Quand le tracteur carbure grâce aux bouses de vache

Par Epoch Times avec AFP
20 mars 2023 10:40 Mis à jour: 20 mars 2023 11:23

À deux pas de l’étable, un fermier de Dordogne fait le plein de son tracteur grâce au méthane tiré des excréments de ses vaches, une manière de réduire les émissions nocives de l’agriculture sans renoncer à élever des animaux.

Depuis sa création en 1926, l’exploitation de la famille Guérin, située à Beaumontois-en-Périgord, a bien changé autour du cœur de ferme historique en pierre. L’étable des vaches est largement automatisée. Deux cuves semi-enterrées au dôme arrondi convertissent leurs bouses en énergie. Et une station-service vert foncé vient de pousser en contrebas, avec sa pompe et son terminal de paiement par carte bancaire.

Au bout du tuyau, pas de gazole, mais du bioGNV (biogaz naturel pour véhicule), moins cher et moins polluant, produit directement dans la ferme cernée de noyers. Ce carburant alimente toutes les voitures de l’exploitation et un nouveau tracteur, le premier à tourner au bioGNV, mis en vente depuis l’an dernier par le constructeur italo-américain New Holland.

Une station Biogaz de France

Dans un futur proche, espère Bertrand Guérin, 59 ans, le camion de l’entreprise qui collecte son lait fera aussi le plein sur place. De même que les Néerlandais et Britanniques en visite dans la région, mieux équipés que les Français en véhicules roulant au gaz.

Bertrand Guérin devant sa station-service bioGNV. (PHILIPPE LOPEZ/AFP via Getty Images)

La station affiche la marque Biogaz de France, créée par l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF), dont Bertrand Guérin est vice-président. Sa crainte : que les géants comme Engie et TotalEnergies, en quête d’alternatives aux énergies fossiles, « s’emparent du marché » lié au méthane issu de l’activité agricole. « Laissons les paysans développer ce métier », plaide l’éleveur.

Dans la vaste étable, une vache de race Montbéliarde va d’elle-même au robot de traite. Délestée, sans intervention humaine, de plusieurs litres de lait, elle se frotte la tête sous une brosse rotative et se soulage. Puis elle enjambe, quasi imperturbable, le racleur automatique chargé d’évacuer le lisier de la centaine de vaches laitières de l’exploitation.

Une source de pollution transformée en engrais et en carburant

Bouses et urine cascadent dans un puits et sont pompées jusqu’au méthaniseur de l’exploitation. La litière de paille des vaches est aussi régulièrement acheminée vers ce digesteur pour que ce fumier n’ait, selon l’éleveur, « pas le temps de dégager du méthane ».

Ce gaz au pouvoir réchauffant bien supérieur au CO2 plombe le bilan carbone de l’élevage bovin : près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture française sont dues au méthane – qu’il soit éructé par les vaches ou qu’il se dégage de leur fumier. « Dans toutes les fermes d’élevage, on a du méthane qui se perd », observe Bertrand Guérin.

Des vaches dans leur enclos sur la ferme de la famille Guerin, qui produit du biométhane, également connu sous le nom de gaz naturel renouvelable, à Beaumontois-en-Périgord. (PHILIPPE LOPEZ/AFP via Getty Images)

Pour améliorer son bilan carbone, et moins dépenser, il transforme cette source de pollution en engrais et en carburant. Chaque jour, 40 tonnes de matières organiques (deux tiers de fumier/lisier, un tiers de déchets issus de l’industrie agroalimentaires) sont englouties par le méthaniseur pour fermenter par 38 degrés. « On mixe, on brasse. Des bactéries dégradent les matières et dégazent du CO2 et du méthane », décrit l’agriculteur.

L’essentiel de ce biogaz est brûlé pour faire tourner un moteur générant de la chaleur et du courant. L’électricité est injectée dans le réseau pour alimenter « l’équivalent de 1000 familles ». Une fraction du biogaz est épurée pour ne garder que le méthane, et comprimée pour faire du bioGNV. En parallèle, les rejets du méthaniseur (appelés digestat) vont fertiliser les vergers, cultures et prairies de la ferme, et se substituer en partie aux engrais azotés de synthèse, fabriqués à partir de gaz fossile.

L’exploitation, qui compte cinq associés familiaux et trois salariés, entend s’affranchir dès que possible du gazole encore consommé par les autres tracteurs.  Pour cette ferme quasi-centenaire, « c’est complètement le début de l’histoire », s’enthousiasme l’éleveur.

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