Les plus grands scandales qui ont secoué la Chine en 2018

De la disparition de vedettes de cinéma aux vaccins souillés, la controverse n'a pas manqué

5 janvier 2019 18:08 Mis à jour: 10 octobre 2019 17:16

Par Fan Bingbing

Pendant trois mois, Fan Bingbing, la superstar chinoise la mieux payée, a disparu des médias sociaux et de la vie publique. L’inquiétante disparition a fait suite à des accusations selon lesquelles la jeune femme de 36 ans utilisait des contrats « yin-yang » pour induire les autorités fiscales en erreur sur le montant qu’elle recevait pour ses films. Il s’agit d’un double système dans lequel la valeur réelle de l’argent échangé est sous-déclarée aux autorités dans le but d’éviter les impôts.

Puis, en octobre, Fan Bingbing a refait surface sur Weibo, une plateforme chinoise de type Twitter, avec une lettre aux fans dans laquelle elle s’excusait pour fraude fiscale. Les autorités fiscales ont ordonné à l’actrice Fan de payer 884 millions de yuans, soit environ 113 millions € (environ 129 millions $) en taxes et amendes en souffrance.

L’actrice, mieux connue en dehors de Chine pour ses rôles dans les franchises X-Men et Iron Man, a déclaré qu’elle acceptait la décision de l’autorité et allait surmonter « toutes les difficultés » pour payer les pénalités.

Fan Bingbing, cependant, n’est pas la seule célébrité prise dans le collimateur de la répression du régime contre l’évasion fiscale. Plus de 500 acteurs chinois seraient dans le collimateur des autorités fiscales alors que le régime communiste cherche à relancer ses coffres dans un contexte de ralentissement économique et de tensions commerciales coûteuses avec les États-Unis.

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La manipulation du génome humain

Le scientifique chinois He Jiankui affirme qu’il a aidé à fabriquer les premiers bébés génétiquement modifiés au monde : des sœurs jumelles dont il a dit avoir modifié l’ADN. He Jiankui a révélé, le 26 novembre, à Hong Kong, à l’un des organisateurs d’une conférence internationale sur l’édition génétique. (AP Photo/Mark Schiefelbein)

En novembre, le chercheur chinois He Jiankui a choqué la communauté scientifique et le monde entier lorsqu’il a annoncé la création des premières sœurs jumelles au monde ayant subi une modification génétique.

Dans une série de vidéos sur YouTube, le chercheur, qui travaillait auparavant à la Southern University of Science and Technology de Chine, a affirmé avoir réussi à modifier l’ADN de jumelles nées plus tôt dans le mois pour les immuniser au sida.

Quelques jours plus tard, il a participé à une conférence sur la modification dez gènes à Hong Kong pour défendre et exprimer sa fierté dans son travail. Il a également révélé qu’une autre grossesse impliquant un bébé génétiquement modifié en était à ses débuts.

Sa révélation a été rapidement et unanimement condamnée par les scientifiques et les experts en bioéthique du monde entier.

Les scientifiques internationaux ont qualifié son expérience d’ « illégale », de « contraire à l’éthique », d’ « inacceptable » et d’ « insouciante », et ont appelé à un examen indépendant des résultats. Il a affirmé que l’expérience a été un succès et qu’il n’y a aucune preuve immédiate de dommages causés à d’autres gènes.

La modification de l’ADN dans les ovules, le sperme et les embryons est éthiquement controversée car de tels changements pourraient être hérités par les générations futures et affecter éventuellement l’ensemble du patrimoine génétique. D’éminents scientifiques ont demandé un moratoire sur son utilisation, sauf dans le cadre d’études en laboratoire, jusqu’à ce que l’on en sache davantage.

Au lendemain de la controverse, l’université de M. He, les responsables de la santé et l’hôpital où les bébés sont nés se sont tous dissociés du scientifique, disant qu’ils ignoraient tout de ses activités. Cependant, des questions ont été soulevées quant à savoir si M. He agissait effectivement seul ou si ses actions étaient approuvées par des instances supérieures.

Sa situation actuelle est inconnue. Selon certains médias, il serait porté disparu, alors que son ancien employeur a publié une déclaration niant qu’il avait été détenu.

