À quoi ressemble la Chine sans la politique de l’enfant unique 

26 juillet 2016 07:08 Mis à jour: 31 juillet 2016 18:54

Dans les années 1980, le comté de Rudong dans la province côtière du Jiangsu a été porté au pinacle pour son application stricte de la politique chinoise de l’enfant unique. Trois décennies plus tard, les habitants du comté payent le prix des efforts de contrôle de population du régime chinois.

Le comté de Rudong a été récemment mis en examen pour son accroissement négatif de la population durant 17 dernières années consécutives ainsi que pour le vieillissement rapide de sa population, selon un rapport du journal semi-officiel Beijing News publié le 29 mars. Les résidents du comté n’ont pas non plus adhéré aux mesures pronatalistes récemment instituées.

Au tournant du millénaire, les écoles de Rudong ont été contraintes de fermer leurs portes en raison du manque d’enfants – une enseignante de maternelle qui a assisté à la fermeture de son école a partagé qu’il y avait en 1999 au moins 5 maternelles, 7 écoles élémentaires et 5 collèges ; il n’y a maintenant plus que 3 maternelles, 1 école élémentaire et 1 collège.

Pendant ce temps, la fermeture de nombreuses écoles a permis leur réaménagement en maisons pour personnes âgées. Par exemple, les Appartements pour seniors de Binshan, la plus grande maison pour personnes âgées de Rudong, était auparavant l’école élémentaire Gangnan qui a fermé ses portes en 2012.

Les travailleurs âgés sont légions à Rudong. La vingtaine de conducteurs de tricycles travaillant dans une rue commerciale bondée en ville sont tous âgés de plus de 60 ans. Les travailleurs dans la cinquantaine sont qualifiés de « jeunes gens » sur un site de construction de la ville de Fengli.

La population biaisée de Rudong est due à son ancien statut de terrain d’essai pour les mesures de contrôle de population du régime. Dans les années 1950, les femmes avaient en moyenne 5 enfants dans le comté. Les mesures antinatalistes ont été introduites en 1963, et vingt ans plus tard, plus de 99,5 % des couples de Rudong n’ont qu’un enfant.

En 1986, le Conseil d’État du régime chinois a loué Rudong en qualifiant le comté « d’Unité Rouge du Planning Familial » et a décerné une médaille d’or au gouvernement local. Les autorités locales ont même érigé un monument pour commémorer cet accomplissement.

Néanmoins, « la récompense n’est plus glorieuse aujourd’hui, » a partagé au journal Beijing News, Pan Jinhuan, un ancien membre du Comité permanent du Parti.

Pan a ajouté que sa femme avait subi un avortement dans le quatrième mois de sa grossesse dans les années 1980 pour se conformer à la politique nationale de l’enfant unique, une décision qu’il « ne peut pas se permettre de regretter » s’il voulait garder son appartenance au Parti et son affectation politique.

Le 28 mars 2014, la province du Jiangsu a mis en œuvre une soi-disant « politique des deux enfants » après que des couples étant eux-mêmes des enfants uniques aient été autorisés à avoir un second enfant dans certaines parties de la Chine. Les autorités de Rudong sont passées à l’action et ont fait mettre des bannières comme : « Encourager le couple qualifié à avoir deux enfants pour que la population de Rudong puisse avoir un développement équilibré sur le long terme. » Le monument commémorant les réussites antinatalistes du comté a été silencieusement retiré.

Deux ans plus tard, l’accueil du relâchement sur le contrôle des naissances a été bien moins enthousiaste que ce qu’espéraient les autorités – moins de 1 % des familles de Rudong ont demandé à avoir un second enfant.

Pan, l’ancien fonctionnaire à la tête de Rudong, a une théorie sur pourquoi les habitants du comté ne peuvent pas faire la transition vers une Chine à deux enfants : « Avoir des enfants suit la loi de la nature, » a-t-il dit dans une interview pour Beijing News. « Pendant deux générations, les gens se sont habitués à l’idée de n’avoir qu’un enfant, et cette tendance ne peut pas facilement être inversée. Bien que la politique se soit soudainement détendue, il est difficile pour les gens de dépasser l’image d’une famille nucléaire à seulement trois membres. »

Sur le site de microblogging populaire en Chine Sina Weibo, les internautes chinois se sont montrés acerbes envers les politiques de planification familiale et leur héritage, aussi bien qu’envers la distinction du planning familial qui a été accordée au comté il y a 30 ans.

« Le monument que vous révérez est souillé du sang de nombreuses victimes. Vous pouvez érigez un monument et l’enlever par la suite, mais vous n’enlèverez pas le ressentiment dans le cœur des gens, » a écrit l’internaute chinois « Carbonizing » du Shaanxi.

« Ce n’est pas la question de si nous voulons avoir un second enfant. Pourquoi l’État a-t-il le droit d’interférer dans notre décision d’avoir des enfants, et combien ? » a ajouté « Qin Ke Qin Ke » du Hebei.

« Faire tomber le mur de Berlin » du Shaanxi se demande : « Qui devrait être tenu responsable de cette politique nationale erronée ? »

Version anglaise : This is What China Looks Like Without the One Child Policy—About the Same

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

EN CE MOMENT