Plus d’1,7 million de Hongkongais manifestent pacifiquement contre la violence policière sous une pluie battante

Par Juliet Song
19 août 2019 16:44 Mis à jour: 19 août 2019 16:46

Le 18 août, une mer de parapluies a envahi les rues de Hong Kong. La pluie n’a pas effrayé 1,7 million de citoyens à manifester dans le parc Victoria pour la 11ème semaine consécutive. L’affluence massive, un record depuis le début des manifestations, a paralysé la circulation dans le centre-ville.

Ce qui a commencé comme une opposition à un projet de loi d’extradition qui permettait au régime chinois de transférer des personnes pour qu’elles soient jugées en Chine continentale s’est depuis élargi pour inclure des demandes plus larges. Les manifestant demandent aujourd’hui plus de responsabilités de la part des autorités ainsi que la tenue d’élections démocratiques ouvertes.

Bien que la police n’ait pas approuvé le rassemblement, la population locale a défié l’interdiction et est néanmoins descendue dans les rues.

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(Anthony Kwan/Getty Images)

Cette protestation a marqué l’une des plus grandes manifestations de masse de l’histoire de Hong Kong, avec plus de 1,7 million de participants, selon l’organisateur de l’événement, le Front civil des droits de l’homme (CHRF). Le groupe a ajouté que son estimation de la foule ne tenait pas compte d’autres cortèges de manifestants, ceux qui n’ont pas pu entrer dans le parc Victoria qui était bondé, et ont commencé à marcher vers Wan Chai, l’amirauté et d’autres endroits.

La marche a également été un rare répit par rapport aux week-ends précédents, qui ont vu les manifestations se terminer par de violents affrontements entre la police et les manifestants. La présence policière a été minime tout au long de l’événement de dimanche.

« La réalité a prouvé que ce sont les Hongkongais et non la police qui ont maintenu l’ordre », a déclaré la CHRF dans un communiqué dimanche soir. « Pas de police, nous avons la paix ! »

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(Anthony Kwan/Getty Images)

Un message non violent

Les accusations de brutalités policières se sont multipliées ces derniers temps, après qu’une femme médecin bénévole a été atteinte d’une balle en caoutchouc à l’œil droit lors d’affrontements entre la police et des manifestants le 11 août. Le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme et Amnesty International ont tous deux dénoncé les tactiques utilisées par la police de Hong Kong pour disperser les manifestants, notamment le tir au gaz lacrymogène dans une station de métro fermée et les tirs à bout portant essuyés par les manifestants.

Dimanche, vers 15 heures, les manifestants ont commencé à quitter le parc. Comme la marche n’était pas autorisée par la police et n’avait pas de route désignée, les gens ont commencé à marcher dans des directions différentes.

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(Philip Fong/AFP/Getty Images)

La foule a scandé des slogans tels que « Allez Hong Kong », « Récupérer Hong Kong, la Révolution de Notre Temps », en tenant des pancartes illustrant leurs revendications. Les manifestants exigent aujourd’hui une enquête indépendante sur l’usage de la force par la police, et l’exonération de charges pour tous les manifestants arrêtés.

Depuis juin, la police a procédé à plus de 740 arrestations et tiré plus de 1.000 canettes de gaz lacrymogène.

Beaucoup de parents ont amené leurs enfants à la marche, en disant qu’ils souhaitaient que les générations futures sachent ce qui se passe dans la ville.

« Je ne veux pas me retrouver arrêté sur le champ à la minute où j’aurais dit quelque chose de mauvais, mais je dois participer aux manifestations parce que je fais aussi partie de Hong Kong », a déclaré Lam, 12 ans, à Epoch Times. De nombreux Hongkongais craignent que le projet de loi sur l’extradition ne permette au régime chinois de punir ses détracteurs en toute impunité.

Helena Wong, 60 ans, membre de l’assemblée législative de la ville et du Conseil législatif a demandé pour sa part que le gouvernement de Hong Kong réponde aux demandes des manifestants.

« Comme tous les Hongkongais, nous sacrifions notre temps et tout ce que nous avons dans la bataille pour un Hong Kong démocratique, libre et ouvert « , a-t-elle dit.

Isaac Cheng Ka Long, vice-président du parti démocrate Demosisto, a appelé à une grève étudiante massive pour faire avancer le mouvement.

« Sous cette société anormale et ce gouvernement anormal, il n’y a aucun moyen pour nous de revenir à nos études comme si rien ne s’était passé », a-t-il dit, soulignant qu’environ 20.000 étudiants ont manifesté leur appui à la grève.

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Une manifestante souffrante d’une grave blessure à l’oeil, symbole de la violence policière. (Manan Vatsyayana/AFP/Getty Images)

De nombreux professionnels de la santé étaient également présents. Ils ont déclaré qu’ils souhaitaient faire part de leur empathie à l’égard de l’infirmière blessée, tout en exprimant leur dissidence au gouvernement et à la police pour avoir « fermé les yeux » sur les revendications des manifestants.

« Nous voulons dire aux citoyens de Hong Kong: nous nous soucions vraiment de cette société, nous nous soucions de chaque citoyen, et nous sommes prêts à vous accompagner dans cette période sombre. »

Avery Ng, chef de la Ligue des sociaux-démocrates, un parti local, a appelé aux Hongkongais à se joindre aux manifestations.

« Il ne s’agit pas seulement de la question de notre propre liberté, cela concerne notre dignité humaine », a dit Ng.

En soirée, certains manifestants n’avaient pas encore quitté Victoria Park pour commencer la marche.

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(Billy H.C. Kwok/Getty Images)

Des milliers de personnes se sont également rassemblées près du siège du gouvernement à l’Amirauté et ont pointé des lasers vers le bâtiment, se moquant apparemment de l’arrestation d’un étudiant universitaire pour avoir acheté des stylos laser, que la police a appelé une « arme offensive ». L’étudiant a depuis été libéré.

Vers 22h30, la police a publié une déclaration avertissant les manifestants de quitter la zone. La foule s’est éclairci peu à peu vers minuit, alors que beaucoup criaient: « Rentrons à la maison ensemble » pour éviter les affrontements avec la police.

Le gouvernement de Hong Kong a également publié une déclaration en réponse aux protestations, déclarant que bien que la marche des participants ait été pacifique, elle « affectait sérieusement la circulation et causait beaucoup d’inconvénients à la communauté ».

Samedi, des milliers de personnes ont également bravé les orages pour se joindre à un rassemblement d’enseignants qui ont exprimé leur soutien aux jeunes manifestants.

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Une manifestation de soutien au peuple de Hong Kong à Londres, le 17 août 2019. (Isabel Infantes/AFP/Getty Images)

Voix venant du monde entier

En fin de semaine dernière, des rassemblements de solidarité ont également eu lieu dans des villes du monde entier, dont Paris, Vancouver, Toronto, Londres, Los Angeles, San Francisco, New York City, Melbourne, Sydney et Cologne.

Le Canada et l’Union européenne ont également publié une déclaration conjointe exhortant l’administration de Hong Kong à faire preuve de retenue et à engager un dialogue inclusif avec les citoyens. Ils ont qualifié d' »inacceptables » les violences alors que les Hongkongais exerçaient leurs droits fondamentaux.

Pro-Hong Kong Demonstrators Gather in Sydney
Une manifestation de soutien tenue à Sydney, Australie, en soutien au peuple de Hong Kong. (Brook Mitchell/Getty Images)

Le bureau de Hong Kong d’Epoch Times a contribué à cet article.

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