Val-de-Marne : après la prière, le maire de Villiers se rend à la mosquée pour rappeler aux musulmans d’aller voter

Par Paul Tourège
2 mars 2020 12:46 Mis à jour: 2 mars 2020 12:46

L’intervention du maire a suscité l’ire de ses adversaires politiques, qui lui reprochent de ne pas respecter le principe de laïcité et de faire preuve de clientélisme.

Dans l’après-midi du vendredi 28 février, Jacques-Alain Bénisti, le maire (LR) de Villiers-sur-Marne, s’est rendu dans la mosquée de la ville en compagnie de son adjointe à la cohésion sociale.

Une visite de courtoisie selon l’édile, afin de dire « un petit bonjour » aux fidèles et de leur rappeler « qu’il va y avoir les élections municipales bientôt et qu’il y a plusieurs candidats ».

« Il faut que la démocratie soit présente et que chaque candidat puisse s’exprimer auprès de vous », a déclaré M. Bénisti – candidat à sa propre succession à Villiers-sur-Marne – dans une vidéo de deux minutes filmée par Adel Amara, tête de liste du mouvement Villiers À Venir et adversaire du maire pour la prochaine élection, qui se trouvait lui aussi dans l’enceinte de la mosquée « à titre personnel ».

« Je voulais vous dire que nous avons également entamé une action pour le parking. Ce parking appartient à l’aménageur public de l’État qui est aujourd’hui EpaMarne […]. On est en train de conclure une transaction pour qu’EpaMarne redonne ce parking à la ville et que l’on puisse organiser sa réfection. Comme vous le savez, j’ai beaucoup agi avec l’ensemble du bureau de l’association pour les travaux [de la mosquée], pour que vous ayez un espace le plus convivial possible, maintenant il faut s’occuper de l’extérieur et on ne peut pas aujourd’hui laisser ce parking dans cet état », poursuit M. Bénisti.

« Voilà, ces quelques mots évidemment pour vous souhaiter une très bonne journée et vous dire également – même devant mon adversaire qui est là-bas – que je compte sur vous pour ces élections municipales », conclut l’édile.

Les opposants vent debout

Rapidement diffusée sur les réseaux sociaux, l’intervention du maire a suscité les critiques de ses opposants.

Ces derniers ont notamment dénoncé une atteinte au principe de laïcité en s’appuyant sur l’article 26 de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, qui « interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l’exercice d’un culte ».

« Ce qui nous pose problème, c’est qu’il vienne en tant que candidat pour prononcer un discours politique dans un lieu cultuel. Si M. Bénisti ne comprend pas le principe de laïcité, moi, j’y suis attaché », affirme Adel Amara dans les colonnes du Parisien.

« Un maire n’est pas légitime d’aller chercher les voix à la mosquée. On est pour l’application de la loi, rien que la loi », abonde Frédéric Massot, conseiller municipal (PS) d’opposition et tête de liste aux municipale.

Même son de cloche du côté de Jérôme Auvray, conseiller municipal (RN) qui assure être « scandalisé » par l’intervention du maire dans la mosquée de Villiers-sur-Marne, fermée entre 2016 et 2018 dans le cadre de l’état d’urgence après avoir été identifiée par la préfecture comme « un lieu de référence influent de la mouvance salafiste ».

« Bénisti s’acharne à aller mendier des votes auprès d’un groupe de personnes qui ne sont pas des aficionados de la République », observe M. Auvray.  

Une visite anodine selon le maire

Interrogé par les journalistes du Parisien, Jacques-Alain Bénisti estime que ses adversaires politiques lui font un mauvais procès.

« À toutes les élections, je suis invité par les communautés pour parler aux fidèles », explique le premier magistrat de la ville. Il souligne également qu’il a pris soin de ne pas prendre la parole pendant un temps consacré au culte des fidèles de la mosquée : « Je m’interdis formellement d’intervenir dans un moment de prière. »

Quant à l’adresse enjoignant les fidèles musulmans présents ce jour-là à participer aux élections municipales du mois de mars, l’édile se défend d’avoir cherché à les inciter à voter pour lui.

Il assure au contraire qu’il a seulement voulu leur rappeler d’effectuer leur devoir civique, quel que soit le candidat sur lequel se porte leur choix : « Ils sont des électeurs et des citoyens de la ville avant d’être des croyants. Je compte donc sur eux pour aller voter. »

« Samedi prochain, j’irai voir la communauté juive », conclut le maire de Villiers-sur-Marne.

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