Xi Jinping nettoie le ministère de la Sécurité publique

24 janvier 2017 07:55 Mis à jour: 31 janvier 2017 21:36

Selon une source (haut placée), le chef du gouvernement chinois Xi Jiping se prépare à limoger plusieurs responsables du ministère de la Sécurité publique (MSP) hostiles à ses décisions. Il prévoit également d’autres remaniements.

La source (qui travaille sur place) suit de près les discussions et affirme que Xi Jiping, cherchant à éliminer les fonctionnaires infidèles, installera sous peu une cellule de lutte contre la corruption au sein même du ministère.

Elle précise que des enquêtes ont déjà été initiées, récemment, contre une figure de premier plan.

S’attaquer à ceux qui lui tiennent tête fait partie des « bonnes résolutions » prises par le Chef de l’État pour la nouvelle année.

On ne sait pas exactement quels seront changements pratiques qu’apporteront le contrôle et la surveillance accrus de Xi Jiping.

L’appareil politique et juridique du gouvernement est depuis toujours utilisé comme un outil de répression. Sous Xi Jiping, le niveau de répression aura parfois chuté, parfois augmenté, il n’a cessé d’osciller d’un extrême à l’autre.

D’un coté, le système des camps de travaux forcés a officiellement été fermé, de l’autre, les avocats chinois des droits de l’homme ont souvent été réduits au silence, en proie à des interventions policières brutales hors de tout cadre légal.

De ce fait, le flou perdure. Que peut-on espérer des mesures politiques du gouvernement central ? Le contrôle des forces de sécurité va-t-il simplement aboutir sur le fait que les Chinois ordinaires, sans penchants politiques, arrêtent d’en être les victimes ou peut-on envisager qu’il ira plus loin ? Va-t-il permettre, en d’autres termes, un traitement équitable de ceux qui souhaitent travailler pour des réformes judiciaires en profondeur ?

Le « Bureau anti-corruption »

Xi Jinping est actuellement en train d’élaborer un « Bureau anti-corruption », déclare la source. Cet organe fonctionnera au sein même du MSP (dont dépendent la police et les forces de sécurité). Il démarrera au plus tard en mars pour les deux grandes sessions annuelles du parlement. C’est probablement une personne très proche de Xi Jiping qui en aura la charge.

La source souligne qu’à l’heure actuelle, au sein du ministère, fonctionne déjà une équipe contre la corruption, qui a été établie en janvier 2016. Cette équipe envoie ses conclusions à la commission disciplinaire du Parti dirigée par Deng Weiping, dévoué à Xi Jiping.

Selon la source, ce Bureau anti-corruption qui n’est toujours pas en place rencontre déjà de fortes résistances et plusieurs chefs d’autres départements ont été renvoyés pour avoir montré leur réticence.

Li Tianxiao, un des principaux commentateurs politiques de la New Tang Dynasty Television (NTD TV), soutient le chef du gouvernement dans ses initiatives. Selon lui, Xi Jiping n’a pas d’autre choix. Il lui faut mettre en place ce bureau pour s’occuper efficacement de ceux qui refusent de tenir compte de ses appels à utiliser la loi convenablement et à rendre justice honnêtement. (NTD TV fait partie, comme ce journal, de l’Epoch Group Media)

Li Tianxiao déclare que de nombreux responsables de la sécurité se sont montrés récalcitrants envers Xi Jiping même après la mort (une bavure policière) très médiatisée de Lei Yang en 2016.

Lei Yang, un environnementaliste chinois, a brusquement été embarqué par la police alors qu’il se rendait à l’aéroport. Il est mort mystérieusement lors de sa garde à vue. La police a prétendu l’avoir fait arrêter dans le cadre d’une enquête sur un réseau de prostitution, une mince excuse qui n’a convaincu ni sa famille, ni ses amis, ni les observateurs.

Selon un rapport de Wu Qiang (un spécialiste des mouvements sociaux en Chine), Xi Jiping s’est alors proposé d’examiner publiquement l’affaire, qui était devenue un scandale national. Cependant les deux policiers de Pékin, parmi les cinq impliqués au total, qui furent ensuite arrêtés… ne sont jamais passés en jugement.

