Mongolie : fin des heures sombres pour le bouddhisme ?

14 septembre 2017 12:35 Mis à jour: 14 septembre 2017 08:03

 

Le bouddhisme est arrivé en Mongolie avant la fondation de l’Empire mongol il y a huit siècles par Genghis Khan, lequel a ensuite établi des liens étroits avec le bouddhisme tibétain. En dépit de cette influence tibétaine, les Mongols ont donné à leur bouddhisme une coloration toute locale.

Le bouddhisme mongol a traversé des heures sombres lorsque le pays était un satellite de l’Union soviétique, de 1924 au début des années 1990. Durant cette période, plus de 1.250 monastères et temples ont été démolis et d’innombrables objets religieux ont disparu, selon le Conseil des arts de Mongolie.

Quant aux moines, ils furent tous obligés de se marier, s’ils n’étaient pas tout simplement assassinés.

« Après 60 ans d’oppression, il restait bien peu de gens en Mongolie prêts à se faire moines », note Glen Mullin, spécialiste du bouddhisme tibétain.

Durant l’ère communiste, le monastère Gandan à Oulan Bator fut le seul du pays à rester ouvert, ce qui a d’ailleurs permis aux autorités de pouvoir affirmer qu’elles respectaient la liberté religieuse.

En 1996, dans la Mongolie devenue démocratique, le jeune Batchunuun Munkhbaatar, alors âgé de 18 ans, a quitté sa province natale de Tuv (centre) pour rejoindre cette communauté religieuse qui ne comptait alors que 25 moines.

Il y a étudié le bouddhisme et est aujourd’hui le directeur des relations extérieures du monastère, le plus grand de Mongolie, abritant 800 hommes.

« Pendant la période soviétique, le Parti surveillait les croyances des gens. Mais il ne pouvait contrôler leur foi profonde », déclare Munkhbaatar, en citant l’exemple de son grand-père « qui n’a jamais cessé ses psalmodies et ses prières ».

« Il faisait ça discrètement chez lui. Quand quelqu’un approchait de la maison, le chien aboyait et mon grand-père remballait vite fait ses textes sacrés et ses images de bouddha. »

 L’actuel renouveau bouddhiste est parfois épineux à gérer pour le gouvernement mongol, en raison des liens avec le dalaï lama.

La visite en novembre dernier du chef religieux, bête noire de Pékin, avait ainsi provoqué la colère de la Chine, voisine et principale partenaire commerciale de la Mongolie. Oulan Bator s’était alors engagé à ne plus inviter le leader tibétain.

Un dossier sensible, car plus de la moitié de la population mongole se déclare bouddhiste, selon une étude du gouvernement. Selon certains experts, le chiffre pourrait même atteindre les 80%.

Et le pays compte aujourd’hui 3.500 moines, estime Munkhbaatar.

« Cependant, l’état de la plupart des monastères mongols ne permet pas d’y vivre », souligne Vesna Wallace, spécialiste des religions à l’université de Santa Barbara aux États-Unis.

« Les monastères reçoivent une aide financière uniquement quand ils construisent quelque chose, pas pour leur fonctionnement quotidien. Ils dépendent des dons. Donc beaucoup de moines sont assez pauvres et contraints de se marier s’ils ne veulent pas se contenter de survivre avec leurs maigres revenus », explique-t-elle.

La page Facebook du projet affirmait cependant en mars que la première tranche pourrait être achevée d’ici la fin de l’été, sous réserve que 25.000 dollars de dons soient collectés.

Un argent qui arrivera bientôt, veut croire Lunduv.

Tous les matins, il verse une tasse de thé fraîchement infusé sur un champ à proximité du chantier, en priant les divinités.

« Le gouvernement va nous soutenir car notre pays est un pays bouddhiste », assure-t-il. « Notre histoire est liée à notre religion. »

Sur un chantier désaffecté de la banlieue d’Oulan Bator, un ex-nomade de 68 ans veille sur un piédestal inachevé et une tête de bouddha abandonnée, symboles des problèmes d’argent qui freinent l’actuelle renaissance du bouddhisme en Mongolie.

Lorsque Tsegmid Lunduv a été recruté en 2013 comme vigile, le projet semblait pourtant prometteur: un vaste complexe composé de centres de méditation parrainés par le dalaï lama, le tout niché dans les steppes vallonnées des environs de la capitale mongole.

Mais deux ans plus tard, le chantier a été stoppé faute d’argent. Et l’ex-berger, sa femme, leur petit-fils et leur chiot sont désormais les seuls à monter la garde sur ce lieu saint en devenir.

« Quand le chantier sera terminé, tous les maux de la Mongolie disparaîtront », veut croire Lunduv, homme corpulent habillé d’une tunique blanche élimée.

« Cela ouvrira une nouvelle ère », assure-t-il de son sourire édenté.

 

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