Tony Blair reconnaît que les confinements dans les pays en développement « ont fait plus de mal que de bien »

L'ancien dirigeant travailliste, qui avait autrefois plaidé en faveur de politiques strictes en matière de Covid-19, reconnaît aujourd'hui que les confinements ont provoqué de graves perturbations dans les pays les plus pauvres

Par Owen Evans
3 juillet 2024 21:30 Mis à jour: 14 juillet 2024 21:46

Dans un entretien avec l’animateur de podcast Dwarkesh Patel, Sir Tony Blair a révélé qu’il pensait désormais que les confinements de Covid-19 dans les pays en développement « ont fait plus de mal que de bien ».

Mercredi 26 juin, lors d’une longue interview portant sur le leadership et l’IA, l’ancien dirigeant travailliste, qui avait plaidé en faveur des confinements stricts, a reconnu que le Covid-19 « était manifestement plus grave que la grippe habituelle », mais « n’était pas la peste bubonique ».

Il a soulevé une question complexe : « Jusqu’où doit-on aller dans les mesures de confinement et d’élimination de la maladie ? »

Anxiété

Selon lui, « la plupart des gouvernements ont tenté de trouver un juste milieu en imposant des restrictions, puis en les assouplissant au fil du temps ».

Mais il a ajouté qu’une partie du problème résidait dans le fait que les gouvernements « ne savaient pas trop à qui s’adresser pour obtenir des conseils ».

« Ils ont reçu des conseils scientifiques et médicaux, mais ils ont dû trouver un équilibre entre ces conseils, les besoins de leur économie et l’inquiétude de beaucoup de gens qui craignaient d’être extrêmement désavantagés en cas de confinement important, ce qui a été le cas. »

« Je pense que l’on peut dire que, pour les pays en développement, les confinements ont probablement fait plus de mal que de bien », a-t-il conclu.

Retombées humanitaires

Les confinements dans les pays pauvres ont entraîné de graves perturbations.

En juin 2020, le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti que les décès liés au Covid-19 seraient « une goutte d’eau dans l’océan par rapport aux retombées humanitaires ».

Cela s’explique en partie par la rupture des chaînes d’approvisionnement suite à l’arrêt de l’industrie du transport aérien commercial, qui a laissé le Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres agences des Nations unies dans une situation difficile.

Le PAM a déclaré que le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë a augmenté dans des pays tels que le Yémen, la République démocratique du Congo, l’Afghanistan, le Venezuela et l’Éthiopie, pour atteindre 265 millions en 2020, soit 130 millions de plus que les 135 millions de 2019, en raison de l’impact économique du Covid-19.

En Inde, plus de 1,3 milliard de personnes se sont retrouvées en confinement, ce qui en a fait le plus grand confinement au monde. Les autorités menaçaient d’une peine allant jusqu’à un an de prison tout ceux qui ne respectaient pas les restrictions, malgré le fait que de nombreux Indiens vivent dans des espaces très réduits.

En mai 2020, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a souligné que si les confinements contribuaient à réduire la propagation du Covid-19, il reconnaissait leurs inconvénients.

« Les pays à faible revenu, les petits États insulaires en développement et ceux qui souffrent de la violence et des conflits tentent de faire face à cette menace dans les circonstances les plus difficiles », a-t-il déclaré.

Et d’ajouter : « Il n’y a pas de solution miracle. Il n’y a pas de solution simple. Il n’y a pas de panacée. Il n’y a pas d’approche unique. »

Passe sanitaire

Sir Tony Blair, qui conseille des dirigeants politiques du monde entier dans le cadre de son organisation, l’Institut Tony Blair pour le changement mondial, avait des positions très strictes sur la politique du Covid-19.

En 2021, il avait déclaré au « Andrew Marr Show » de la BBC que les personnes vaccinées et non vaccinées contre le Covid-19 devraient être distinguées à la fois sur le plan national et en ce qui concerne les voyages internationaux.

L’ancien Premier ministre faisait référence à un document, publié par le Tony Blair Institute for Global Change, appelant à un « système de passe sanitaire interexploitable à l’échelle mondiale » qui soit « utilisable à la fois par les autorités frontalières nationales et par d’autres organisations à l’intérieur des pays. »

« Le document que nous publions aujourd’hui affirme que nous devrions vraiment faire la distinction entre les personnes vaccinées et celles qui ne le sont pas », avait-il précisé.

Le document demandait au gouvernement d’autoriser les entreprises et les organisations à fonctionner sans restrictions si elles limitaient l’entrée aux personnes ayant été entièrement vaccinées ou qui avaient subi récemment un test de flux latéral négatif.

Interrogé sur la possibilité de créer une société discriminatoire « à deux vitesses entre les vaccinés et les non-vaccinés », Sir Tony Blair avait répondu que le mot « discrimination » était chargé de sens, « mais en réalité, lorsqu’il s’agit de gestion des risques, tout est question de discrimination ».

La même année, il a déclaré à Times Radio qu’il fallait choisir entre « le confinement sévère ou la vaccination ».

Lily Zhou a contribué à cet article.

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