Les responsables chinois utilisent Twitter pour diffuser la désinformation sur le virus du PCC

Par Bonnie Evans
6 avril 2020 21:59 Mis à jour: 7 avril 2020 10:43

La Chine utilise différents outils, y compris les médias sociaux, pour diffuser des théories de complot dans le cadre de sa campagne de désinformation visant à dissimuler sa responsabilité dans la propagation du virus du Parti communiste chinois (PCC) qui menace les vies humaines dans le monde entier.

Les analystes constatent que de nombreuses agences chinoises ont augmenté l’utilisation de Twitter comme moyen de propagande. Seulement au cours du dernier trimestre de 2019, le régime chinois est passé de 33 à plus de 100 comptes Twitter officiels, a indiqué Bethany Allen-Ebrahimian, journaliste d’investigation qui couvre, entre autres, le fonctionnement de la machine de propagande chinoise.

Une telle augmentation de la présence sur une plateforme de médias sociaux, en laquelle l’État-Parti chinois « ne faisait confiance » initialement, s’explique par le défi qui lui a été lancé par les manifestations à Hong Kong, a expliqué Mme Allen-Ebrahimian lors d’une vidéo conférence tenue le 2 avril par Victims of Communism Memorial Foundation. Lors du dernier semestre de 2019, Hong Kong a connu des manifestations pro-démocratie massives.

Elle a indiqué que le recours à Twitter était très hypocrite de la part du régime chinois qui interdit l’utilisation de ce réseau social à toute personne physiquement présente à l’intérieur de la Chine continentale. Des exceptions, semble-t-il, sont faites pour les fonctionnaires chinois à qui le régime peut faire confiance – ces fonctionnaires peuvent tweeter des messages « politiquement corrects », approuvés par le Parti, et qui ne risquent probablement pas d’être « corrompus ou influencés par les forces étrangères » qui pourraient tweeter en retour.

COUVERTURE SPÉCIALE SUR LE VIRUS DU PCC :

Bethany Allen-Ebrahimian a noté que la Chine s’est distancée de son modèle de propagande typique – le modèle qu’elle utilisait en été 2019, par exemple, lorsque le régime chinois menait une campagne de désinformation à la russe dans les médias sociaux visant les citoyens et les manifestants de Hong Kong.

Les campagnes de désinformation russes, a-t-elle expliqué, sont généralement conçues pour « déstabiliser l’environnement informatique et pour créer la confusion et le chaos dans les pays ciblés ». Les méthodes russes comprennent la propagation de « multiples théories contradictoires » et la création par des tiers de « sites de complot » visant à promouvoir des théories que l’État russe veut propager dans le domaine public.

En fin de compte, Twitter a suspendu des milliers de comptes soupçonnés être liés à une campagne de désinformation soutenue, coordonnée par le régime chinois et dirigée depuis la Chine. Facebook a également supprimé des comptes qu’il jugeait suspects pour la même raison.

Cependant, au cours des trois derniers mois, le régime chinois a utilisé Twitter d’une manière plus nuancée et avec des messages plus précis que lors de ses tentatives assez maladroites entreprises lors de la crise de Hong Kong, a souligné Mme Allen-Ebrahimian.

La chronologie de la désinformation sur le virus du PCC

Le groupe d’experts américains du Center for Security Policy (CSP) a documenté les méthodes de désinformation et de propagande utilisées par le régime chinois aux niveaux municipal, provincial et national depuis les premiers indices de détection d’un nouveau coronavirus à Wuhan.

Ils ont noté qu’entre le 20 janvier et le 10 février, une étude spéciale du Global Engagement Center a repéré une « énorme vague » de 2 millions de tweets promouvant des théories de complot et des désinformations sur le virus. Certains accusent les États-Unis d’avoir fabriqué le virus ; d’autres ont été coordonnés, ce qui laisse penser que ces tweets faisaient partie d’une campagne planifiée.

D’après un article du journal français La Croix, vers la semaine du 2 mars, le PCC a pris des mesures extraordinaires. Selon un rapport confidentiel cité par ce journal, l’État-Parti chinois a émis une ordonnance à l’intention de ses diplomates à l’étranger stipulant « qu’il est impératif que tous les ambassadeurs chinois à l’étranger diffusent le message suivant depuis leurs comptes Twitter ou dans les médias étrangers ». Les diplomates devaient affirmer que « l’origine réelle » du virus « reste inconnue » et ont été chargés de dire : « Nous essayons de savoir exactement d’où il provient. »

Quelle en était la raison ? « Tout lien entre la Chine et le virus doit être remis en question et disparaître de tous les livres d’histoire », précisait l’ordonnance.

Il a également été demandé aux ambassades chinoises d’appeler le virus par le nom de chaque pays d’accueil. Ainsi, l’ambassade de Chine à Tokyo devrait faire référence au « virus japonais », l’ambassade à Rome devrait utiliser le terme « virus italien », etc.

Bethany Allen-Ebrahimian a noté que, le 9 mars, le ministère chinois des Affaires étrangères a tweeté que « les efforts de la Chine pour combattre l’épidémie ont permis de gagner du temps pour assurer la préparation internationale ».

Le 12 mars, un haut fonctionnaire chinois ne s’est pas limité à la présentation du régime chinois en tant que sauveur plutôt que « méchant » initiateur de la pandémie, mais il a même suggéré qui pourrait être le vrai « méchant ». Zhao Lijian, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a suggéré dans un tweet désormais célèbre que l’armée américaine « a amené l’épidémie à Wuhan ».

Mme Allen-Ebrahimian a noté que Zhao Lijian a répété sa suggestion et que « d’autres l’ont reprise ».

« C’était choquant pour moi », a-t-elle déclaré. « C’était la première fois que j’entendais un responsable [chinois] déverser des théories de complot anti-étranger » qui se rapportaient à la santé publique.

« Les dirigeants à Pékin sont en train de mettre en œuvre une stratégie d’importance qu’on n’a jamais vue depuis la guerre froide », a-t-elle poursuivi, en se référant aux accusations de la Chine dans les années 1950, selon lesquelles les États-Unis auraient utilisé des armes biologiques pendant la guerre de Corée. Les documents d‘une source chinoise réputée qui réfutaient l’accusation n’ont été publiés en Chine qu’en 2013.

Bethany Allen-Ebrahimian a souligné que le changement de stratégie des responsables du régime chinois « montre à quel point ils sont préoccupés par leur image et la façon dont ils sont perçus, ainsi que par la dissimulation du fait que cette épidémie mortelle, qui ne se produit qu’une fois par siècle, provient de Chine ».

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