Protester contre des restrictions draconiennes ne fait pas de vous un anarchiste

Par Peter Kurti
2 août 2021 17:56 Mis à jour: 2 août 2021 20:24

Des opposants au confinement sont descendus dans les rues du centre d’affaires de Sydney à la fin du mois de juillet, défiant les ordres de la santé publique, pour protester contre la sévérité des restrictions du Covid imposées par le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud (NSW). Des violences ont éclaté, entraînant blessés et arrestations.

Le commissaire de police de la Nouvelle-Galles du Sud, Mick Fuller, s’est empressé de qualifier « d’anarchistes » les participants à la manifestation de Sydney, qui ont bafoué de manière flagrante les restrictions sanitaires. Bien sûr, il se peut que certains aient réellement cherché à abolir le gouvernement et provoquer une révolution pour transformer la société en une coopérative volontaire… mais ils étaient certainement une minorité.

Des manifestations similaires ont eu lieu à Melbourne dans le cadre du Rassemblement mondial pour la liberté. Le premier ministre de l’État de Victoria, Daniel Andrews, a rapidement qualifié « d’égoïstes » les personnes marchant pour leurs subsistance, tandis que Gladys Berejiklian, première ministre de Nouvelle-Galles du Sud, a ressenti un « dégoût » pour ces manifestations qui, selon elle, témoignaient d’un « mépris total pour leurs concitoyens ».

Pourtant, le but de la manifestation de Sydney n’était sûrement pas de renverser le gouvernement Berejiklian, mais de protester contre la dureté des mesures sanitaires qui ont confiné les gens chez eux et dans leur quartier, privé les enfants de leur scolarité et menacé beaucoup de gens – comme les propriétaires de magasins et les commerçants indépendants – d’une perte catastrophique de revenus et d’emploi.

La police de Nouvelle-Galles du Sud contrôle les conducteurs sur Enmore Road dans le cadre de l’application des ordres de la santé publique à Sydney, en Australie, le 31 juillet 2021. (Brook Mitchell/Getty Images)

Et les tensions sociales cachées sous le voile de la vie normale continueront d’éclater, en particulier maintenant que le confinement sévère se poursuit au moins jusqu’à la fin du mois d’août en Nouvelle-Galles du Sud, voire plus longtemps. La sévérité des restrictions imposées aux déplacements, au travail et à la libre association entre les familles, les amis et les collègues est en train de frapper très fort les habitants de la Nouvelle-Galles du Sud.

En outre, ni les dirigeants politiques ni la police ne sont bien disposés à l’égard de ceux qui contestent – ou même questionnent – leur autorité.

Pourtant, la crise du Covid qui engloutit la Nouvelle-Galles du Sud a, jusqu’à présent, défié les efforts du gouvernement pour contenir la propagation rapide du variant Delta, en recourant à la séparation forcée, au chômage forcé et à de sévères restrictions de la liberté de déplacement.

Avec la fermeture forcée d’un grand nombre d’entreprises, le fardeau économique commence à s’alourdir, les revenus de nombreux ménages se tarissant tout simplement.

Mais la pression financière imposée par la faillite d’entreprises et la hausse du chômage n’est qu’une partie du problème. L’isolement imposé par le confinement a un impact émotionnel sur le tissu même de la société et menace de le déchirer.

Essentiellement, les confinements ciblent le cœur de notre société civile – notre communauté – qui est représentée par un réseau d’associations volontaires, à commencer par la famille, mais qui inclut les organisations communautaires, les institutions religieuses, les organisations caritatives, les équipes sportives et les écoles.

Chacune d’entre elles joue un rôle dans l’établissement de la confiance civique, la création de liens entre les individus et la responsabilisation de ceux qui détiennent le pouvoir politique.

Aussi défendables que soient les ordonnances de santé publique, les mesures de confinement imposées par le gouvernement mettent ces liens à rude épreuve et affaiblissent les obligations que nous avons les uns envers les autres.

La police patrouille dans le parc Victoria peu avant 9 heures du matin à Sydney, en Australie, le 31 juillet 2021. (Brook Mitchell/Getty Images)

Bien que le confinement et la politique de « zéro transmission communautaire » restent populaires auprès de nombreux Australiens, il y a aussi beaucoup de personnes qui s’opposent à la réduction soudaine de leur vie et de leurs moyens de subsistance. Ces personnes ne nient pas nécessairement la nécessité de répondre au Covid, mais elles s’opposent aux décisions draconiennes prises par ce qu’elles considèrent comme des experts en santé publique qui n’ont pas de compte à rendre.

Défier l’autorité légale et politique ne relève pas automatiquement de l’anarchie, qui rejette la notion même d’ordre social.

Il s’agit plutôt d’une forme de désobéissance civile, une pratique établie de longue date dans les démocraties libérales, par laquelle les citoyens peuvent exercer leur droit de protester contre des lois ou des décrets perçus comme injustes ou déraisonnables.

Le langage utilisé par les critiques des protestations indique que les directives de la santé publique doivent être obéies sans discussion et que remettre ces décisions en question équivaut à un échec à la fois légal et moral de la part des manifestants.

Pourtant, une telle manifestation rappelle à tous les dirigeants politiques qu’ils doivent rendre des comptes à l’électorat, et pas seulement dans les urnes.

Ces critiques ne réalisent pas non plus que, dans notre société, ceux qui protestent peuvent se sentir poussés à le faire simplement parce qu’ils estiment que le prix social et financier qu’on leur demande de payer pour atteindre un objectif inatteignable est totalement inacceptable.

Peter Kurti est directeur du programme « Culture, prospérité et société civile » au Centre d’études indépendantes de Sydney, en Australie. Il est également professeur associé auxiliaire de droit à l’université de Notre-Dame, en Australie, et membre de la Royal Society of Arts.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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