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Vaccins défectueux

Un enfant se fait vacciner dans un hôpital de la ville de Huaibei, province du Anhui, Chine, le 26 juillet 2018. (AFP/Getty Images)

La nouvelle en juillet que la compagnie pharmaceutique chinoise Changsheng Bio-Technology avait produit plus de 250 000 vaccins défectueux pour bébés a déclenché une tempête de critiques de la part de parents qui en avaient assez de subir encore un nouveau scandale alimentaire et pharmaceutique.

La société Changsheng Bio-Technology avait mis au point et utilisé des vaccins diphtérique, tétanique et poliomyélitique (abrégé vaccin DTP) de qualité inférieure pour vacciner les bébés. Le vaccin combiné trivalent aurait été administré aux enfants dans la province du Shandong, au nord-est de la Chine. Une enquête ultérieure a révélé que l’entreprise avait en fait produit près de 500 000 vaccins DTP défectueux.

La filiale de la société, Changchun Changsheng, a également essuyé des critiques pour avoir falsifié des données relatives à la fabrication de son vaccin antirabique préparé sur cellules VERO. Quelques semaines plus tard, la société pharmaceutique de l’Institut Wuhan des produits biologiques, une filiale du China National Pharmaceutical Group, société d’État, a été balayée par le scandale après avoir produit 400 000 vaccins DTP défectueux.

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– En Chine, le scandale des vaccins s’intensifie alors que la Chine continentale se tourne vers Hong Kong et Taïwan pour se faire vacciner
Disponible en anglais seulement : In China, Vaccine Scandal Escalates as Mainland Chinese Turn to Hong Kong and Taiwan for Inoculation

Le scandale a déclenché une rapide campagne de censure en ligne, tandis que les parents inquiets se sont tournés vers Hong Kong et Taiwan pour se faire vacciner en toute sécurité.

La présidente de Changsheng Bio-Technology et 17 autres employés, dont des cadres, ont été arrêtés. L’Institut Wuhan des produits biologiques a été libéré avec une simple amende.

– Les parents des enfants victimes des vaccins contaminés, persécutés par le régime chinois

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Online Censorship in Full Swing as Vaccine Recall Scandal Erupts in China

Cette peur fut la dernière accompagnant une longue liste de crises de santé publique qui ont frappé la Chine ces dernières années. Des scandales très médiatisés concernant des vaccins contaminés ont secoué la province du Shanxi, dans le nord de la Chine, en 2006, et la province du Shandong en 2013 et 2015. Le scandale du lait en poudre en 2008 a entraîné plusieurs décès de nourrissons et laissé des dizaines de milliers de bébés hospitalisés.

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#MeToo (Moi aussi)

Cette photo prise le 3 décembre 2017 montre Xuecheng (au centre), l’abbé du monastère Longquan de Pékin, en train de prier pendant une cérémonie à Xinzhou dans la province du Shanxi au nord de la Chine. L’ancien chef de l’association bouddhiste chinoise, dirigée par le gouvernement, fait l’objet d’une enquête criminelle pour agression sexuelle présumée. Xuecheng, membre du Parti communiste, est l’une des personnalités les plus en vue pour faire face aux accusations dans le mouvement #MeToo en Chine. (STR/AFP/Getty Images)

Ce qui a commencé par un message en ligne d’une Chinoise accusant son ancien assistant d’enseignement universitaire d’agression sexuelle a fait boule de neige dans l’épanouissement du mouvement #MeToo en Chine au début de 2018.

De nombreuses femmes ont fait part de leurs expériences de harcèlement sexuel et d’agression sur les médias sociaux, impliquant des universitaires, ainsi que des hommes occupant des postes de pouvoir, dont un moine bouddhiste de haut rang et une personnalité bien connue des médias.

L’un des moines bouddhistes les plus haut placés de Chine, Xue Cheng, 51 ans, a démissionné en tant que président de l’Association bouddhiste chinoise sanctionnée par le Parti communiste chinois en août après avoir été accusé d’agression sexuelle et de manipulation psychologique à l’égard de ses disciples féminines.