Tous ces évènements ont crispé la classe moyenne, car le cas de Lei Yang ressemblait à une injustice typique telle qu’elle frappe généralement les ouvriers ou les dissidents, mais non un citoyen modèle comme lui, qui avait terminé ses études dans une grande université et qui travaillait en relation avec le gouvernement dans le secteur de l’environnement.

Li Tianxiao affirme que Xi Jiping se doit « d’opérer » le MSP pour ne pas perdre le soutien populaire.

Grâce à sa campagne anti-corruption, il est apprécié des Chinois. Il semble avoir initié de véritables efforts pour endiguer les malversations administratives, nettoyer ses rivaux politiques et rétablir la loyauté des cadres du Parti.

L’enquête

La source (sans avoir voulu entrer dans les détails) prétend qu’un haut fonctionnaire du ministère a fait l’objet d’une enquête en janvier, aux alentours du  grand rassemblement annuel de la commission disciplinaire.

En examinant les communiqués officiels, on peut conclure qu’il s’agit probablement du vice-ministre de la Sécurité publique, Fu Zhenghua.

Dans l’univers codifié de la politique chinoise, la fréquence d’apparition en public est l’indice qui permet de mesurer la puissance d’un dignitaire de l’État.

Or, Fu Zhenghua et Li Wei (un autre adjoint du MSP, de rang inférieur), étaient tous les deux absents d’une importante réunion, le 9 janvier, où des décisions cruciales ont été prises.

D’autre part, en examinant les communiqués officiels on constate que Fu Zhenghua n’a participé qu’à deux événements depuis sa prise de fonctions en mai 2016. Par contre, d’autres membres transférés en même temps que lui ont été beaucoup plus actifs : Huang Ming, le numéro trois, a fait vingt-huit apparitions, tandis que Wang Xiaohong, le numéro neuf, une quinzaine.

Bien que Fu Zhenghua et Li Wei aient assisté à une réunion du ministère le 14 janvier, et que Fu Zhenghua ait partagé ses conclusions comme de coutume, on devine que leur fin est proche. Il arrive souvent qu’un responsable faisant l’objet d’une enquête continue à se rendre à quelques assemblées. Ensuite seulement vient l’heure de la dénonciation publique. Il en fut ainsi, pour l’ancien chef de la sécurité, Zhou Yongkang, dont Fu Zhenghua était autrefois un compère.

Après que Xi Jinping s’en soit pris à Zhou Yongkang, l’un des favoris de Jiang Zemin, Fu Zhenghua aurait changé de camps. Jiang Zemin maintenait toutefois une faction politique puissante opposée au chef de l’État et la manière dont Xi Jiping a accueilli l’allégeance de Fu Zhenghua n’a jamais été très claire.

Depuis sa prise de fonctions en 2012, Xi Jiping a réduit la prééminence de l’appareil juridique et disciplinaire au sein du gouvernement, probablement pour nettoyer jusqu’au bout l’influence de Zhou Yongkang.

De fait, le chef actuel de la Commission des affaires politiques et juridiques, l’organe décisionnel le plus important du gouvernement – autrefois dirigé par Zhou – ne fait pas parti du Comité permanent du Politburo et au moins dix-neuf hauts responsables de l’appareil juridique et disciplinaire ont été mis en examen pour corruption.

Mais Xi n’a pas encore consolidé son contrôle sur l’ensemble. Luo Yu (le fils du grand révolutionnaire Luo Ruiqing) connu pour avoir abandonné l’armée après les évènements du 4 juin, avait déclaré plus tôt pour Epoch Times que les injustices continuaient en Chine parce que le gouvernement fonctionnait encore comme autrefois, c’est à dire avec « le système de Zhou Yongkang, sans Zhou Yongkang ».

Xi Jinping projette une riposte en repoussant d’avantage les influences de la Commission des affaires politiques et juridiques.

D’autre part, il souhaite, semble-t-il, prouver sa sincérité en libérant symboliquement plusieurs personnes détenues pour leur croyance après le Nouvel An chinois (29 janvier). L’identité de ces personnes n’a pas encore été rendue publique.

Version originale: Xi Jinping Is Scrubbing the Chinese Regime’s Security Apparatus, Says Source

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