître en tenant compte des nouvelles relations entre les États-Unis et le régime de Castro.

M. Saurez a noté qu’on avait aussi vu l’augmentation de l’immigration à l’époque quand les présidents Carter (1979-1980) et Clinton (1994-95) ont entrepris des efforts de normalisation, et maintenant répétés sous l’administration Obama.

« La dictature veut exporter les gens qui sont mécontents », a souligné  John Saurez.

Fidel Castro, premier secrétaire du parti communiste cubain et président du Conseil d'État s’adresse à la foule dans les années 1970 à La Havane. (OFF / AFP / Getty Images)
Fidel Castro, premier secrétaire du parti communiste cubain et président du Conseil d’État s’adresse à la foule dans les années 1970 à La Havane. (OFF / AFP / Getty Images)

Il a également noté que lors de ces « efforts de détente » avec le régime de Castro, la « dégradation de la situation avec les droits de l’homme dans le pays » devient un « phénomène commun. »

Cette année, a souligné M. Claver-Carone, qui milite pour les valeurs de son organisation au Congrès américain, il y a eu plus de 6 000 arrestations politiques à Cuba, ce qui « bat tous le records de la décennie. » Pendant toute l’année dernière, il en avait 8 616, a-t-il écrit dans l’article précité de Huffington Post. En comparaison, en 2010, il n’y avait que 2 074 arrestations et 4 123 en 2011.

Les enquêtes d’Amnesty International (AI) arrivent à la même conclusion. Marion Smith dans son article publié en 2015 dans le Washington Post a précisé que l’AI avait constaté « que le nombre d’arrestations à court terme a fortement augmenté et que les poursuites pénales pour des motifs politiques se poursuivaient. »

Mauricio Claver-Carone a également annoncé que plus de 250 églises ont été démolies au cours de cette année.

Le chemin vers la démocratisation
Julio Shiling, politologue, écrivain, conférencier et directeur de Patria de Marti, un forum politique et société d’édition numérique, pense également que les efforts effectués actuellement par l’administration Obama ne favorisent pas la démocratisation et le respect des droits de l’homme à Cuba.

M. Shiling a souligné qu’il faisait une distinction entre les dictatures autoritaires et les dictatures totalitaires. On peut trouver des exemples de l’évolution réussie vers la démocratisation de dictatures « ordinaires », comme Taiwan, la Corée du Sud, la Grèce et le Brésil, mais pas dans les  dictatures totalitaires comme la Chine, le Vietnam, Cuba et le Laos. Selon lui, pour parvenir à la démocratisation, l’accent doit être mis sur la politique et l’éthique et pas sur l’économie.

« C’est pourquoi la détente [entre les États-Unis] et le régime de Castro est totalement dénuée de sens si le but est la démocratie », a-t-il martelé.

La principale différence entre un régime totalitaire et une dictature autoritaire est que la société civile n’a pas le droit d’exister et de prospérer dans le premier. Le pouvoir politique de la dictature totalitaire est maintenu par une multitude d’organisations « conçues pour imiter la société civile ».

L’ensemble du système communiste doit être démantelé afin de permettre une transition vers la démocratie, a-t-il souligné.  L’impunité ne peut être tolérée comme à Cuba communiste, ce qui a été illustré par le cas décrit par Sirley Ávila León.

Fidel Castro, premier secrétaire du parti communiste cubain et président du Conseil d'État (4e à droite) pose sous un portrait de Lénine avant sa rencontre avec le secrétaire général du Comité central du PCUS Leonid Brejnev (4e de gauche) à Moscou, le 5 avril 1977. (STR / AFP / Getty Images)
Fidel Castro, premier secrétaire du parti communiste cubain et président du Conseil d’État (4e à droite) pose sous un portrait de Lénine avant sa rencontre avec le secrétaire général du Comité central du PCUS Leonid Brejnev (4e de gauche) à Moscou, le 5 avril 1977. (STR / AFP / Getty Images)

Julio Shiling a également parlé du rôle que le communisme cubain a joué au niveau international.

« On ne peut pas parler aujourd’hui du Venezuela, du Nicaragua, de l’Équateur, de la Bolivie ou du Brésil sans comprendre la partie jouée par le communisme cubain. Le Venezuela est une colonie cubaine », a-t-il déclaré.

John Saurez a parlé du rôle de Cuba en Afrique dans les années 1970 et 1980, en particulier en Éthiopie. Il a précisé que plus d’un million de personnes y sont mortes de la famine qui a été « facilitée par les troupes cubaines ».

Version anglaise : Cuban Human Rights Activists: ‘Don’t Forget the Cuban Tyranny’

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