«La paix sociale est en grand danger»: pénurie d’énergie et rationnement du gaz en Allemagne

Par Katabella Roberts
15 juillet 2022 16:12 Mis à jour: 16 juillet 2022 09:40

La paix sociale de l’Allemagne est mise en danger par le rationnement du gaz en contexte de pénurie d’énergie.

Les spécialistes avertissent que « la paix sociale est en grand danger » en Allemagne, où le rationnement de l’eau chaude a repris, l’éclairage des espaces publics est éteint et des piscines sont fermées, dans un contexte de pénurie nationale d’énergie.

Selon les médias locaux, Vonovia, le plus grand propriétaire de logements du pays, a annoncé le 7 juillet qu’il allait abaisser la température du chauffage central au gaz de ses locataires à 17°C entre 23 heures et 6 heures du matin, afin d’économiser 8 % des coûts de chauffage.

Vonovia a déclaré que ce changement n’aura pas d’impact sur les températures pendant la journée et que l’accès à l’eau chaude ne sera pas non plus affecté.

Cette mesure vise à économiser l’énergie et le gaz pendant la crise que traverse actuellement l’Allemagne à la suite de la décision de la Russie, le mois dernier, de réduire considérablement ses approvisionnements.

Le pays a également promis de réduire sa dépendance à l’égard de l’énergie russe en raison de son invasion de l’Ukraine.

Le gouvernement allemand a réagi en déclenchant le « niveau d’alerte » de son plan d’urgence gazier à trois niveaux visant à se prémunir contre les pénuries. Selon des responsables, la situation du gaz naturel dans le pays est « tendue » et pourrait encore s’aggraver.

Berlin déclare que les réserves de gaz du pays sont actuellement légèrement supérieures à 60 % et sont « maintenant, dans certains cas, nettement plus élevées qu’en 2015, 2017, 2018 et 2021 » (pdf).

Cependant, l’approvisionnement de gaz provenant du gazoduc Nord Stream 1, qui achemine principalement le gaz naturel de la Russie vers l’Allemagne, a été réduit à environ 40 % de sa capacité maximale.

« La situation est plus que dramatique »

En conséquence, les prix de l’essence ont grimpé en flèche dans le pays. Le ministre de l’Économie Robert Habeck a averti le mois dernier qu’un rationnement n’était pas à exclure.

« La situation est plus que dramatique », déclare Axel Gedaschko, chef de la fédération des entreprises de logement allemandes GdW, au Financial Times. « La paix sociale de l’Allemagne est en grand danger. »

Tout comme Vonovia, la coopérative Dippoldiswalde, une association de logement dans la ville saxonne de Dippoldiswalde, près de la frontière tchèque, a commencé la semaine dernière à rationner l’eau chaude pour les locataires, selon les médias locaux.

Pour quelque 600 locataires, l’eau chaude sera coupée à certaines heures, mais l’eau tiède coulera entre 4 et 8 heures du matin, entre 11 et 13 heures et entre 17 et 21 heures.

M. Gedaschko a déclaré au journal allemand Bild : « En ce qui concerne les économies d’énergie, il est demandé au propriétaire de régler les systèmes de chauffage de manière à économiser de l’énergie, et au locataire de se comporter de manière à économiser l’énergie dans l’appartement. »

Ailleurs, le sénateur de l’environnement de Hambourg avertit que l’eau chaude pourrait être rationnée pour les ménages privés de la ville afin de compenser les pénuries de gaz, tandis que l’Agence fédérale des réseaux, connue sous le nom de Bundesnetzagentur, a également appelé à un changement des températures minimales légales pour les locataires avant l’hiver.

S’adressant au Rheinische Post en juin, Klaus Müller, le président de la Bundesnetzagentur, a déclaré : « Dans le droit de la location, il existe des spécifications selon lesquelles le propriétaire doit régler le système de chauffage de manière à atteindre une température minimale comprise entre 20°C et 22°C. »

« L’État pourrait temporairement abaisser les spécifications pour les propriétaires. Nous en discutons avec les responsables politiques. »

Éteindre l’éclairage routier

Par ailleurs, Helmut Dedy, directeur de l’association allemande des villes, suggère d’éteindre l’éclairage routier la nuit et de couper l’eau chaude dans les bâtiments municipaux, les musées et les centres sportifs, selon le Financial Times.

Le district de Lahn‑Dill, près de Francfort, prévoirait couper l’eau chaude dans ses 86 écoles et 60 gymnases à partir de la mi‑septembre afin d’économiser 100.000 euros en coûts énergétiques, tandis que Düsseldorf a temporairement fermé un immense complexe de piscines appelé Münster‑Therme.

Berlin fait de même, en choisissant de baisser le thermostat des piscines en plein air, selon le reportage.

Face à l’aggravation potentielle de la crise énergétique cet hiver, l’Allemagne a pris la décision « douloureuse » de redémarrer les centrales à charbon mises hors service, déclare M. Habeck.

Pourtant, même l’Allemagne risque d’être encore plus rationnée [dans les secteurs municipaux et résidentiels], les coupures de gaz russe ont un impact considérable sur [l’ensemble] du pays, y compris sur bon nombre de ses industries clés.

La présidente de la Fédération allemande des syndicats, Yasmin Fahimi, a averti au début du mois que « des industries entières risquent de s’effondrer définitivement : l’aluminium, le verre, l’industrie chimique », en raison des coupures de gaz russe, et qu’« un tel effondrement aurait des conséquences massives pour l’ensemble de l’économie et des emplois en Allemagne ».

***
Chers lecteurs,
Abonnez‑vous à nos newsletters pour recevoir notre sélection d’articles sur l’actualité.
https://www.epochtimes.fr/newsletter

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.