Zhu Jun, 54 ans, vedette de la télévision de CCTV, a été accusé d’inconduite sexuelle par une stagiaire de 25 ans. Zhu Jun a plus tard poursuivi la femme non identifiée pour diffamation, une affaire qu’elle défend.

Richard Liu, 45 ans, directeur général milliardaire de la société chinoise JD.com Inc, a été accusé de viol par une étudiante de l’Université du Minnesota lors d’une visite aux États-Unis en août. Les procureurs du Minnesota en décembre n’ont finalement pas inculpé M. Liu.

ZTE

Un logo ZTE sur un immeuble de bureaux à Shanghai le 3 mai 2018. (Johannes Eisele/AFP/Getty Images)

Le fabricant chinois d’équipements de télécommunications ZTE Corp. a été amené au bord de l’effondrement après que les États-Unis ont interdit à l’entreprise, en avril, de faire affaire avec des fournisseurs américains.

L’interdiction a été imposée à titre de sanction après que le département américain du Commerce eut découvert que l’entreprise n’avait pas respecté les conditions d’un règlement judiciaire de 2017 l’obligeant à prendre des mesures disciplinaires contre 35 employés. Dans cette affaire, ZTE a plaidé coupable d’avoir violé les sanctions américaines en expédiant illégalement des marchandises et des technologies américaines en Iran.

Le blocus technologique a durement frappé l’entreprise de 17 milliards de dollars (15 milliards €), qui dépend fortement des États-Unis pour ses composantes technologiques, et a incité le dirigeant chinois Xi Jinping à lancer un appel personnel au président Donald Trump.

En juin, l’administration Trump a conclu un accord avec ZTE, exigeant que le deuxième fabricant chinois d’équipement de télécommunications paie 1 milliard de dollars de pénalités, et dépose plus de 400 millions $ (350 millions €) dans un compte séquestre pour couvrir les indiscrétions futures – la plus importante pénalité jamais imposée par le ministère du Commerce. La société a également été tenue de réformer sa direction et son équipe de direction et de se soumettre à la surveillance des États-Unis.

Arrestation de la directrice financière de Huawei

Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, arrive dans un immeuble de bureaux où aura lieu l’audition de sa libération conditionnelle à Vancouver, le 12 décembre 2018. (La Presse Canadienne/Darryl Dyck)

Meng Wenzhou, directrice financière de Huawei, a été arrêtée au Canada, le 1er décembre, à la demande des autorités américaines. Elle est accusée d’avoir violé les sanctions américaines contre l’Iran.

L’arrestation de Mme Meng a déclenché une forte pression diplomatique de Pékin contre le Canada et les États-Unis. Le régime communiste chinois menaçait le Canada de « graves conséquences » si Mme Meng n’était pas libérée.

Pendant ce temps, les médias d’État chinois ont appelé au boycott des marques canadiennes en représailles à la situation de Meng Wenzhou.

Mme Meng, la fille du fondateur du géant des télécommunications, Ren Zhengfei, a été libérée sous caution en vertu d’une caution de 10 millions de dollars canadiens (environ 7 millions €) et risque une extradition vers les États-Unis.

L’arrestation a eu lieu dans le cadre d’une trêve commerciale temporaire entre les États-Unis et la Chine après une réunion Trump-Xi à Buenos Aires le 1er décembre. Les pourparlers entre les deux pays ont toutefois progressé malgré la controverse.

Moins de deux semaines après l’arrestation, la Chine a détenu deux Canadiens soupçonnés de « mettre en danger la sécurité nationale de la Chine ».

L’ancien diplomate canadien Michael Kovrig, qui travaillait à l’International Crisis Group, un groupe de réflexion non gouvernemental, a été le premier à être détenu. Le second était Michael Spavor, un homme d’affaires basé dans la ville de Dandong, au nord de la Chine, qui facilite les échanges culturels avec la Corée du Nord.

Une troisième Canadienne, Sarah McIver, a également été détenue pour emploi illégal. S. McIver, une enseignante, a été libérée après avoir reçu une « pénalité administrative » et est maintenant revenue au Canada.

L’arrestation de Meng Wenzhou a mis l’accent sur les activités à l’ombre du géant chinois de la technologie et ses liens avec le PCC.

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